Philippe Hudon en est à sa troisième saison avec les Tigres de Victoriaville.  Pour les amateurs de hockey junior, il est un joueur parmi tant d'autres dans la LHJMQ. Hudon vit toutefois une situation bien particulière. 

Alors qu'il avait 17 ans et qu'il jouait dans une école secondaire du Connecticut, il a été diagnostiqué d'un trouble obsessionnel-compulsif, communément appelé un TOC.

« Je n’étais juste plus capable de gérer toute ma vie sociale, ma vie d’hockeyeur et ma vie étudiante », confie l’attaquant de 20 ans.

Il y a plusieurs formes de TOC : l'obsession du doute, l'obsession sans compulsion de la pensée répétitive, l'obsession de se contaminer au contact d'objets, et celui qui afflige Hudon : l'obsession de la symétrie, de la précision et du rangement…

« Je ne pouvais plus gérer ma vie »

« Au début, au pire de mon trouble, je passais six heures et plus à ranger ma chambre, m’assurer que tout était à sa place », explique-t-il.

Hudon s'est senti désemparé ce jour de novembre 2010 lorsqu'au moment de passer un examen en histoire, il a constaté que sa vie était devenue insoutenable.

« J’avais étudié et étudié beaucoup, mais quand je suis arrivé au test, je ne me souvenais plus de rien. Un blanc complet. Tout ce à quoi je pensais c’était ma chambre, mon environnement. »

Il existe un certain tabou face aux maladies mentales. En fait, bien peu de gens en parlent, et surtout, bien peu comprennent vraiment ce qui se passe dans la tête de ceux qui comme Hudon sont atteints de ce phénomène psychologique.

« Je pense que depuis que j’ai été diagnostiqué avec le TOC, il n’y a pas grand’ monde qui ont été capable de comprendre ce qui se passait dans ma tête, incluant mes parents et mon frère.

Pour les coéquipiers et la direction des Tigres de Victoriaville, qui ont accueilli Hudon en novembre 2011, il y a eu une période d'ajustement.

« Il a été clair dès le début. Philippe était au courant de sa maladie. Il n’a pas essayé de cacher ça à personne. Il est ouvert et je pense que cela l’a aidé beaucoup », note l’entraîneur-chef des Tigres, Yanick Jean.

« J’ai eu des épisodes où je me disais que ça n’allait pas marcher ici, mais j’ai gardé ça pour moi-même et je n’ai pas pris personne pour un punching bag »

Aujourd'hui, Hudon compte sur une aide psychiatrique et sur une médication stable pour l'aider à vivre sa vie le plus normalement possible.

« Je suis spécial, mais pas le centre de l'univers »

« C’est mon problème, ce n’est pas le vôtre. Si vous voulez m’aider, vous savez quoi faire, je vous l’ai déjà dit. Si vous ne voulez pas m’aider, ne soyez simplement pas dans mes jambes. »

Hudon a beaucoup progressé depuis son diagnostic de TOC et pour lui il est clair que c'est à travers sa passion pour le hockey qu'il va réussir à se donner une meilleure vie.

« C’est comme si le filet qui contourne la glace était un capteur de rêves. Quand j’embarque, mes pensées restent derrière. C’est là que je suis complètement libre. »

Les droits professionnels d’Hudon appartiennent aux Red Wings de Detroit, qui l’ont réclamé au 145e rang lors de la séance de sélection de 2011. Parce qu’il a été repêché en provenance d’une école secondaire aux États-Unis, les Wings ont jusqu’en juin 2015 pour décider s’ils lui offriront ou non un contrat.