On attendait Nathan MacKinnon, Mikhail Grigorenko ou encore Jonathan Huberdeau, mais pas Josh Currie. Josh qui, dites-vous? Josh Currie.

Le meilleur marqueur de la LHJMQ, c'est lui. Avec 61 points au compteur (30 buts, 31 passes), l'attaquant du Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard détient deux longueurs d'avance sur son coéquipier Ben Duffy (59 points). MacKinnon (52) et Grigorenko (50) suivent non loin derrière.

Surpris? Currie l'est tout autant.

« Pour être franc, je ne m'y attendais pas du tout, admet-il au RDS.ca. Mon nom a surtout été associé à des missions défensives depuis mes débuts dans le circuit. Je n'ai pas l'habitude d'afficher de telles statistiques. »

Les chiffres sont là pour le prouver. À ses deux premières campagnes en carrière, Currie avait récolté 20 et 46 points. Premier joueur à atteindre le plateau des 30 buts, le capitaine du Rocket file cette année vers une saison de 119 points s'il maintient le rythme actuel.

Tout ce qu'il fallait à Currie était donc un nouveau mandat, assorti d'un compagnon de trio fait sur mesure pour le joueur originaire de Charlottetown.

« Après deux saisons complètes au sein de la même équipe, Ben (Duffy) et moi avons été réunis sur le même trio pour la première fois. Ç'a cliqué tout de suite », analyse Currie, auteur d'un tour du chapeau et d'une mention d'aide dès le premier match de la saison.

« Utilisé à toutes les sauces, Josh est employé de la même façon que l'an dernier. Il est juste mieux entouré », signale l'entraîneur-chef Gordie Dwyer, qui en est à sa deuxième campagne à la barre du Rocket, qui sera rebaptisé les Islanders de l'Île-du-Prince-Édouard dès l'an prochain.

À cinq contre cinq, sur le jeu de puissance, à court d'un homme, Currie est donc l'homme de confiance de son entraîneur et on comprend vite pourquoi.

Avec sept buts marqués en désavantage numérique, un sommet dans la LHJMQ, les équipes adverses ont intérêt à être sur leurs gardes chaque fois que le vétéran de 20 ans pose les patins sur la patinoire.

« Féroce compétiteur et travailleur acharné, Josh provoque énormément de chances de marquer », insiste Dwyer.

Une détermination qui, finalement, suscite l'intérêt de recruteurs de la LNH.

« C'est presque le jour et la nuit si on compare à l'an dernier. Ils l'ont à l'oeil », assure Dwyer.

À l'image des Philip-Michaël Devos, Yanni Gourde et Danick Gauthier, qui ont vu les portes de la Ligue américaine s'ouvrir récemment à eux après une dernière saison du tonnerre dans le circuit Courteau, Currie espère qu'il obtiendra sa chance.

« À 19 ans, Gauthier n'avait que 11 buts à sa fiche, avant de revenir l'an dernier à Saint John et en marquer 47. Ça lui a valu un contrat de trois ans avec le Lightning de Tampa Bay et le voilà maintenant dans la Ligue américaine. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l'imiter », estime Currie.


Une chose est sûre, Currie, première étoile de la dernière semaine dans la LHJMQ, ne passe pas inaperçu. Jusqu'à maintenant, trois clubs de la LNH ont approché son agent.

« Il y a trois semaines à peine, c'était la première fois que je m'entretenais avec un recruteur de la LNH. Ça fait du bien », confie Currie, qui a ajouté six points à sa fiche (2 buts, 4 passes), dimanche dernier face aux Sea Dogs de Saint John.

Atteindre la cible

Le brio de Currie, jumelé à celui de son comparse Ben Duffy et des gardiens Antoine Bibeau et Maxime Lagacé, n'est par ailleurs pas étranger à la mise à feu du Rocket cette saison.

« On est chanceux de pouvoir compter sur des vétérans qui connaissent des saisons aussi exceptionnelles », confirme Dwyer.

Après n'avoir signé que 19 victoires et conclu la dernière saison au tout dernier rang du classement général, le Rocket occupe actuellement le neuvième rang et une participation aux séries est à portée de mains.

Atteindre le deuxième tour éliminatoire ne serait également pas de refus pour le Rocket, ce qu'il n'a pas réussi depuis la campagne 2003-2004, la première de la concession à l'Île-du-Prince-Édouard.

« Le passé vient avec le territoire et je savais bien l'an dernier que j'héritais d'une équipe en reconstruction. On est peut-être un peu avance sur les prédictions des experts, mais le travail est loin d'être terminé », note Dwyer.

Dans une division comme celle des Maritimes, où chaque année semble s'élever une puissance de la Ligue, rivaliser n'est en effet jamais de tout repos pour une formation comme le Rocket. Après les Wildcats de Moncton et les Sea Dogs, c'est désormais au tour des Mooseheads de Halifax de semer la terreur dans le circuit Courteau.

« Depuis le début de ma carrière, on dirait que les meilleures équipes se retrouvent toujours dans notre division. Rivaliser avec elles est peut-être très difficile, mais ça nous permet de nous frotter souvent à l'élite et de nous défoncer en espérant grandir et un jour s'élever à ce niveau », relativise Currie.

Le jour où le club de l'Île-du-Prince-Édouard atteindra le sommet, Currie ne sera sans doute plus dans les parages. Il aura toutefois aidé le Rocket à se rapprocher de la cible, tout en faisant un pas de plus vers la sienne.

« Le hockey, c'est ma vie. Il est hors de question que ça s'arrête ici. »

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