Contre toute attente, l'Océanic de Rimouski disputera, à compter de ce soir, la série finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Après avoir successivement éliminé les Foreurs de Val-d'Or, l'Armada de Blainville-Boisbriand et les Mooseheads de Halifax, l'Océanic affrontera les champions en titre de la coupe du Président et de la coupe Memorial, les puissants Sea Dogs de Saint John.

Même si pratiquement personne ne donne la moindre chance à l'équipe de toute une région de remporter les grands honneurs, l'entraîneur-chef Serge Beausoleil ne se soucie guère des qu'en-dira-t-on. Mieux encore, il s'en inspire pour déjouer une fois de plus tous les pronostics.

« Il y a des gens qui ne croient pas en nous, mais nous n'avons aucun problème avec cela », a avoué Beausoleil lors d'un entretien téléphonique avec le RDS.ca plus tôt cette semaine. « Nous sommes une trentaine de fous qui y croyons et nous nous en allons avec cela. »

Par contre, l'entraîneur recrue n'est pas dupe. Il sait pertinemment que la tâche sera colossale, puisque les Sea Dogs n'ont subi qu'une seule défaite en 13 matchs depuis le début des séries éliminatoires. Ils avaient précédemment gagné 50 des 68 rencontres auxquelles ils ont participées en saison régulière.

« Les Sea Dogs forment la meilleure équipe junior au pays et ils comptent sur plusieurs joueurs étoiles », reconnaît Beausoleil. « C'est normal qu'ils soient favoris. Nous ne nous mettons pas la tête dans le sable. »

« Mais notre sport est merveilleux et c'est sur la patinoire que cela se décide. En partant de là, nous savons que nous devons être extrêmement responsables, parce qu'ils possèdent une attaque et des relances assassines. Nous devons continuer de jouer du hockey physique et très rapide. Du hockey de séries éliminatoires! »

Pour atteindre son objectif, le pilote sait qu'il pourra compter sur ses vétérans. L'attaquant Alex Belzile a inscrit 6 buts et récolté 15 passes en 17 matchs, tandis que le défenseur Jean-Philippe Mathieu totalise 12 points depuis le début des séries.

« Nos 20 ans (Belzile, Mathieu et Pierre-Luc Pelletier) sont évidemment les leaders de notre équipe et ils sont bien épaulés par des gars comme Jérôme Gauthier-Leduc », explique Beausoleil. « Dans le fond, les gars sont contents de jouer ensemble. Ils mordent à pleines dents à l'idée de poursuivre leur saison aussi tard dans l'année. »

La décision de ne pas échanger Gauthier-Leduc semble d'ailleurs être le fait marquant de la saison du club. Après avoir été l'objet d'un nombre incalculable de rumeurs, l'arrière à caractère offensif est finalement demeuré avec l'Océanic, qui s'est ensuite permis d'ajouter quelques éléments à sa formation.

« Lorsque nous avons vu comment le marché s'en allait et que les équipes dites acheteuses ne voulaient pas payer le prix que Gauthier-Leduc valait, nous nous sommes demandé pourquoi nous le garderions pas », précise Beausoleil. « Et lorsqu'il s'est avéré que Mathieu était disponible, nous savions qu'il ajouterait de la profondeur à notre défensive. »

« Philippe Boucher (le directeur général) a fait des transactions qui semblaient très surprenantes au départ, mais quand tu regardes cela avec du recul, nous n'avons aucunement hypothéqué l'avenir de l'équipe et nous nous retrouvons aujourd'hui en finale. »

Des mentors précieux

En réalisant tout le chemin parcouru depuis quelques mois seulement, le professeur d'histoire du Séminaire Saint-François de Saint-Augustin-de-Desmaures ne regrette nullement d'avoir mis sa carrière d'enseignant en veilleuse.

Celui qui était l'entraîneur-chef de l'équipe Midget AAA de l'école secondaire au cours des cinq dernières saisons ne cache pas que le défi était de taille lorsqu'il a décidé d'accepter l'offre de diriger l'Océanic.

« Je ne connaissais que 2 des 45 joueurs qui étaient présents au camp d'entraînement », avoue Beausoleil. « Mais dans les faits, le hockey reste le même peu importe le calibre. »

« Il s'agissait surtout d'apprivoiser les jeunes avec qui j'allais travailler et les accompagner dans leurs épreuves qui ne concernent pas toujours le hockey. Effectivement, cela faisait beaucoup de choses en même temps. »

Embauché par un directeur général qui en était également à ses premiers pas dans le circuit junior québécois, Beausoleil n'a jamais senti que son patron avait parfois de la difficulté à diriger le navire pendant la campagne.

« Un gars qui a joué pendant 17 saisons dans la Ligue nationale de hockey, côtoyé des vedettes de tout acabit et remporté la coupe Stanley, ce n'est jamais un handicap de travailler avec lui », explique-t-il. « Travailler tous les jours avec (l'entraîneur adjoint) Donald Dufresne, qui a gagné la coupe avec le Canadien en 1993, aussi. »

« Ce sont des bonshommes avec beaucoup de richesse et de profondeur qui veulent tout le temps donner et échanger. Il s'agit d'une formule qui génère une expérience positive. »

Beausoleil sera-t-il l'un des prochains entraîneurs-chefs québécois à diriger dans les rangs professionnels? Pour l'heure, Beausoleil risque fort de prolonger l'année sabbatique qu'il avait prise avant le début des classes au mois d'août dernier.