MONTRÉAL - Deux semaines après avoir exprimé leur désaccord concernant une proposition pratiquement similaire, les représentants des 18 équipes de la LHJMQ ont fait volte-face et ils ont adopté des sanctions plus sévères dans le dossier des bagarres.

Lors d'un vote par visioconférence, mercredi, une forte majorité des représentants ont accepté que tous joueurs impliqués dans un combat reçoivent une pénalité d'inconduite de dix minutes, en plus de la pénalité majeure de cinq minutes déjà décernée, à l'exception qu'un d'entre eux soit jugé instigateur ou agresseur.

De plus, une partie de suspension automatique sera décernée dès la troisième bagarre d'un joueur en cours de saison et chaque bagarre supplémentaire entraînera un match de suspension. La réglementation précédente stipulait qu'un joueur de la LHJMQ était suspendu un match à compter de la 11e bagarre.

Finalement, une bagarre planifiée entraînera deux matchs de suspension. Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a ajouté que les autres sanctions disciplinaires déjà en place depuis des années ont été maintenues.

La LHJMQ n'en est pas à ses premières tentatives pour abolir les bagarres ou pour leur attacher des sanctions plus sévères. En février, les représentants des 18 équipes s'étaient réunis à Montréal pour entre autres discuter de cette situation, mais le vote avait été reporté.

Il y a moins de deux semaines, deux propositions avaient été soumises dans lesquelles un joueur impliqué dans une bagarre aurait été chassé 15 minutes et il aurait été suspendu après son cinquième combat. Bizarrement, seulement 10 propriétaires avaient voté en faveur de ces modifications. Notons que pour adopter de nouveaux règlements, la LHJMQ a besoin d'un vote favorable de la part d'au moins 12 représentants sur 18.

« Je ne suis pas quelqu'un qui aime utiliser le mot abolition. Je regarde davantage la conséquence suivant une bagarre. Nous avons beaucoup travaillé sur les conséquences et nous avons eu beaucoup d'amélioration sur ce point depuis 2008, a fait savoir Courteau. Nous sommes convaincus que les nouveaux règlements qui viennent d'être adoptés vont réduire le nombre de bagarres dans la LHJMQ. »

Les chiffres appuient les dires du commissaire. Il y avait eu 702 bagarres dans la LHJMQ en 2004-2005 et le nombre s'est élevé à 137 pour la saison 2019-2020. Par ailleurs, il n'y a eu aucune bagarre dans 80 pour cent des matchs de la ligue lors de la dernière saison.

L'influence de la ministre?

Depuis les derniers mois, la ministre déléguée à l'Éducation, Isabelle Charest, a souvent commenté l'évolution du dossier. Lors des votes précédents, elle n'a pas caché sa déception à propos des résultats et elle l'a témoignée à quelques représentants des équipes.

Courteau a beau marteler que le plus récent vote en faveur de sanctions sévères n'a rien à voir avec les doléances de la ministre, force est d'admettre que la coïncidence fait sourciller. Surtout que les équipes québécoises de la LHJMQ étaient à la recherche d'une aide financière gouvernementale pour éponger les pertes causées par l'interdiction des spectateurs dans les arénas.

« C'est un élément très important pour nous. Quand la santé publique a pris connaissance de notre plan de retour au jeu, il était clair que nous pourrions commencer à jouer, mais à huis clos. Ça devenait important pour nous d'entreprendre des discussions avec les instances gouvernementales », a expliqué Courteau.

Le commissaire a cependant tenu à souligner qu'il avait entendu le message de la ministre, mais qu'aucune condition n'avait été liée à l'aide financière octroyée à la ligue.

« Le vote a été repris en ajoutant des réglementations afin de montrer à la ministre, mais aussi à nos joueurs, nos commanditaires et nos partisans, que nous regardons toujours ce que nous pouvons faire pour améliorer l'encadrement du joueur de hockey. C'est ce qu'on présente aujourd'hui », a mentionné Courteau, qui n'a pas voulu confirmer le nombre de représentants qui ont voté en faveur de ces modifications.

« Depuis le premier jour, la ministre a dit qu'elle n'allait rien imposer à la LHJMQ, mais qu'elle voulait que je continue à réduire le nombre de commotions cérébrales et à améliorer les conséquences à la suite d'une bagarre, a ajouté Courteau. Je lui ai donné ma parole que je travaillerais là-dessus. »

Les nouveaux règlements seront donc appliqués dès cette saison, qui s'amorcera le 2 octobre malgré la pandémie de COVID-19.

ContentId(3.1374448):Patrick Roy sur les bagarres au hockey : « Je pense qu'on va y arriver » (Le 5 à 7)
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Bagarres LHJMQ : une nouvelle réglementation