La série la plus intrigante
LHJMQ lundi, 18 mars 2013. 17:45 samedi, 14 déc. 2024. 23:38La première ronde des séries éliminatoires de LHJMQ offre quelques fois des confrontations inégales, mais celle entre les Huskies de Rouyn-Noranda et les Voltigeurs de Drummondville devrait combler les amateurs.
Grâce à une fin de saison régulière inspirée (sept victoires en 10 matchs), les Huskies de Rouyn-Noranda ont conservé l’utile huitième rang – et donc l’avantage de la patinoire – pour leur confrontation contre la troupe de Mario Duhamel.
Cet atout pourrait s’avérer crucial surtout que les hommes d’André Tourigny ont présenté un dossier perdant de 2-3-1-0 contre Drummondville cette saison.
« C’est très important surtout quand la série se prolonge, c’est là que ça prend tout son sens. Plus la série allonge, plus ça aide au niveau du transport, de la foule, des distractions… », a admis Tourigny en entrevue au RDS.ca.
Entraîneur d’expérience, Tourigny n’a pas attendu à la conclusion du dernier match de la saison régulière pour préparer son clan en vue des éliminatoires. Le travail a été entamé depuis longtemps sur le style de jeu et l’identité de l’équipe qui ne doit pas se transformer.
« On est une équipe axée sur la vitesse et la pression sur le porteur de la rondelle. On n’a pas le choix de jouer un style agressif. On sait aussi que la première ronde sera très difficile et les séries impliquant les quatre équipes au centre du classement ne sont pas évidentes à prédire », a avoué a raté les séries une seule fois en 10 saisons à la barre des Huskies.
Le succès des Huskies passera inévitablement par une production efficace des gros canons offensifs que sont notamment Sven Andrighetto, Jean-Sébastien Dea et Nikita Kucherov.
Ce dernier retrouve tout son enthousiasme dans sa voix quand on le questionne sur les possibilités éliminatoires de son équipe.
« Toutes les équipes peuvent causer des surprises. Nous allons travailler fort et nous rendre loin! », a clamé Kucherov dans son meilleur anglais.
Ses aspirations pourraient devenir réelles surtout s’il produit au sommet de ses capacités. Le talentueux attaquant russe n’a pas accaparé les discussions au sujet de la LHJMQ cette saison parce que son nom n’apparaît pas parmi les premiers marqueurs.
Par contre, il aurait mérité beaucoup plus de considération avec son imposante récolte de 63 points (29 buts et 34 aides) en seulement 33 parties! Son ratio de production se classe donc parmi l’élite du circuit à près de deux points par rencontre et Tourigny regrette un peu cet ombrage.
« C’est dommage. Il est définitivement un des meilleurs joueurs de la LHJMQ. Il passe également un peu inaperçu du fait qu’il n’a pas commencé l’année, mais nous sommes choyés d’avoir un joueur de sa qualité dans notre équipe », a souligné Tourigny qui a tenu de bons mots pour Andrighetto et Mathieu Brisebois notamment.
De son côté, Kucherov ne ressent pas de jalousie envers Jonathan Drouin et Nathan MacKinnon, qui ont attiré tous les regards.
« Ça ne me dérange pas. Ça ne fait pas longtemps que je suis ici et je suis déjà repêché (par Tampa Bay) donc c’est différent. Tout le monde parle d’eux, mais c’est correct », a convenu le gaucher.
Kucherov a surtout attiré l’attention quand il a été échangé par les Remparts en novembre en raison des limitations sur les joueurs européens.
Reconnaissant envers l’organisation de Québec et Patrick Roy, il convient que cette transaction est devenue bénéfique.
« Tout le monde m’aide avec les Huskies et c’est très utile. Ils me montrent comment je dois jouer dans tous les territoires et j’apprécie cela », a raconté Kucherov qui espère percer la formation du Lightning pour la prochaine campagne.
« Je me sens confortable à Rouyn-Noranda, mais c’était aussi le cas à Québec. Par contre, c’était difficile de ne pas toujours jouer à Québec, j’étais souvent au gymnase et je n’aime pas regarder mon équipe, je veux jouer », a enchaîné Kucherov, qui n’a pas ressenti d’amertume à voir évoluer Mikhail Grigorenko dans la LNH pour une partie de la saison contrairement à lui.
Un départ vers l’Amérique pour le bien de santé
Né à Maïkop, près de Sotchi dans le sud-ouest de la Russie, Kucherov a cependant grandi dans l’immense ville de Moscou dont la population dépasse les 10 millions d’habitants. Le contraste ne pourrait être plus marquant avec la petite contrée abitibienne.
« Ici (à Rouyn-Noranda), je me concentre seulement sur le hockey. C’est si petit comme ville et il n’y a rien à faire donc je reste à la maison, je mange bien et je pense au hockey, ce qui est bien », a confié celui qui a seulement reçu la visite de sa copine depuis son déménagement dans la région où les ressources naturelles sont reines.
« En fait, Québec représente aussi une petite ville à ses yeux. Il vient d’un autre monde complètement et ça lui permet de se concentrer sur le hockey », a argué son entraîneur.
Kucherov a justement décidé de quitter ce « monde » pour son bien-être. L’histoire remonte à la Série Subway de 2011 quand il s’est blessé à l’épaule droite. Une visite à l’hôpital a confirmé sa blessure, mais le médecin du programme de hockey russe a réfuté ce diagnostic pour l’inciter à participer aux Championnats mondiaux juniors de 2012 en Alberta.
« J’ai donc joué dans cet état, mais je n’étais pas bon. J’avais peur tout le temps et je leur ai dit que je ne pouvais pas jouer », a fait savoir Kucherov qui n’était pas au bout de ses peines.
« Ils ont crié après moi en m’insultant de façon méchante! Après quelques matchs en séries, je me suis fait frapper et j’avais encore des douleurs. J’ai décidé que c’était assez et que je ne jouerais plus là-bas. J’ai dit à mes parents que je voulais partir parce que personne ne m’aidait avec mon épaule. En discutant avec mon agent, nous avons décidé de choisir le Canada et Patrick Roy m’a beaucoup aidé pour venir ici », a développé celui qui admet devoir améliorer son travail défensif et ses capacités physiques.
Opéré durant l’été 2012, Kucherov s’est acclimaté au style nord-américain avec les Diables rouges et il affûte son jeu sous les ordres de Tourigny depuis quelques mois.
« La première chose que j’aime de lui, c’est qu’il veut tellement s’améliorer. Quand on lui demande de modifier certaines habitudes, il accepte tout de suite et il est facile à diriger. Il veut vraiment jouer dans la LNH et il est prêt à faire les sacrifices pour atteindre ce niveau », a indiqué l’entraîneur tout en faisant référence à ses déplacements en zone défensive.
Kucherov, qui est décrit comme un bon coéquipier ainsi qu’une personne émotive et bien attentionnée, devrait vivre sa prochaine étape dans Ligue américaine de hockey ou la LNH une fois la route éliminatoire complétée avec les Huskies.