Le 24 juin dernier, le Canadien a échangé les deux choix de deuxième ronde qu’il possédait lors de la séance de sélection de 2016 (les choix numéro 39 et 45) aux Blackhawks de Chicago en retour des services de l’attaquant Andrew Shaw. Loin de moi l’idée de remettre en cause cette transaction de Marc Bergevin qui visait à aller chercher un joueur de caractère qui pouvait aider son équipe maintenant et que les Hawks ne pouvaient plus se payer en raison de leur masse salariale.

Shaw pour deux choix de deuxième ronde, je peux très bien vivre avec cela!

La question qui me revient sans cesse depuis cet échange est la suivante : est-ce que Stan Bowman, le DG des Blackhawks, aurait accepté la transaction si le Canadien avait offert un choix de 2e ronde en 2016 et un autre en 2017 au lieu des deux deuxièmes choix de 2016? Je crois que oui considérant le fait qu’on devait se départir de celui qui porte maintenant le numéro 65 avec le Canadien.

C’est que voyez-vous, si le Canadien avait pu garder un de ses deux choix de deuxième ronde de cette année, il aurait pu réclamer l’excellent défenseur Samuel Girard des Cataractes de Shawinigan qui a finalement été choisi au 47e rang par les Predators de Nashville.

Vendredi soir dernier, j’étais à Shawinigan et il y avait une quarantaine de recruteurs de la LNH sur la passerelle de presse... Pas pour épier Girard puisqu'il est déjà réclamé! Mais plutôt pour surveiller un espoir de 2017, le Suisse Nico Hischier des Mooseheads de Halifax. Sauf qu’après 20 minutes de jeu, sur la passerelle, ce n’était pas Hischier le sujet de discussion. Il n’y en avait que pour Samuel Girard! Le défenseur de 18 ans venait de marquer deux buts et obtenir une mention d’aide dans une période où il a été tout simplement trop fort pour ses rivaux. Pas de blague, avec un peu de chance et sans un arrêt miraculeux du gardien adverse, il aurait pu terminer cet engagement avec cinq points.

Girard est spectaculaire, il a une vision du jeu comme on en voit rarement chez un jeune défenseur. L’entraîneur-chef Peter Laviolette des Predators de Nashville est tombé en amour avec lui pendant le camp de l’équipe au Tennessee au point de lui faire jouer deux matchs préparatoires et de le jumeler à P.K. Subban lors de l’un de ceux-ci. Girard est demeuré au camp de son équipe beaucoup plus longtemps que l’on ne le fait habituellement avec un choix de deuxième ronde; en d’autres mots, il a étonné avec son talent et ses habiletés qui font de lui un joueur spécial, peut-être un des plus spectaculaires de la LHJMQ en ce moment.

Girard, qui sera vraisemblablement le quart-arrière d’Équipe Canada junior au cours des deux prochaines années, a accumulé 11 points à ses quatre premiers matchs avec les Cats cette saison. L’an passé il a terminé la campagne avec 74 points en 67 matchs. Il y a fort à parier qu’il fera mieux cette année et s’approchera du cap des 100 points ce qu’aucun défenseur n’a fait dans la LHJMQ depuis 15 ans. Girard a aussi ajouté 22 points en 21 matchs à sa fiche lors des séries éliminatoires

Le numéro 94 des Cats faisait saliver les recruteurs québécois du Canadien Serge Boisvert et Donald Audette l’an dernier, mais la décision de troquer les deux choix de deuxième ronde aux Hawks n’était pas la leur. Si cet échange n’avait pas eu lieu, les deux auraient mis leur poing sur la table pour qu’on réclame Girard.

Au moment où Bergevin a troqué ses deux choix de deuxième ronde aux Hawks pour les services de Shaw, il ne savait pas que Girard serait encore disponible. Maintenant qu’on le sait, il est permis de se demander si on referait les choses différemment. Cela peut avoir l’air simpliste, mais Andrew Shaw pour un choix de deuxième ronde en 2016 et un autre en 2017 et Samuel Girard dans l’organisation du CH, j’achète cela n’importe quand. Je crois sincèrement que les Hawks auraient accepté aussi eux qui ont sélectionné les Américains Alex DeBrindcat et Chad Krys avec les deux choix du Canadien.

Privé de la chance de sélectionner Girard, le directeur du recrutement du CH Trevor Timmins s’est rabattu, en quatrième ronde, sur un défenseur similaire à lui avec sensiblement le même gabarit, mais à mon sens, et au sens de celui des recruteurs questionnés, beaucoup moins efficace soit Victor Mete des Knights de London.

Bien malin qui peut prédire ce que Samuel Girard deviendra comme joueur de hockey dans les prochaines années, mais il me semble que pour une organisation qui souhaite ajouter du sang québécois dans son équipe, la sélection du meilleur espoir originaire du Saguenay-Lac-St-Jean depuis des années se serait très bien inscrite dans ce processus.