MONTRÉAL – Les 18 clubs de la LHJMQ ont leur liste. Le Centre de soutien au recrutement (CSR) a la sienne. Quels sont les meilleurs espoirs disponibles en vue du prochain repêchage du circuit Courteau, dont la loterie a été présentée dans les studios de RDS? (NDLR  les Eagles ont obtenu le 1er choix en soirée mardi)

Pierre Cholette, directeur du CSR, a sa petite idée là-dessus.

« On est la seule organisation dans toute la ligue qui doit mettre public sa liste, donc ça implique une tonne de critiques, une tonne de commentaires. Ça fait partie de la job », raisonnait récemment l’ancien dépisteur en chef des Tigres de Victoriaville, qui a également agi à titre d’éclaireur pendant deux ans pour le compte de la Centrale de recrutement de la LNH avant de prendre les commandes du CSR en 2020.

« Toutes les équipes vont dire qu’elles ne regardent pas notre liste, ça fait partie de la game. Mais c’est drôle, je reçois des textos, des emails et des appels.. "Vous la sortez quand la liste?" »

Cholette, qui gravite dans le milieu depuis 25 ans, a publié le fruit du travail des 10 dépisteurs qu’il supervise mercredi dernier. Au sommet de ce classement règne le défenseur des Phénix du Collège Esther-Blondin Tomas Lavoie, tout juste devant le gardien des Gaulois de Saint-Hyacinthe Gabriel D’Aigle.

« La marche entre lui et D’Aigle n’est probablement pas si grande que ça, parce que ce qui est particulier cette année, c’est qu’on n’a aucune idée comment le repêchage va sortir. Ça va dépendre de qui est dans le boulier, ça va dépendre d’un paquet de facteurs. Je verrais D'Aigle sortir no 1 et je ne serais pas surpris du tout, du tout. Je verrais [Justin] Poirier sortir no 1 et je ne serais pas surpris non plus. Je pense que la majorité des équipes ont sensiblement les mêmes noms, mais pas dans le même ordre. »

Voici le top-5 du CSR, tel que vu par Cholette.

Tomas Lavoie
Défenseur droitier, Collège Esther-Blondin (M18 AAA)
31 mars 2006 |6 pi 3 po| 190 lb  

En 36 matchs avec les Phénix à sa première campagne dans la ligue M18 AAA, l’arrière a amassé 7 buts et 14 mentions d’aide, en plus d’afficher un différentiel de moins-4.

Analyse de Pierre Cholette : « C’est un défenseur à grand et gros gabarit, oui, mais il est très mobile. [...] C’est un jeune qui a un impact immédiat dans son équipe. Tu arrives à l’aréna et il te pète dans face. Tu n’as pas besoin d’attendre après une période ou deux pour dire : "Ouin, il est quand même pas pire". »

« C’est un jeune qui joue avec conviction. Tout ce qu’il fait, il le fait avec conviction, live or die. Il prend des décisions, il n’y a pas d’hésitation dans sa game. Ce qu’il fait, il s’applique à bien le faire. Plus on avançait dans la saison, plus confiant il était. À la fin, c’était comme un homme parmi les enfants. À ce point-là. »

« En termes de recruteurs, on dit de son plafond de développement que... sky is the limit. C’est incroyable. C’est vraiment un bon défenseur. »

À travailler : « Il est habile avec la rondelle et il a un bon lancer, mais Il faut qu’il prenne confiance, qu’il le décoche plus rapidement et plus souvent. Ça va venir avec le temps. »

Gabriel D’Aigle
Gardien, Saint-Hyacinthe (M18 AAA)
21 novembre 2006 |6 pi 3 po| 191 lb

Le portier de 16 ans a terminé la saison au deuxième rang pour le taux d’efficacité (,919) dans la ligue M18 AAA, n’étant devancé que par Samuel Saint-Hilaire (,934), qui est deux ans plus vieux. D’Aigle pourrait devenir le premier gardien sélectionné au tout premier rang depuis Maxime Daigneault en 2000.

PC : « Il a tout ce qu’il faut pour réussir. Il est grand, il est gros, il est athlétique, il est ultra rapide, et il est concentré. Toute la patente pour qu’il ait du succès, il l’a. Il lui faut juste du temps. Il faut qu’il goale, qu’il accumule des minutes et des minutes. »

« Dans les programmes d’Hockey Canada, on n’en a pas eu beaucoup de gardiens [du Québec] dans les dernières années. Lui, tout comme Tomas Lavoie, rentre là-dedans. Je suis déjà impliqué pour Hockey Canada, c’est moi qui s’occupe du Québec, et il est déjà [sur notre radar]. On est capable de projeter que pour les moins de 20 ans, par exemple, ce sont des gars qui vont se battre pour un poste. »

À travailler : « C’est un jeune très, très, très actif dans son but. Il est très concentré, mais il faut qu’il apprenne selon moi à se calmer un peu. Parce qu’un gardien de but, on entend souvent Stephane Waite le dire, il faut qu’il ait une présence rassurante pour ses coéquipiers. Il faut qu’il démontre qu’il est en plein contrôle, il faut qu’il demeure calme. »

« Ça se corrige, ce n’est vraiment rien d’alarmant. »

Sacha Boisvert
Centre gaucher, Mount Saint-Charles Academy (15’s)
17 mars 2006 |6 pi 1 po| 151 lb

L’attaquant originaire de Trois-Rivières est décidé depuis plusieurs années à poursuivre son développement aux États-Unis. Engagé envers les Lumberjacks de Muskegon de la USHL en vue de la prochaine campagne, Boisvert a amassé un impressionnant total de 51 buts et 43 passes en 56 matchs cette année à sa deuxième saison avec Mount Saint-Charles Academy, une institution du Rhode Island.

PC : « On n’a pas eu la chance de le voir jouer en personne durant l’hiver autant qu’on l’aurait souhaité. On s’est contenté de beaucoup de vidéos. Le questionnement qu’on avait dans son cas, c’était le calibre de jeu. Je pense que le M18 AAA du Québec, on dira ce qu’on voudra, ça demeure le calibre le plus élevé à l’intérieur de notre territoire et je crois que Sacha n’évoluait pas dans un calibre qui était aussi relevé.

« Quand il est arrivé à la Coupe LHJMQ, on savait que c’était un grand bonhomme, un grand centre gaucher qui patinait bien, avec de bonnes mains et une bonne vision. Ce qu’on avait hâte de voir, c’était une fois mélangé avec des joueurs de son niveau. Parce que selon nous, là-bas (à Mount Saint-Charles), ce n’était pas nécessairement des joueurs à son niveau. Le lundi, lors du premier match de la première journée, il en a arraché vraiment. Mais il a su s’adapter rapidement. Plus le match avançait, meilleur il était. Le lendemain, puis le vendredi, le samedi et le dimanche, c’était le meilleur attaquant sur la glace. Point. »

« C’est rare que tu vois un joueur de centre de ce gabarit aussi habile avec la rondelle et avec une bonne vision. C’est vraiment un bon package pour un joueur de centre. Il crée beaucoup de jeux, il est créatif avec la rondelle, il a un bon lancer, il patine bien, il est patient, il est calme, il ne panique pas. À notre avis, c’est vraiment le meilleur attaquant du repêchage. »

À travailler : « C’est un grand bonhomme, grand et mince à 6 pi 1 po et 150 quelques livres. Il est en pleine croissance. C’est sûr qu’en prenant de la masse musculaire, il va se renforcer. Son patin va être plus explosif, plus stable et plus fort. »

Justin Poirier
Attaquant droitier, Châteauguay (M18 AAA)
4 septembre 2006 |5 pi 6,5 po| 183 lb

L’attaquant des Grenadiers au conclu la saison au sommet du classement des meilleurs buteurs avec 33 réussites, auxquelles il a ajouté 16 passes, ce qui lui a permis de terminer 6e pointeur de la ligue M18 AAA. Son frère, le défenseur des Sea Dogs de Saint John Jérémie Poirier, a été un choix de 3e ronde des Flames de Calgary en 2020.

PC : « Justin, c’est un talent vraiment particulier. C’est un marqueur naturel. Pour avoir le talent d’un marqueur naturel, il faut que tu le développes, tu ne viens pas au monde de même avec ça. C’est probablement un jeune qui a dû lancer des milliers, puis des milliers et des milliers de rondelles dans sa vie. Il a un lancer des poignets extraordinaire, décoché vif et sans avertissement. Et ce n’est pas juste qu’il décoche des tirs vifs et précis, c’est qu’il sait exactement à quel moment les décocher. [...] C’est un shooter extraordinaire. »

« C’est dur à expliquer, mais c’est un attaquant de puissance de... 5 pi 6 po et demi! Il frappe comme un train. [...] Justin, c’est comme un tank. Il s’en va en ligne droite. Son patin est particulier, ce n’est pas le patineur le plus élégant, mais il avance vite. [...] Ce n’est pas un gars qui va entrer en zone offensive, freiner et couper vers l’intérieur pour prendre un lancer ou donner la rondelle. Non. Lui, c’est en ligne droite, et quand il se colle sur le défenseur, il va faire une toute petite feinte puis décocher un tir. »

À travailler : « Il va falloir qu’il apprenne à s’approcher du filet, un peu comme Cole Caufield l’a fait. Dans ces calibres-là (M18 AAA), tu peux scorer à partir de la ligne bleue et de la tête des cercles de mise en jeu. Quand t’arrives à un niveau supérieur, il faut que tu acceptes de te beurrer le nez un peu dans la boîte à beurre. »

Éliot L’Italien
Attaquant droitier, Séminaire Saint-François (M18 AAA)
23 mars 2006 |6 pi 1 po| 175 lb

En 39 rencontres avec le Blizzard la saison dernière, L’Italien a amassé 17 buts et 15 passes.

PC : « Éliot, c’est un autre gros et grand bonhomme. Il est fort physiquement, c’est un bon patineur et il a un bon sens du hockey. C’est une jeune qui est très responsable et qui est doté d’un excellent lancer des poignets. »

« Tu le prends, tu le fais jouer l’année prochaine et le coach va l’adorer parce qu’il fait tous les petits détails. Il gagne ses mises en jeu. Si tu ne le fais pas jouer au centre, il va bloquer des lancers, il va se servir de son physique, et son éthique de travail est exceptionnelle. Mais j’ai hâte de voir s’il va être capable à sa 2e ou 3e année à mettre des chiffres au tableau. »

« Les attaquants, je les classe pas mal en 3 ou 4 catégories. Pour moi, lui c’est un attaquant bon dans les deux sens de la patinoire, un peu comme Nathan Gaucher à Québec. Ce n’est pas nécessairement un gars qui est très offensif, mais c’est un gars qui va exceller sur 200 pieds. »

À travailler : « Quand il est au centre, il devient, ça peut paraître drôle à dire, trop responsable. Il va mettre de côté la partie offensive de sa game. Il va constamment être le troisième homme, autant en entrée ou sortie de zone. »

*La loterie du repêchage 2022 de la LHJMQ déterminera l’ordre des cinq premières sélections. Les Eagles du Cap-Breton ont le plus de chances de l’emporter (43%), devant les Tigres de Victoriaville (28 %), le Drakkar de Baie-Comeau (24 %) et les Saguenéens de Chicoutimi (5%)