Moins de 10 mois après avoir mené les Cataractes de Shawinigan à la conquête de la coupe Memorial, l’entraîneur Éric Veilleux a permis au Drakkar de Baie-Comeau de savourer un premier championnat de division depuis la saison 2002-03.

Dès son arrivée à la barre du navire de la Côte-Nord, Veilleux a décelé qu’il devait insuffler une dose de confiance à ce prometteur groupe de joueurs. Sa stratégie a fonctionné puisque sa nouvelle équipe a terminé au deuxième rang du classement en résistant aux avancées de l’Océanic de Rimouski.

«Quand j’ai accepté le poste, je ne connaissais pas les joueurs en profondeur. D’abord, il fallait apprendre à se connaître. Chaque entraîneur a sa propre façon de tâter le pouls, mais il fallait leur donner le temps de s’acclimater à moi et vice-versa. Bref, je n’avais pas trop de vision à part celle de leur donner confiance et leur montrer que tu peux te dépasser durant une saison de hockey», a raconté Veilleux dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca.

«J’étais content quand il a été embauché, il venait juste gagner la coupe Memorial. C’est quand même impressionnant de savoir cela. On savait aussi qu’il était un bon coach et on le respectait car il a gagné partout», a indiqué le capitaine Félix Girard qui apprécie la relation développée entre l’entraîneur et les joueurs.

L’an dernier, le Drakkar avait dû se contenter du 13e rang de la LHJMQ sous les ordres de Mario Pouliot. La progression s’est poursuivie avec l’ajout de quelques joueurs dont Petr Straka et Valentin Zykov qui ont dominé les pointeurs de l’équipe.

«Souvent, tu es meilleur que tu peux penser et c’est ce qui est arrivé. On a eu besoin d’une dizaine de matchs pour comprendre qu’il y avait une certaine façon de jouer pour gagner et ils ont adopté cela pour toute la saison», a poursuivi l’entraîneur de 41 ans.

Girard, qui dispute sa troisième saison dans l’uniforme du Drakkar, espérait une campagne semblable. Félix Girard

«C’est le fun de voir que c’est la concrétisation de tous les efforts déployés après avoir raté les séries il y a deux ans et avoir connu une deuxième moitié de saison ardue l’année dernière», a commenté le centre originaire de Cap-Rouge.

Le Drakkar s’est assuré à son dernier match de la saison du titre de la division grâce à un but de Raphaël Bussières avec 3 :10 à écouler face aux Voltigeurs de Drummondville. Heureux de cette réussite, les hommes de Veilleux gardent cependant le cap sur leur vrai objectif.

«C’était quelque chose que l’on visait sans trop en parler. Je pense que c’est un bel accomplissement parce qu’ils ont bien réagi dans une situation de pression en fin de calendrier et c’est un outil de plus à leur préparation pour les éliminatoires.»

«Mais les joueurs savent que les séries c’est comme une date de mariage! C’est une grosse journée, le moment que tout le monde attend. C’est plus là qu’il faut être prêt et se servir de tout notre bagage de la saison», a raconté Veilleux avec son langage imagé.

Retenir la leçon vécue à Shawinigan

Même s’il a procuré le championnat canadien aux Cataractes la saison passée, le parcours de Veilleux à Shawinigan a été parsemé d’embûches et il a survécu à des rumeurs de congédiement. L’élimination de sa troupe en deuxième ronde éliminatoire a représenté un creux qui s’est transformé en leçon.

«La seule chose qu’on peut faire, c’est se servir des moments plus difficiles. Mes joueurs sont au courant de ce que j’ai vécu l’an passé et ils savent qu’on a pu s’en sortir donc c’est tant mieux si ça peut leur donner confiance», a jugé Veilleux qui a effectué dimanche une rencontre avec sa troupe pour donner le ton en vue des séries.

L’expérience de Shawinigan a conforté Veilleux dans son style d’entraîneur alors que la conclusion satisfaisante l’a rassuré sur ses méthodes. Il s’est donc présenté à Baie-Comeau sans modifier son approche, mais sa personnalité plus près des joueurs était la bienvenue.

«Je n’ai rien changé dans mon travail, mais j’ai parlé à tous les joueurs avant le début de la saison et j’ai pris des notes sur leur opinion de ce qu’ils vont vécu la saison dernière. Mais je suis resté moi-même et l’ajustement principal était qu’ils devaient croire en eux», a rappelé l’élève de Bob Hartley.

Sans vouloir entrer dans le jeu des comparaisons, son capitaine admet que Veilleux possède une personnalité complètement différente à celle de Pouliot.

Veilleux est demeuré le même malgré un déménagement de sept heures vers le nord-est, mais il adopte plus que jamais une vision à court terme pour les séries.

«Mon objectif est simplement de gagner le premier match. Je n’ai pas le choix surtout avec ce qui est arrivé l’an passé. Des surprises arrivent chaque année, mais il faut vivre le moment présent et continuer dans la même veine que la saison régulière. L’important demeure de bien réagir dans les moments corsés et on a vécu de telles périodes cette saison», a-t-il confirmé.

«On s’est créé une certaine identité durant la saison ce qui nous a permis de gagner plusieurs matchs, mais on s’est aussi enfargé en déviant de cela», a noté l’intéressant interlocuteur.

Veilleux préfère d’ailleurs ne pas identifier les plus grands contributeurs aux succès de sa troupe parce que le collectif a fait la différence.

«On a beaucoup de profondeur, l’offensive peut venir de nos quatre trios et de la défense. On est stable et fiable en plus d’être une équipe physique», a décrit Girard à propos du groupe qui a cumulé 93 points malgré des blessures à Carl Gélinas, Maxim Lamarche, Straka, Bussières et lui.

De son côté, Veilleux vante surtout le désir de ses joueurs. Francis Desrosiers«On parle toujours de l’importance de l’esprit d’équipe et de l’éthique de travail; tous les entraîneurs recherchent cela. Honnêtement, c’est l’une des équipes les plus spéciales que j’ai dirigées à ce sujet et ça fait longtemps que je le dis.»

Cette faculté sera justement mise à rude épreuve en première ronde contre le Phoenix de Sherbrooke qui est reconnu pour son acharnement. 

«C’est un club patient qui joue très bien. Ils ont bâti quelque chose d’intéressant dès la première journée et ils ont utilisé cette fondation pour faire partie des séries et battre des équipes de premier plan. Ils misent sur cinq joueurs de 20 ans et l’un des bons gardiens (Jacob Gervais-Chouinard) de la ligue. Ce n’est pas pour rien que tous nos matchs, sauf le dernier, ont été serrés contre cette formation.»

Le seul point d’interrogation demeure devant le filet entre Francis Desrosiers et Philippe Cadorette. Veilleux continue d’entretenir le mystère alors que Desrosiers, qui possède une plus vaste expérience, a disputé la dernière rencontre, mais Cadorette a joué plus souvent cette saison et il a gagné l’avant-dernier match.