MONTRÉAL – Personne n’a jamais arrêté de cligner des yeux en tombant sur les statistiques de Noah Warren. Peut-être que ça sera le cas un jour. Insinuez le contraire, en tout cas, et le défenseur des Olympiques de Gatineau vous rappellera gentiment à l’ordre.

« J’essaie d’intégrer ça un peu plus dans mon jeu, faisait-il valoir lors de son récent passage au Centre Bell avec les plus beaux espoirs de la LHJMQ. C’est sûr que mon jeu défensif est plus avancé que mon côté offensif, mais je continue toujours de travailler là-dessus de jour en jour. Je pense que ça va venir. »

Ceux qui ont une opinion informée sur les capacités et le potentiel de Warren n’ont que faire de sa contribution en zone offensive. À sa deuxième saison dans le circuit Courteau, le géant de Saint-Jean-sur-le-Richelieu – il fait 6 pieds 5 pouces et est inscrit à un poids de 214 livres – est déjà considéré comme un pilier au sein de la brigade défensive des jeunes Olympiques. À 17 ans, son profil correspond en tous points à celui qu’avait voulu forger son entraîneur Louis Robitaille en sélectionnant l’ancien des Riverains du Collège Charles-Lemoyne au huitième rang au repêchage de 2020.

« La journée avant qu’on repêche Noah, je l’avais appelé pour lui demander comment il se voyait un jour dans la Ligue nationale et dans un rôle clé avec les Olympiques. C’est important de mettre les joueurs dans le bon moule, que le joueur reconnaisse ce qu’il sera au prochain niveau. Une fois que c’est fait, on peut travailler ensemble », explique Robitaille, qui avait décrit Warren comme son « plus beau projet » avant le début de la saison actuelle.  

« On a toujours établi qu’il fallait qu’il soit un défenseur difficile à affronter avec une bonne première passe, un gars qui se sert de son physique, qui est extrêmement mobile. Après ça, il fallait l’amener à être efficace dans un contexte de match. Souvent, c’est hors de la feuille de pointage. C’est un gros engagement de sa part. Ce n’est pas facile, tu arrives à 17 ans, tu es un espoir pour la Ligue nationale et tu n’es pas sur l’avantage numérique... Mais je lui donne crédit, il s’est abandonné et nous a fait confiance. On lui a vendu un plan et il a embarqué dedans. »

Warren est présentement cinquième au niveau des points parmi les défenseurs des Olympiques. Il en a 19 en 50 parties dont cinq en avantage numérique, une facette du jeu qui est réservée au jeune Tristan Luneau ou aux vétérans Isaac Belliveau et Olivier Boutin. En revanche, il a toute la confiance de Robitaille pour affronter certains des meilleurs trios de la Ligue. Spontanément, l’entraîneur donne en exemple des confrontations contre le trio de Joshua Roy, du Phoenix de Sherbrooke, pour illustrer l’aplomb de son poulain. 

Cette expérience s’est avérée fort payante cette semaine lorsqu'il a été enrôlé pour participer au match des meilleurs espoirs de la Ligue canadienne de hockey. En première période, il s’est signalé en livrant une percutante mise en échec sur Shane Wright, considéré par plusieurs comme le plus beau joyau du prochain repêchage de la LNH. Plus tard dans le match, il a fait payer le gros prix à Matthew Savoie, troisième meilleur espoir en Amérique du Nord selon la Centrale de recrutement de la LNH, pour une incursion vers le filet.

Ces deux extraits démontrent aussi que Warren, dont la mère est une ancienne nageuse de haut niveau et qui est l’aîné d’une famille de quatre grands sportifs, n’est pas qu’un simple cogneur. Il l’avait déjà prouvé avant la rencontre, lors des tests d’habileté auxquels devaient se soumettre les espoirs. Au sprint de 30 mètres sans rondelle, il a affiché le meilleur temps avec un chrono de 3,810 secondes, devançant de justesse l’attaquant des Remparts de Québec Nathan Gaucher. Au sprint de 30 mètres avec la rondelle, il s’est classé cinquième.

« Tu vois de la manière dont il se comporte, la qualité de son jeu, sa simplicité, son côté physique. C’est ça qui m’impressionne, nous disait Robitaille. Est-ce qu’il va perdre des batailles des fois contre un [joueur de] 20 ans? Oui. Ça va arriver au niveau professionnel, ça va arriver à 17 ans, à chaque année il va y en avoir des séquences comme ça. Mais quand tu le vois être en confiance face à son groupe d’âge, c’est ça qui me fait dire que ce gars-là est exceptionnel dans sa chaise. Il n’y en a pas beaucoup des défenseurs que j’ai vus avec son gabarit être aussi mobiles, aussi forts physiquement, être capables de contrôler un adversaire dans le coin. »

En janvier, le nom de Warren apparaissait au 49e rang de la compilation des meilleurs prospects nord-américains de la Centrale. La semaine qu’il vient de connaître risque d’avoir affecté positivement sa cote.  

« Je ne m’étais pas mis trop d’attentes cette année, disait-il avant de partir pour Kitchener. Je m’étais dit ok, je vais jouer de mon mieux et je verrai à la fin de l’année où je serai classé. C’est sûr que je ne peux pas vraiment dire que je ne regarde pas la liste. La famille, les amis m’en parlent tout le temps. C’est sûr que ça va être là et c’est quand même le fun de voir que je suis assez haut. Je pense que je suis bien classé et avec les efforts que je vais mettre, j’espère monter encore plus. »