MONTRÉAL – Comme il l’avait fait quelques mois après avoir été repêché, puis ensuite avant la relance de la première saison affectée par la pandémie, Samuel Poulin s’est présenté au camp d’entraînement des Penguins de Pittsburgh cette année avec l’objectif clair de faire sa place au sein de l'équipe.

Le choix de première ronde de l’organisation en 2019 a toutefois vite réalisé que les dés étaient probablement pipés et qu’il n’était peut-être pas inclus dans les plans immédiats de l'organisation.

« Je pense que leur idée était faite à 95%, estime le jeune attaquant en entrevue à RDS. Il aurait pu y avoir des nouveaux gars qui perçaient l’alignement, mais cette année le camp était tellement court. De la manière que c’était fait, il y avait un groupe avec des gars de l’équipe et un autre avec le "Taxi Squad" et les extras. On n’était pas vraiment mélangés tout le monde ensemble comme un camp habituel. Donc déjà là, tu voyais que leur idée était faite avec les gars de l’année passée. »

Lundi, deux jours avant le début officiel de la saison, Poulin a appris qu’il faisait partie des joueurs retranchés. Les dirigeants des Penguins lui ont expliqué qu’ils auraient pu le garder pour lui faire miroitier la possibilité de jouer quelques matchs au sein d’un quatrième trio, mais qu’ils jugeaient préférable, pour son développement, qu’il retourne empiler les minutes au niveau junior.

Le capitaine du Phoenix de Sherbrooke a reçu la nouvelle relativement positivement, d’une part parce qu’il fait confiance aux gens qui l’ont évalué et d’une autre parce qu’il sentait qu’il pouvait quitter avec le sentiment d’avoir bien fait les choses. Sa troisième expérience à Pittsburgh a été selon lui la plus convaincante.

« Honnêtement, je me sentais vraiment plus en confiance à ce camp-ci. Cet été, ça avait vraiment bien été, je me sentais bien, mais là on dirait que c’était encore mieux. À mon premier camp, mettons que je faisais des exercices avec les autres gars, on dirait que je voulais tout le temps passer la rondelle, je ne me faisais pas assez confiance. Là, je n’avais pas peur de prendre le tir, je ne me sentais pas aussi mal que les autres années. Ce sont des petites affaires de même qui ont aidé ma game en général. »

Des journalistes affectés à la couverture des Penguins ont aussi noté que Poulin s’était présenté au camp plus léger qu’à l’accoutumée. Le principal intéressé ne sait trop quoi en penser : il sait qu’il a été répertorié à 211 livres à ses plus récents tests physiques, mais n’a aucune idée de ce que le pèse-personne affichait à ses visites précédentes. En guise de référence, le site de la LHJMQ le classe à 213 livres. Chez Elite Prospect, il est à 214 livres.

« C’est quelque chose que j’avais en tête, être plus léger, précise-t-il. Je suis un gros bonhomme et j’ai tendance à prendre du poids assez facilement. C’est quelque chose que je regarde rigoureusement. Mon but, c’était peut-être plus de maintenir mon poids et m’assurer de ne pas trop monter. Dans le fond, si je suis plus léger que l’année passée, c’est une bonne affaire. C’est une des choses que les Penguins m’avaient mentionnées lors de mon premier camp, ils voulaient que je descende mon poids peu à peu. Je sais aussi que ça marche pour moi, je me sens mieux quand je suis léger. »

Bien entouré

Poulin a passé tout le camp d’entraînement avec les mêmes compagnons de trio, soit l’Estrien Frédérick Gaudreau et l’Américain Anthony Angello. Gaudreau et lui ne se connaissaient pas, mais ils partagent le même agent et avaient été mis en contact avant leur arrivée à Pittsburgh. Le vétéran de 27 ans s’est avéré un bon mentor pour son cadet.

Poulin ne manquait toutefois pas de compagnie dans son groupe d’âge. Une quantité impressionnante de Québécois avaient été convoqués en Pennsylvanie pour cette courte période d’audition. Pierre-Olivier Joseph et Nathan Légaré y étaient, tout comme les gardiens Alex D’Orio et Maxime Lagacé.

« Fred et Lagacé sont nouveaux dans l’organisation. Mais P.O., Nathan, D’Orio et moi, on avait déjà passé du temps ensemble dans les camps précédents et on s’entendait déjà super bien. La semaine avant le début de ce camp, on avait des pratiques et souvent on allait chercher à manger, on se faisait à manger chez quelqu’un et ça s’est poursuivi pendant le camp. On était tout le temps ensemble. On faisait nos affaires dans la journée et le soir on se regroupait dans la même chambre d’hôtel pour relaxer. On a passé du bon temps entre Québécois. »

Gaudreau, Joseph, D’Orio et Lagacé sont finalement parvenus à se tailler une place sur l’escouade de réservistes de l’équipe.

La fin à Sherbrooke?

Poulin, lui, est de retour au Québec. Il s’est placé en quarantaine au chalet familial dans les Laurentides, après quoi il devrait rejoindre son club junior pour la reprise des activités de la LHJMQ.

L’emploi du conditionnel est ici justifié par deux facteurs bien distincts. Il y a d’abord l’incertitude qui entoure la réouverture du calendrier du circuit Courteau. Dans les faits, tout doit repartir le 22 janvier dans une sélection d’environnements sécurisés. Mais serait-on vraiment surpris si tout ça tombait à l’eau en raison du contexte sanitaire? Poulin, sagement, semble se garder une porte ouverte pour le pire des scénarios.

L’autre question est de savoir la couleur de l’uniforme qu’il portera lorsque l’action reprendra. Plusieurs observateurs prennent pour acquis que le directeur général du Phoenix, Stéphane Julien, enverra son pilier sous d’autres cieux dans le but de préparer l’avenir de sa formation. Les vétérans Benjamin Tardif et Jaxon Bellamy ont déjà été sacrifiés en retour d’une collection de choix au repêchage au cours des dernières semaines.

« Je ne me suis pas fait dire grand-chose encore, je pense qu’ils attendent de voir ce qui va se passer avec la quarantaine, commente Poulin. J’ai vu qu’ils avaient échangé une couple de gars dernièrement, mais moi dans ma tête je retourne à Sherbrooke après ma quarantaine. S’il se passe quelque chose d’ici là, ils vont surement me le dire. »

Deuxième choix au total au repêchage de la LHJMQ en 2017, Poulin a amassé 204 points en 173 matchs de saison régulière avec le Phoenix. Il n’a jamais dépassé le deuxième tour des séries éliminatoires dans la LHJMQ. Son équipe était l’une des favorites pour tout rafler l’an dernier, mais la pandémie a forcé l’annulation du tournoi de fin de saison.

« C’est sûr que j’aimerais gagner. Je ne sais pas si leur plan c’est de vendre les joueurs de l’équipe ou d’y aller pour gagner. Ça va dépendre d’eux autres. Moi c’est sûr que mon but c’est de gagner pour ma dernière année junior », établit-il.