Par Nicolas Landry - Le rouleau compresseur des Cataractes de Shawinigan a complété sa deuxième mission avec distinction, vendredi soir, lançant du même coup un message clair à ses prochains adversaires.

Si votre route vers la coupe Memorial doit passer par la Mauricie, soyez prêts à payer le prix.

Charles-Olivier Roussel et Cédric Lalonde-McNicoll ont chacun amassé trois points, inscrivant les deux buts qui ont fait la différence, et les Cataractes ont signé une victoire convaincante de 5-2 devant une foule hostile de 3515 spectateurs au Centre Robert-Guertin, éliminant ainsi les favoris locaux en cinq rencontres.

"Ce n'était pas un match parfait, mais c'est une des bonnes rencontres que j'ai vu cette équipe disputer, a fièrement déclaré le pilote des Cataractes, Éric Veilleux, après la rencontre. Les gars semblaient bien concentrés sur l'objectif, ils étaient en mission. Ils ont suivi le plan de match à la lettre."

Sans vouloir revenir sur le passé, Veilleux a pris soin de rappeler que son équipe n'avait pas oublié l'affront subi lors des séries éliminatoires de 2008, alors que les Olympiques avaient écarté les Cataractes de leur chemin en cinq petites parties au premier tour.

"On n'était pas motivé par la vengeance, mais c'est certain qu'on avait cet échec en tête en venant ici. Les gars en avaient parlé un peu et ça fait du bien de sortir d'ici avec la victoire."

Les Cataractes peuvent maintenant se permettre de souffler un peu en attendant de connaître l'identité de leurs prochains rivaux, qui sera le gagnant de la série menée 3-2 par les Screaming Eagles du Cap-Breton sur les Remparts de Québec. Le sixième match de ce duel sera présenté lundi soir au Colisée Pepsi.

L'autre série finale de la LHJMQ opposera les Voltigeurs de Drummondville à l'Océanic de Rimouski, qui a éliminé les Wildcats de Moncton vendredi.

Les Cataractes ont pleinement profité de l'indiscipline de leurs rivaux, inscrivant trois buts en six supériorités numériques. C'est d'ailleurs lors d'une pénalité au défenseur Alain Goulet, au tout début du dernier tiers, que McNicoll a coupé le souffle aux Olympiques avec un but de toute beauté qui portait le pointage à 4-2.

Pierre-Alexandre Vandall et Maxime Macenauer ont marqué en première période tandis que Philippe Paradis a officiellement fermé les livres avec 4:41 à faire au match.

Les visiteurs ont quand même dû attendre la troisième période avant de faire leurs plans pour la fin de semaine, et pour ce petit désagrément ils n'ont qu'une personne à blâmer. Marc-Antoine Gélinas a encore une fois été sans reproche devant le filet des Olympiques, repoussant un total de 37 lancers. Il aura été bombardé de 192 rondelles en cinq matchs dans ce duel de deuxième ronde.

Chancelant en première période, au cours de laquelle il a donné deux buts sur quatre lancers, Timo Pielmeier s'est ressaisi au moment où les Olympiques se sont vus offrir l'occasion idéale de prendre le contrôle du match. Alors que les siens ont dû se défendre en désavantage numérique pendant 4:26 sans interruption en début de deuxième, l'Allemand - aidé par le travail exemplaire de ses défenseurs - a réalisé ses plus importants arrêts de la rencontre aux dépens de Yoan Pinette, Tye McGinn et Jean-Philip Chabot.

Pielmeier a fini le match avec 18 arrêts. McGinn et Christian Ouellet l'ont déjoué sur les quatre premiers lancers des Olympiques.

Effort exemplaire, résultats tardifs

Les Cataractes avaient profité de dix supériorités numériques pour dominer les Olympiques dans le quatrième match de la série. Les négligés ont été plus disciplinés à leur retour à la maison, mais peu importe : pendant les 20 premières minutes, les joueurs des Cataractes avaient l'air deux fois plus nombreux sur la surface glacée.

Vandall a ouvert la marque lors d'un jeu de puissance dès la deuxième minute de jeu quand le tir de la pointe de Roussel est apparu devant le filet après avoir raté la cible pour se frayer un chemin à travers la circulation lourde et jusque sur la palette de son bâton.

Dès la remise en jeu, les Cats ont envahi le territoire ennemi. Lorsqu'ils n'étaient pas les premiers sur la rondelle, leur acharnement dans les batailles le long des rampes leur permettait d'en reprendre possession avec une facilité presque gênante pour l'adversaire.

"Tout au long de la série, on a pratiqué un style de jeu intense et physique, a rappelé Veilleux. C'est de cette façon qu'il faut jouer dans les séries et on l'a fait."

Macenauer a doublé l'avance des siens moins de quatre minutes plus tard. Après avoir créé un revirement à la ligne bleue des Olympiques, il s'est présenté seul devant Gélinas qui, après avoir annulé une tentative similaire de Maxime Legault quelques instants auparavant, n'a pas eu autant de succès devant l'ancien des Huskies de Rouyn-Noranda.

Il a fallu une bourde des Cataractes pour réveiller les Olympiques - et leurs partisans. Profitant d'un cadeau de Roussel à l'entrée du territoire des Cataractes, Ouellet s'est pointé seul devant Pielmeier et l'a déjoué d'une belle feinte du côté de la mitaine pour inscrire son troisième des séries.

Moins de deux minutes plus tard, le rapide Paul Byron est entré en trombe en territoire adverse et a préparé un jeu que McGinn a complété en profitant d'une cage laissée ouverte par Pielmeier pour créer l'égalité.

Les Cataractes sont rentrés au vestiaire avec un avantage de 21-5 au chapitre des lancers.

Un mur devant Timo

Shawinigan a repris le contrôle du match dès la reprise des activités. Roussel revenait du banc de son équipe après avoir cassé son bâton quand, fraîchement arrivé dans l'enclave, il a accepté une passe de McNicoll avant de battre Gélinas d'un tir des poignets précis du côté de la mitaine.

Les Olympiques ont ensuite eu l'occasion idéale de prendre leur élan et de faire reculer leurs assaillants, les Cataractes écopant de trois pénalités mineures consécutives qui les ont forcés à se défendre à court d'un homme pendant près de trois minutes et pendant 1:36 à 5 contre 3. Mais les membres de la brigade défensive des Cataractes ont dressé un véritable mur devant leur filet. Dans quelques heures, le nombre d'ecchymoses sur leur corps meurtri pourra probablement servir à compter le nombre de chances de marquer qu'ils ont prévenues.

Mathieu Bolduc et Alex Grant ont bloqué chacun deux lancers sur la première vague de désavantage numérique, imités dans les minutes suivantes par Simon Lacroix et Dave Labrecque. Quand la rondelle finissait par se rendre à Pielmeier, celui-ci fermait la porte avec assurance. Le point tournant du match, selon l'entraîneur des Cataractes,

"Je ne sais pas combien de lancers on a bloqués sur cette séquence. Même Matthew Pistilli est allé se jeter devant un lancer d'Alain Goulet, qui a sans aucun doute un plomb digne de la Ligue nationale. Pour aller te mettre le toupet devant de tels tirs, il faut que tu veuilles gagner."

"La machine nous a mangés"

Dans le vestiaire des perdants, Jérôme Dupont ne pouvait que lever son chapeau à ses troupes, à qui il accordait un A+ pour l'effort.

"Les gars ont donné tout ce qu'ils avaient et c'est tout ce que je pouvais leur demander. Les Cataractes ont le potentiel pour aller jusqu'au bout et ce n'est pas gênant de perdre contre eux, même si c'est malheureux."

"On n'avait pas la même profondeur qu'eux, c'est ce qui a fait la différence, a analysé Dupont. C'est difficile de tenir son bout quand on est forcé de surtaxer nos meilleurs joueurs tandis qu'eux profitaient de deux bonnes unités sur l'avantage numérique et un désavantage numérique très efficace… La machine nous a mangés, tout simplement."