Chaque mardi, le RDS.ca vous offre Le Carnet LHJMQ, un assemblage des faits marquants du week-end précédent dans le circuit Courteau.

La fin du manège pour Mavrik Bourque

La réaction initiale de Mavrik Bourque a été la panique. Ensuite est venu le soulagement, puis se sont entremêlés dans un ordre plutôt vague le découragement, la rancœur et la reconnaissance.  

Les proverbiales montagnes russes d’émotions, ce manège emprunté par tant d’athlètes depuis leur introduction dans le jargon du sport de haut niveau, ont donné toute une ride au capitaine des Cataractes de Shawinigan au cours des derniers mois.

Bourque connaissait un solide début de saison quand une bête blessure à une épaule est venue freiner son élan par un soir d’octobre à Boisbriand. Tout de suite, on a spéculé sur les implications potentielles de cette malchance sur sa participation au camp de sélection d’Équipe Canada junior un mois et demi plus tard.

Un premier médecin lui a prédit une convalescence de quatre semaines. Un deuxième avis faisait plutôt état d’une période d’inactivité de huit semaines. Quand les réseaux sociaux ont apporté leur grain de sel à l’histoire, Bourque s’est mis à broyer du noir.

« C’est sorti sur Twitter que je serais absent pour deux mois avant même que j’aie eu des nouvelles. Ça ‘popait’ de partout. Ça, j’ai trouvé ça quand même très ordinaire, raconte Bourque en entrevue à RDS. Il y a une journée, je me souviens je rentrais à la maison et le verdict n’était pas encore clair, mais j’avais comme l’impression que j’allais rater ma chance. Je parlais avec mon agent, il me disait d’y aller une journée à la fois, mais dans ma tête j’étais vraiment démoralisé. Cette journée-là a été plus dure. »

Pour en avoir le cœur net, le choix de première ronde des Stars de Dallas est allé passer une semaine au Texas avec les médecins de l’équipe. Il est revenu au Québec avec un esprit aéré, et surtout, un échéancier clair et optimiste quant à sa son processus de guérison. « J’ai mis les bouchées doubles aussitôt que j’ai débarqué à Shawi », dit-il.

Vendredi dernier, cinq semaines exactement après être tombé au combat, Bourque était en uniforme pour le début d’un sprint de trois matchs en trois jours. Même si sa place au camp final d’ÉCJ lui avait déjà été confirmée quelques jours plus tôt, il a abordé cette séquence comme le début de l’audition, une première façon de dissiper les doutes et de faire comprendre aux décideurs de Hockey Canada qu’il était prêt à en découdre. 

« Tout le mois de novembre, j’y pensais, je me demandais si j’allais recevoir une invitation ou non. Au début, on pensait que si je revenais, c’était vraiment juste pour le début du camp. D’avoir la chance de jouer ces matchs et de montrer que j’étais de retour à 100%, que j’étais prêt à me battre pour une place dans l’équipe, c’était important pour moi. Et je pense que j’ai réussi à le faire. »

Bourque a récolté deux buts et deux aides dans une victoire de 6-2 contre les Voltigeurs de Drummondville. Le lendemain, il a contribué pour quatre passes dans un gain de 5-4 contre les Mooseheads de Halifax. Le troisième jour, il a sagement opté pour une journée de repos pendant que ses coéquipiers affrontaient le Phoenix de Sherbrooke. Son message était passé.

« Que j’aie joué 30 matchs ou que j’en aie joué dix, je pense que rendu là, tout le monde aura quelque chose à prouver, philosophe celui qui avait été retranché par Hockey Canada il y a un an. Avec mes dix matchs, j’ai gagné ma place au camp. Ça va maintenant être à moi de prouver que je mérite plus que ça, que j’ai ma place avec l’équipe. » 

Elliot Desnoyers : confiant et sans complexe

Bourque est l’un des dix choix de première ronde d’une équipe de la LNH parmi les 21 attaquants qui lutteront pour un poste à partir de jeudi à Calgary. Dans ce groupe bourré de talent, on note aussi la présence des jeunes surdoués Shane Wright et Connor Bedard, qui sont déjà considérés comme les favoris pour être les têtes d’affiche des encans de 2022 et 2023.

Le rang de sélection chez les professionnels a beau n’avoir aucune importance dans ce contexte, il peut être intimidant d’avoir à se mesurer à un tel assemblage de premiers de classe. C’est du moins ce qu’on serait porté à croire, mais Elliot Desnoyers, un choix de cinquième ronde des Flyers de Philadelphie en 2020, nous rappelle rapidement à l’ordre.

« Non, pas vraiment, corrige poliment le capitaine des Mooseheads de Halifax à l’autre bout du fil. Une équipe, ça comprend 12 ou 13 attaquants qui ont chacun leur rôle. Au final, [les dirigeants] vont prendre les gars avec qui ils vont pouvoir se projeter pour gagner le tournoi. Si je suis invité, c’est que je fais partie de ces gros noms-là. Je pense qu’ils devraient plus avoir peur de moi que moi j’ai peur d’eux. »

Cette belle confiance, Desnoyers la puise en partie dans sa présence au camp d’évaluation estival auquel il avait été convié en août. Même s’il se remettait alors d’une opération et qu’il n’était pas en mesure de patiner, l’état-major de la jeune sélection nationale lui avait réservé une place afin qu’il puisse se familiariser avec le programme. Là-bas, plutôt que d’angoisser à l’idée de faire du surplace pendant que les autres marquaient des points, le natif de Saint-Hyacinthe a ouvert ses yeux et ses oreilles et a emmagasiné tout ce que ses sens pouvaient capter.

« Dans un sens c’est vrai que c’était plate de voir les autres se mesurer entre eux et progresser sur la glace. Mais je suis allé là-bas en me disant que j’allais apprendre tout ce que je pouvais apprendre. J’étais comme une éponge en dehors de la glace. Et puis ça ne m’a pas empêché de regarder les pratiques, les matchs et de pouvoir m’imaginer à ce niveau-là. Et je n’avais pas de misère à voir qu’une fois que j’allais être à 100%, j’allais avoir ma place là. »

Desnoyers a ensuite complété sa candidature en connaissant un départ canon à Halifax. Dans les trois premières semaines du calendrier, il a connu deux matchs de cinq points. En novembre, il a traversé une séquence de neuf parties au cours desquelles il a noirci la feuille de pointage. Au moment de faire ses valises pour l’Alberta, il pointe au 11e rang du classement des compteurs de la LHJMQ avec 36 points en 23 matchs.

Mais il y a plus à son CV. Malgré son gabarit modeste (5 pieds 11 pouces, 176 livres), Desnoyers a du chien à revendre et la réputation de savoir laisser son ego de côté pour le bien du collectif. Son leadership nous a été vanté plus tôt cette saison par son entraîneur Sylvain Favreau. À ses côtés, le jeune de 17 ans Jordan Dumais connaît une saison du tonnerre et le vétéran Robert Orr est comme par magie sorti d’une longue léthargie.

« Moi les points en tant que tel, j’aime ça quand ça vient, mais ce n’est pas quelque chose qui va me driver, insiste Desnoyers. Je veux gagner des matchs et je vais tout faire pour l’équipe. J’applique tous les détails dans les trois zones et dans ma préparation à l’extérieur de la glace. Je pense que [les gens de Hockey Canada] vont aimer ça. »

La chance qu’attendait Cormier

À 18 ans, Lukas Cormier avait quitté sans regret l’entourage d’Équipe Canada junior au terme d’un camp de sélection dans lequel il jugeait avoir tout donné.

« C’est sûr que ce n’était pas la conclusion que je voulais, mais je me disais qu’il y avait encore l’année prochaine, se remémorait le défenseur néo-brunswickois lors d’un appel téléphonique lundi. Cette année, c’est ma dernière chance. C’est sûr que c’est une motivation de plus. »

La deuxième fois pourrait fort bien être la bonne pour le quart-arrière des Islanders de Charlottetown, le seul défenseur de la LHJMQ parmi les onze candidats à un poste à la ligne bleue d’ÉCJ cette année. Derrière le joyau du Canadien Kaiden Guhle et le tout premier choix au repêchage 2021 de la LNH, l’universitaire Owen Power, les certitudes sont peu nombreuses dans la V1 de la brigade unifoliée cette année.

L’un des deux seuls défenseurs invités qui mesurent moins de 6 pieds, Cormier se démarque par ses habiletés offensives au-dessus de la moyenne. Auteur de 54 points en seulement 39 matchs la saison dernière, l’espoir des Golden Knights de Vegas en a jusqu’ici cumulé 32 en 25 matchs. Seul Miguël Tourigny, de l’Armada de Blainville-Boisbriand, peut se vanter d’avoir fait mieux.

Cormier a amassé 13 de ses points en patrouillant le point d’appui du deuxième meilleur jeu de puissance du circuit Courteau. Aucun joueur n’a cadré plus de tirs au but que lui (117) depuis le début de la saison. Il domine aussi  la Ligue avec cinq buts gagnants.

« C’est sûr que je veux apporter de l’attaque, c’est une grosse partie de ma game. Mais je ne peux pas sacrifier mon jeu défensif non plus, réalise Cormier. Je pense que je me suis beaucoup amélioré là-dessus depuis l’année passée. Il faut juste que je montre que je suis capable de le faire contre les meilleurs. »

Plusieurs observateurs avertis croient en ses chances de le faire. Parmi eux, Corey Pronman et Scott Wheeler, les deux gourous d’Athlétique pour tout ce qui concerne les joueurs d’âge junior. Cormier a sa place dans le top-4 des deux journalistes en prévision de la prochaine édition du Mondial junior.

« C’est sûr que tout le monde discute sur le sujet et qu’il y a plein de différentes opinions, reconnaît Cormier. Mais ce n’est pas le bruit extérieur qui va prendre la décision. Il faut juste que je joue du mieux que je peux pour impressionner les entraineurs et les gars qui décident de la composition de l’équipe. »

Aux quatre coins de la « Q »

-Au total, cinq autres joueurs de la LHJMQ convoiteront une place au sein d’Équipe Canada junior. Du groupe, Hendrix Lapierre (Acadie-Bathurst) est probablement celui qui a les meilleures chances d’en décrocher une. Les autres sont Xavier Bourgault (Shawinigan), Zach Dean (Gatineau), William Dufour (Saint John) et Joshua Roy (Sherbrooke).

-Le capitaine des Remparts de Québec Théo Rochette a été ignoré par la sélection suisse en vue du Mondial junior. En entrevue au quotidien Blick, le directeur des équipes nationales helvètes, Lars Weibel, a expliqué que cette décision était liée au refus de Rochette de représenter son pays l’an dernier.

-Cinq représentants de la LHJMQ font pour l’instant partie de la formation provisoire de la Suisse : Attilio Biasca (Halifax), Lorenzo Canonica (Shawinigan), Louis Robin (Rimouski), Vincent Despont (Saint John) et Noah Patenaude (Saint John).

-Evgeny Sapelnikov, des Sea Dogs, représentera quant à lui la Biélorussie.

-Les Eagles du Cap-Breton ont accepté la démission surprise de l’entraîneur-chef Jake Grimes, qui a décidé de quitter l’équipe pour des raisons personnelles. Septième pilote de l’histoire des Eagles, Grimes avait succédé à Marc-André Dumont en juin 2019.

-Le Drakkar de Baie-Comeau connaît ses meilleurs moments de la saison. L’embarcation de la Côte-Nord a remporté ses cinq derniers matchs à domicile et six de ses huit derniers au total pour quitter la cave du classement général.

-De l’autre côté du fleuve, l’Océanic de Rimouski est en déroute. Le navire de Serge Beausoleil a perdu ses cinq dernières parties, séquence au cours de laquelle ses occupants n’ont marqué que sept buts.

-Le trio de l’heure dans la LHJMQ est à Victoriaville. Maxime Pellerin (4-2), Connor Frenette (2-4) et Tommy Couture (0-4) ont amassé 16 points en deux matchs en fin de semaine.

-Il y a aussi le feu à Shawinigan, où Xavier Bourgault et Olivier Nadeau ont conclu une séquence de trois matchs en autant de soirs avec respectivement neuf et sept points.

-Deux fois plutôt qu’une, Justin Robidas a donné la victoire aux Foreurs de Val-d’Or en prolongation le week-end dernier. Depuis qu’il a mis fin à une séquence de six matchs sans but, le capitaine abitibien revendique quatre réussites en cinq rencontres.

Dans vos oreilles

Au balado Sur la glace cette semaine, Stéphane Leroux s’est entretenu avec l’entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau Louis Robitaille, qui sera l’adjoint de Dave Cameron au prochain Mondial junior.

La citation de la semaine

« Ma qualité première sur la glace est mon lancer. J’ai la chance d’avoir d’excellents fabricants de jeu pour m’accompagner sur la glace. C’est certain que si j’arrive à me démarquer, ils vont me trouver. Si ça arrive, il y a de bonnes chances que ça se ramasse au fond du filet »

- Marshall Lessard au journal Le Citoyen de Val-d’Or. L’attaquant des Foreurs a marqué cinq buts sur neuf lancers à ses trois derniers matchs.