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Martin Bernard connaît trop bien le défi qui l’attend cette saison à la barre du Drakkar de Baie-Comeau : amorcer la métamorphose d’un club ayant conclu la dernière campagne au tout dernier rang du classement général.

Ça ne vous rappelle pas quelque chose?

En 2013-2014, Bernard se voyait en effet confié les rênes des Cataractes de Shawinigan, une équipe qui venait d’amasser que 37 points et de terminer la saison précédente au 17e et avant-dernier-rang.

« Le chemin, je le connais », assure l’entraîneur-chef de 40 ans à qui le Drakkar a remis son gouvernail en avril dernier en lui offrant un contrat de deux ans assorti d’une année d’option.

Pendant près de trois ans, Bernard a en effet bâti à Shawinigan les fondations d’un club aspirant aux grands honneurs. Sacrifié par le directeur général des Cataractes Martin Mondou alors que l’équipe occupait le deuxième rang du classement général à un mois des séries, Bernard n’a toutefois pu mener sa troupe à destination l’an dernier.

« Je savais qu’avec l’arrivée de 10 nouveaux joueurs après la période des transactions, une période d’adaptation de six à sept semaines allait être nécessaire. Je l’avais d’ailleurs signalé lors de mon congédiement et le temps m’a donné raison. L’équipe s’est replacée et a bien performé en se rendant jusqu’en finale. Je n’étais pas loin de la vérité », estime Bernard, qui a vu ses anciens protégés s’incliner en cinq matchs devant les puissants Huskies de Rouyn-Noranda.

« Ce noyau de joueurs-là, je l’ai élevé. Tu ne peux pas souhaiter de malheur à des joueurs avec qui tu as travaillé pendant trois ans et qui ont appliqué exactement ce que je leur avais enseigné. »

Jeune jeunesse

Après avoir veillé avec succès au développement des Anthony Beauvillier, Samuel Girard, Brandon Gignac, Gabriel Sylvestre, Dennis Yan et compagnie, Bernard mettra désormais son savoir au service de la jeune relève du Drakkar. L’équipe amorcera la prochaine campagne avec huit recrues dans ses rangs, soit quatre attaquants et autant de défenseurs.

Martin Bernard

Le tout premier choix de l’équipe au dernier repêchage de la LHJMQ, l’attaquant Gabriel Fortier (4e), est du nombre. Incommodé par une blessure à l’épaule droite, le frère de l’attaquant des Mooseheads de Halifax Maxime Fortier ne devrait toutefois faire ses qu’après la période des Fêtes, lui qui doit subir une opération.

« C’est une mauvaise nouvelle, mais c’est mieux que ça se fasse maintenant et qu’on règle le problème rapidement afin qu’il n’ait pu à jouer avec la crainte que son épaule pourrait lâcher », se console Bernard, qui a néanmoins pu voir Fortier à l’œuvre lors des séances d’entraînement sans contacts tenues au début du camp d’entraînement.

« Sa vitesse m’a vraiment impressionné. C’est un jeune qui patine bien et qui a une belle vision du jeu », signale Bernard au sujet de celui qui a amassé 18 buts et 29 passes en 41 matchs dans les rangs Midget AAA l’an dernier.

Sélectionné tout juste après Fortier au cinquième échelon, le défenseur de 16 ans Xavier Bouchard, fils de l’entraîneur-chef des Huskies Gilles Bouchard, sera quant à lui le plus jeune arrière au sein d’une brigade défensive qui fera également confiance à quatre joueurs de 17 ans.

« C’est un grand défenseur droitier (6 pi 1 po, 165 lb) avec énormément de potentiel. Il vient d’une famille de hockey, mais il demeure un jeune de 16 ans qui doit ajouter de la force physique à sa charpente. Pour ce qui est du reste, c’est un gars avec une bonne vision du jeu qui aime appuyer l’attaque et qui transporte bien la rondelle », décrit Bernard.

Repêché au 9e rang, l’attaquant Shawn Élément sera lui aussi en uniforme lors du lancement de la saison du Drakkar le 23 septembre face à l’Océanic de Rimouski. Reconnu pour son intensité et son jeu robuste, Élément est jusqu’à maintenant fidèle à sa réputation. « Il a la pédale au fond lors de chacune de ses présences depuis le début du camp » rapporte Bernard.

Un seul des quatre choix de première ronde de l’organisation au plus récent encan de sélection ne fera pas le saut cette année, soit l’attaquant Édouard St-Laurent (16e). Ne s’estimant pas encore prêt à graduer au niveau supérieur, celui-ci a décidé de jouer une autre saison avec les Commandeurs de Lévis dans les rangs Midget AAA.

Apprendre à la dure

Avec autant de recrues et de jeunes espoirs dans ses rangs, le Drakkar risque donc d’être étourdi certains soirs, et c’est très bien ainsi, relève Bernard.

« J’ai l’intention de faire jouer ces jeunes dans toutes les situations et pas seulement leur donner le rôle classique du joueur de 16 ans qu’on élève tranquillement pas vite. Avec Beauvillier et Gignac, j’ai connu un certain succès en les plaçant dans différentes conditions. Il y a des soirs où on va donc faire exprès pour les placer dans des situations plus difficiles pour qu’ils puissent grandir, apprendre et progresser plus rapidement. Puis, il y a d’autres soirs où il va falloir leur donner congé parce que la charge de travail sera très élevée. Une chose est sûre, ces jeunes-là doivent jouer », insiste Bernard.

Leurs statistiques en souffriront donc peut-être, mais l’entraîneur-chef vous prie de ne pas y attacher une importance démesurée.

« Parfois, il ne faut pas nécessairement se fier à leur première saison. Je me souviens de Beauvillier à 16 ans, on le plaçait dans toutes sortes de situations, si bien que par moments, il ne ramassait pas de points. Certains disaient alors que Shawinigan s’était trompé avec Beauvillier et qu’ils auraient dû ramasser Jérémy Roy. Mais cette année-là a été payante parce que dès la suivante, Anthony a explosé avec beaucoup de points (NDLR : de 33 à 94). »

Parmi les autres jeunes à qui Bernard et le Drakkar feront confiance figurent également deux nouveaux joueurs européens. Premier joueur sélectionné par une équipe de la LHJMQ au dernier repêchage européen de la LCH, Ivan Chekhovich est un joueur de centre qui a notamment représenté la Russie à la dernière Coupe Ivan Hlinka des moins de 18 ans.

Choisi en deuxième ronde, Daniil Kiselev est pour sa part un défenseur russe à caractère physique dont le jeu ressemblerait selon Bernard à celui de l’ancien des Voltigeurs de Drummondville Sergei Boikov.

« Ça demeure deux jeunes joueurs de 17 ans qui ne sont pas différents des autres. Sauf qu’en plus de devoir s’adapter à un nouveau niveau de jeu, ils ont à se familiariser avec une nouvelle langue et une surface de jeu plus petite », rappelle Bernard, qui se dit néanmoins enchanté par le coup de patin et le lancer des poignets de Chekhovich.

Pour entourer tout ce beau monde, Bernard comptera sur de jeunes vétérans comme Jordan Martel, D’Artagnan Joly et le gardien Antoine Samuel, mais aussi et surtout sur l’expérience de ces deux attaquants de 20 ans Vincent Deslauriers et Matt Jones.

« Ils vont prendre le heat certains soirs où ça va chauffer. [...] Il faut avant tout se concentrer sur l’éthique de travail et l’identité qu’on veut inculquer. Après ça, on se préoccupera des résultats. »

À force de répéter, ils viendront sans doute.

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