MONTRÉAL – Favoris, prétendants, puissance, équipe à battre... Serge Beausoleil les a tous entendus au fil des dernières semaines.

Si l’entraîneur-chef de l’Océanic de Rimouski assume le statut enviable qu’experts et observateurs confèrent à son équipe, il n’est pas question de rêvasser. On ne soulève pas de trophée au mois de septembre.

« Il y a encore plusieurs pages à écrire dans ce livre-là », prévient Beausoleil.

Et pour l’instant, le premier chapitre est loin de lui plaire.

C’est qu’en cinq affrontements hors-concours, l’Océanic n’a signé qu’un seul gain. Mais au-delà, des défaites, qui sont souvent reléguées au second plan lors du calendrier préparatoire, c’est une tout autre chose qui agace le patron.

Serge Beausoleil« On n’a pas les succès escomptés sur la patinoire et on se rend compte qu’il y a beaucoup de nos gars qui se préparent individuellement de peur de se blesser avant leurs camps professionnels. Je dois avouer que c’est un nuage qui plane au-dessus de nous, car avec huit gars qui s’apprêtent à quitter, ça ne donne pas la même ardeur au jeu. Au hockey, ça ne pardonne pas », déplore Beausoleil.

Au total, ce sont huit joueurs qui ne seront pas de la formation de l’Océanic le 12 septembre, alors que le club amorcera la 20e saison de son histoire en accueillant les Tigres de Victoriaville. De quoi perturber la préparation d’une équipe.

« Surtout quand des clubs professionnels nous font la demande de ne pas faire jouer des joueurs de peur qu’ils se blessent, se désole Beausoleil. C’est assez particulier, c’est la première fois que je reçois une demande de la sorte. Si tous les clubs nous faisaient cette demande, on ne pourrait pas jouer de matchs hors-concours. »

Des neuf joueurs de l’Océanic invités au départ par des équipes de la LNH, seuls Christopher Clapperton et Frédérik Gauthier n’ont pas encore joué la moindre minute de jeu. Opéré le 21 août pour soigner une légère déchirure à un ménisque externe, Clapperton a dû faire une croix sur le camp des Panthers de la Floride.

Incommodé par une contusion aux côtes lors du camp estival d’Équipe Canada Junior, Gauthier sera pour sa part du prochain camp d’entraînement des Maple Leafs de Toronto à compter du 13 septembre.

Pas évident de créer une certaine synergie sur la patinoire dans pareilles conditions.

« Ça retarde un peu les choses, concède Beausoleil. On aimerait déjà voir la sauce prendre, mais pour le moment, on va devoir s’armer de patience. »

Outre Gauthier, Vincent Dunn (choix des Sénateurs), et Michael Joly (invité par les Sabres) seront les autres attaquants qui participeront à des camps de LNH. Au sein de la brigade défensive, Samuel Morin (choix des Flyers), Jan Kostalek (choix des Jets), Loic Leduc (choix des Islanders) et Beau Rusk (invité par les Flyers) brilleront par leur absence, tout comme le gardien numéro un Philippe Desrosiers (choix des Stars).

Ce n’est donc qu’au retour de tout ce beau monde que l’Océanic pourra se consacrer pleinement à son nouvel ouvrage.

Mûrs pour le succès

Robuste, talentueuse et dotée d’une profondeur à faire des jaloux, la formation du Bas-Saint-Laurent arrive à pleine maturité.

Beau Rusk« On peut compter sur beaucoup de joueurs de 19 ans (10) et plusieurs d’entre eux sont dominants. On est bon à toutes les positions et on a beaucoup de profondeur. On va être dur à battre », estime l’attaquant de 20 ans Alexis Loiseau.

Du lot de vétérans, l’Océanic tablera notamment sur l’arrivée de Clapperton et Dunn, acquis au cours de la saison morte au moyen de transactions.

« Clapperton, c’est un compétiteur né qui embarque sur la glace pour gagner tout le temps. C’est un meneur d’hommes qui donne beaucoup de tempo à notre attaque », observe Beausoleil.

En Dunn, qui a conclu la dernière campagne avec quatre suspensions et 156 minutes de pénalité à son dossier, le cinquième plus haut total dans la LHJMQ, l’Océanic a certes ajouté un peu plus de chien à son alignement.

« J’aime les gars combatifs comme ça. Je sais qu’ils ne sont pas faciles à mener et que ce sont des gars avec de gros tempéraments, mais le jeu en vaut la chandelle », juge Beausoleil.

Vincent Dunn, c’est en effet bien plus que fougue et combativité. Malgré tout le temps passé à l’ombre en 2013-14, l’espoir des Sénateurs a trouvé le moyen de se hisser au troisième rang des meilleurs marqueurs des Olympiques de Gatineau avec 51 points.

« Vincent est ouvert à travailler sur le contrôle de ses émotions. C’est un gars extrêmement dominant sur la patinoire. Il a marqué 31 buts en 50 matchs l’an passé et est très difficile à déplacer de devant le filet en avantage numérique », renchérit l’entraîneur-chef au sujet de son protégé, qui a de nouveau été suspendu pour deux matchs au cours du calendrier préparatoire après avoir écopé d’une punition d’agresseur.

La suite logique?

Clapperton et Dunn se veulent donc deux ajouts de poids à une équipe qui a montré une fiche de 22-4 après la période de transactions l’an dernier (la meilleure du circuit Courteau), avant de conclure à deux petits points du Drakkar de Baie-Comeau, champion du calendrier régulier.

« C’est un beau défi qu’on nous considère comme des favoris, mais c’est juste qu’il n’y a pas encore un match de joué cette saison. On a tout à prouver et il ne faut pas seulement se fier à l’équipe qu’on a sur papier. Il va falloir montrer à chaque match qu’on est l’équipe à battre », raisonne Loiseau en bon vétéran.

L’élimination de l’équipe dès le deuxième tour au terme d’un septième match décidé en première période prolongation face à l’Armada de Blainville-Boisbriand le printemps dernier en est le cruel rappel.

« C’est une vérité incontournable que tu as bien beau avoir une excellente formation, si les blessures et la fatigue s’en mêlent, ou si l’équipe de l’autre côté démontre beaucoup de caractère, rien n’est acquis », note Beausoleil.

À l’Océanic maintenant d’écrire la conclusion rêvée.

« Si plusieurs équipes nous voient batailler parmi les favoris, c’est qu’on a sûrement beaucoup de chances », convient Beausoleil.