MONTRÉAL – Si vous croisez Alex Beaucage cet été, envoyez-lui la main et offrez-lui vos plus chaleureuses félicitations. Pourquoi? Vous avez l’embarras du choix.

1. Un premier contrat professionnel

C’est arrivé au lendemain de la qualification des Tigres de Victoriaville pour la finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Beaucage, un choix de troisième ronde de l’Avalanche du Colorado en 2019, avait jusqu’au 1er juin pour recevoir une offre de contrat du club qui détenait ses droits. Sans signature, il retournait sur le marché.

Nombre de ses compagnons de cuvée avaient paraphé leur premier contrat pro dans la dernière année. Le défenseur Gianni Fairbrother, qui a été sélectionné juste avant lui au 77e rang, a signé avec le Canadien le 1er mars tout comme le gardien des Islanders de Charlottetown Colten Ellis, le dernier choix de la troisième ronde en 2019. Maxence Guénette, un choix de septième ronde des Sénateurs d’Ottawa, a reçu cette récompense en avril. Jordan Spence, une sélection de quatrième ronde alors qu’il jouait pour les Wildcats de Moncton, s’est entendu avec les Kings de Los Angeles un an avant la date butoir, en juin 2020.

Beaucage, qui a marqué 57 buts en 85 matchs depuis sa sélection par l’Avalanche, a quant à lui dû attendre à la onzième heure.

La joie d'un premier contrat professionnel

« C’est un long processus, réalise-t-il aujourd’hui. Mon agent m’a toujours dit que les équipes ont différentes philosophies. Il y en a qui signent leurs joueurs rapidement. Je me rappelle que Pittsburgh avait signé [Nathan] Légaré et [Samuel] Poulin rapidement après leur premier camp. Mon agent m’avait dit que Colorado attendait plus à la fin des deux ans. Il m’avait toujours dit qu’ils avaient des bons mots à mon sujet et que ça allait sûrement se faire. Dans ma tête, j’étais confiant, mais c’est pas fait tant que c’est pas fait. Ça met toujours une certaine pression. Mais vers la fin, les échos étaient vraiment positifs et je savais que ça allait probablement se faire pendant les séries. C’est sûr que quand ça s’est fait, la pression est disparue. C’est le fun que ça soit fait. »

2. Des gros, gros buts

Le Trifluvien a célébré cette nouvelle étape de sa carrière dans le meilleur des contextes : une participation à la finale de la LHJMQ. Il a récolté au moins un point dans chacun des six matchs contre les Foreurs de Val-d’Or, dont deux buts mémorables qui lui vaudront des repas gratuits à vie dans la capitale des Bois-Francs.

Dans le troisième match de la série, les Tigres tiraient de l’arrière 3-0 avec moins de sept minutes à faire en troisième période quand une remontée mémorable s’est amorcée. Beaucage a préparé les buts de Nicolas Daigle et Shawn Element avant de lui-même créer l’égalité avec cinq secondes au cadran. Les Tigres l’ont éventuellement emporté en prolongation. L’entraîneur-chef des Foreurs, Daniel Renaud, allait plus tard identifier cette séquence folle comme le point tournant de la série.

Dans le sixième et décisif match, c’est Beaucage qui a donné à Victo le deuxième championnat de son histoire en marquant son dixième but des séries en deuxième période de prolongation.

« Je me rappelle que Nic Daigle a juste fait un tourniquet de l’arrière du filet. C’est drôle parce que dans la série contre Blainville, on avait fait la même chose, j’avais ramené la rondelle en avant et c’est lui qui avait marqué. Qu’on finisse ça quasiment sur le même jeu contre Val-d’Or, c’était comique. Je pensais que j’avais levé la rondelle, mais finalement j’ai regardé la vidéo et ça a l’air de juste passer entre les jambes du gardien. Mais c’est l’émotion, d’après moi j’en ai perdu des bouts! J’ai la vidéo sur mon cell, je pense que je l’ai écoutée 20, 30 fois. Quand les gars lancent leurs gants... j’en ai encore des frissons. »

3. Un autre championnat

Beaucage avait vécu la totale il y a deux ans. Juste avant d’être repêché dans la LNH, il avait remporté la coupe du Président et la coupe Memorial avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Pas mal, non?

Pour cette première conquête, le jeune franc-tireur s’alignait avec les grands favoris. Les Huskies comptaient déjà sur des vétérans comme Peter Abbandonato, Rafael Harvey-Pinard et Félix Bibeau quand ils sont notamment allés chercher Joel Teasdale et Noah Dobson pour leur assaut printanier. Ils avaient remporté 59 de leurs 68 matchs en saison et n’avaient perdu que quatre matchs en séries.

Le contexte était fort différent cette année. Beaucage était maintenant le vétéran qui avait été échangé à une équipe aspirant aux grands honneurs, mais il ne s’alignait plus pour les favoris. Cette distinction appartenait aux Foreurs, qui avaient tout misé sur cette saison 2021.

« On était confortable dans la position dans laquelle on était. Je crois que c’est surtout eux qui avaient une certaine pression. Nous, on savait qu’on était dans la même ligue qu’eux. On était les négligés, mais on savait que c’était très possible de le faire. C’était une grosse équipe, mais on ne voulait pas se laisser impressionner, on ne voulait pas les regarder jouer. On jouait un style travaillant, physique, avec du caractère. Eux, c’était peut-être plus une équipe talentueuse qui se basait là-dessus. C’était deux styles différents. On croyait vraiment à notre philosophie et quand on a gagné le premier match ça nous a mis en confiance. Ça nous a prouvé qu’on pouvait jouer avec eux. »

Le fait d’avoir déjoué les pronostics a rendu le triomphe encore plus savoureux.

« C’est spécial, c’est beaucoup d’émotions différentes. Je t’avouerais que la soirée qu’on a gagné, c’était difficile de réaliser l’ampleur de ce qu’on avait fait. Tout le monde savait que les Foreurs, c’était l’équipe à battre. Je ne veux pas dire que c’est l’équipe qui aurait nécessairement dû gagner la Coupe, mais c’est ça que tout le monde voyait. Fait que de les battre, ça a été vraiment spécial. »

4. Une nouvelle réputation : le « Foreurs Killer »

On vous disait que Beaucage ne sortirait peut-être plus jamais son porte-feuille dans les restos de Victo. Il risque aussi de se faire payer quelques breuvages lors de son prochain passage à Rouyn, où on ne rate pas une occasion de se réjouir des malheurs des voisins abitibiens.

Avant d’être échangé, en novembre, Beaucage était déjà entré dans la légende en transformant à lui seul un déficit de 4-1 en une victoire de 5-4 des Huskies contre les Foreurs. Son ancienne équipe a suivi et documenté ses récents exploits et ceux d’Alexis Arsenault, un autre ancien, sur ses plateformes numériques.

« On dirait qu’on est encore dans leur cœur là-bas. C’est super le fun de voir l’amour qu’ils ont pour nous sur les réseaux sociaux. »