Si ce n’était pas de la COVID-19 qui a stoppé tous les événements sportifs de la planète, on présenterait fort probablement ce soir les matchs numéros 4 des séries demi-finales de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Il y a fort à parier que le Phoenix de Sherbrooke, meilleure formation en saison régulière, ferait partie du carré d’as, et ce, pour la 1re fois de sa courte histoire de huit ans.

Le Phoenix avait l’avantage de jouer dans la plus faible des deux Associations cette année et, en principe, les deux premières rondes n’auraient été que formalité pour la troupe de Stéphane Julien, qui se dirigeait vers une saison de plus de 110 points avant l’arrêt des activités, le 12 mars dernier.

La ville de Sherbrooke a connu ses années de gloire avec les Castors lors de la fondation de la LHJMQ en 1969. Le duo Georges Guilbault/Ghislain Delage a procuré deux Coupes du Président aux partisans des Cantons de l’Est en 1975 et 1977. Les Castors ont aussi remporté une 3e Coupe du Président en 1982 avec André Boisvert comme entraîneur-chef. 

Après une éclipse de 10 ans, le hockey junior a eu une seconde vie à Sherbrooke de 1992 à 2003 avec les Faucons et le retour des Castors, mais il faut bien reconnaître que cette époque ne fut pas couronnée du même succès. 

Le Phoenix est de retour depuis maintenant huit ans et cette année a été rien de moins que la meilleure saison de toute l’histoire du hockey junior à Sherbooke en termes de pourcentage de victoires. Nul ne sait jusqu’où cette équipe aurait pu se rendre...

La finale de 1993

La dernière fois ou une équipe de Sherbrooke a atteint la grande finale de la LHJMQ, c’est justement la première édition des Faucons en 1992-1993. Cette équipe, déménagée de Trois-Rivières l’été précédent, avait terminé au 1er rang du classement général en vertu d’un dossier de 44-20-6. L’actuel directeur général du Phoenix, Jocelyn Thibault, était le gardien numéro un de cette équipe, même s’il n’avait que 17 ans. De son côté, l’actuel entraîneur-chef du Phoenix, Stéphane Julien, 18 ans à l’époque, était le général à la ligne bleue.

En ce 29 avril 2020, il s’agit donc du 27e anniversaire du match numéro deux de la finale de la Coupe du Président de 1993, un match qui a sonné le début de la fin pour la formation sherbrookoise. Ce soir-là, au vieux Colisée de Saint-Vincent-de-Paul, le Titan a pris une avance de 2-0 dans la finale (4 de 7) grâce à une victoire en prolongation sur un but de l’attaquant Dave Whittom. 

Acquis des Voltigeurs de Drummondville en début de saison, Whittom, une véritable petite peste à son époque, est à ce jour un des deux seuls joueurs de l’histoire de la LHJMQ à avoir inscrit deux buts en prolongation lors de la série finale (l’autre est Martins Karsums avec Moncton en 2006). Le trio que formait Whittom, avec Martin Lapointe et Éric Veilleux, était à son meilleur lors des situations de pression.         

Le Titan, dirigé par Bob Hartley, avait terminé 2e au classement général avant de devenir la première équipe à gagner la Coupe du Président en signant trois gains en prolongation lors des matchs 2, 4 et 5. Le match numéro trois s’était aussi réglé en prolongation, mais à l’avantage des Faucons. Pour l’histoire, Whittom avait aussi inscrit le but décisif en déjouant Thibault en surtemps lors du match numéro 5.

À l’exception du premier match de la série, tout à l’avantage du Titan, les quatre autres rencontres furent âprement disputées et, dans chacun des cas, le Titan est revenu de l’arrière pour signer des victoires.

Des formations pas piquées des vers

Il est vraiment incroyable de constater quand on jette un coup d’œil à la formation des deux équipes, 27 ans plus tard, comment plusieurs joueurs ou dirigeants sont aujourd’hui encore impliqués dans la LHJMQ et le hockey en général.

Chez le Titan Bob Hartley a connu une superbe carrière comme entraîneur dans la LNH en gagnant notamment la Coupe Stanley en 2001 avec l’Avalanche du Colorado. Il dirige toujours dans la KHL. 

Chez les joueurs, Martin Lapointe a disputé près de 1000 matchs dans la LNH et il fait aujourd’hui partie des lieutenants de Marc Bergevin avec le Canadien. Éric Veilleux a dirigé plus de 650 matchs dans la LHJMQ. Il est aujourd’hui l’un des adjoints de Benoît Groulx avec le Crunch de Syracuse de la Ligue américaine.    

Philippe Boucher, auteur du but gagnant du match numéro 4 en prolongation pour Laval, est l’actuel directeur général des Voltigeurs de Drummondville. Il a aussi joué 748 matchs dans la LNH et il a gagné la Coupe Stanley avec les Penguins de Pittsburgh en 2009. Enfin, trois autres joueurs du Titan ont vu leur fils évoluer dans la LHJMQ la saison dernière soit Jason Boudrias, Yanick Dubé et Marc Beaucage.           

Chez les Faucons outre Thibault et Julien, qui sont à la tête du Phoenix, Pascal Rhéaume faisait aussi partie de cette formation, lui qui a dirigé les Foreurs de Val-d’Or avant d’être congédié en février dernier.              

On ne saura jamais si le Phoenix et la ville de Sherbrooke auraient festoyé une conquête de la Coupe du Président le mois prochain mais chose certaine, pour les dirigeants de l’équipe Jocelyn Thibault et Stéphane Julien, c’était assurément l’occasion rêvée de faire oublier la finale de 1993...