MONTRÉAL – 5 septembre 2016.

Le congé de la fête du Travail tire à sa fin, et comme bon nombre de joueurs de la LHJMQ, Adam McCormick s’apprête à rejoindre son équipe pour la dernière portion du camp d’entraînement.

Repêché en troisième ronde du dernier repêchage du circuit Courteau par les Screaming Eagles du Cap-Breton, le défenseur de 16 ans originaire de Woodstock au Nouveau-Brunswick n’arrive toutefois pas à faire ses valises et à mettre le cap sur Sydney.

Trop dur.

C’est alors que le téléphone de  Marc-André Dumont sonne.

« Ma mère est malade, je pense que je ne reviendrai pas. Je veux rester près de ma famille, je suis inquiet pour elle. »

L’entraîneur-chef et directeur général des Screaming Eagles n’en savait alors rien. Après une discussion avec Audrey et Andrew, les parents d’Adam, Dumont apprend que la mère de son jeune protégé souffre d’une grave maladie pulmonaire depuis environ sept ans et qu’elle est en attente d’une transplantation de poumon.

« En conversant avec eux, je me suis rendu compte qu’ils préféraient qu’Adam poursuive son chemin au Cap-Breton », confie Dumont.

« J’y ai pensé beaucoup pour finalement réaliser que c’était la bonne décision à prendre pour la suite de ma carrière que d’aller vers l’avant, confirme McCormick au RDS.ca. Ça allait faire de moi à la fois une personne et un hockeyeur plus fort. »

Un choix déchirant que Dumont a validé au retour de sa recrue en Nouvelle-Écosse.

« Je lui ai dit la vérité. Quand un parent est malade, la dernière chose qu’il veut, c’est de compromettre les activités normales ou le futur de son enfant. Tu dois démontrer de la force et du caractère, ce qui donnera de la force à ta mère. Le meilleur service que tu peux lui rendre, c’est de lui montrer que tu as la force de jouer dans le junior majeur à 16 ans, d’être loin de la maison et de connaître du succès. »

Le support de Dumont et de l’organisation envers McCormick ne se résume toutefois pas qu’à ce discours. En plus de voir toutes les ressources de l’équipe et de la ligue être mises à sa disposition dans cette rude épreuve, McCormick a été invité par Dumont à faire campagne pour le don d’organes.

Le 6 octobre dernier, les Screaming Eagles publiaient sur les médias sociaux et le site YouTube une vidéo dans laquelle McCormick et Dumont racontent l’histoire de la famille McCormick et incitent le public à signer la carte de dons d’organes.

« Faire cette vidéo comptait beaucoup pour moi. C’était une bonne idée. Tout le support que nous recevons chez nous, et ici au Cap-Breton, me touche », résume timidement McCormick.

« Règle générale, il y a une forte proportion de la population en faveur du don de leurs organes à leur décès, mais la proportion des gens qui signent leur carte n’est pas la même », déplore Dumont.

Les statistiques de la Société canadienne de transplantation (SCT) à cet égard sont en effet saisissantes. Si 90 % des Canadiens se disent en faveur du don d’organes et de tissus humains, moins de 20 % d’entre eux ont signifié leur consentement.

Au Québec, il existe trois façons de le faire : signer le formulaire Consentement au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec; signer l’autocollant et l’apposer au dos de sa carte d’assurance maladie; inscrire son consentement au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec.

D’ici à ce que sa mère reçoive le coup de fil tant espéré, McCormick tâche de se concentrer sur ce qu’il contrôle. Plus jeune arrière d’une brigade défensive qui compte également trois recrues de 17 ans, McCormick a jusqu’à maintenant disputé quatre rencontres, glanant une passe et maintenant un différentiel de plus-1.

« C’est difficile par moments, et je ressens parfois le besoin de parler à mes parents, mais je suis habituellement bien concentré sur le hockey », estime-t-il.

« Il n’y a aucun doute qu’il est là, il joue de bons matchs. Il a probablement été la plus belle révélation de notre camp d’entraînement », atteste Dumont.

Un rendement et une détermination qu’il n’a pas tardé à récompenser en insérant McCormick dans la formation partante de l’équipe lors du tout premier match de la saison, le 23 septembre, face au Titan, devant ses nouveaux supporters, et surtout, ses plus fidèles.

 « Le fait que ma mère et toute ma famille aient été là pour l’occasion a fait en sorte que je me sente bien. »

Pour en savoir davantage sur le don d’organes, visitez le site internet de Transplant Québec.