La fiche de Samuel Blais sur le site de la LNH ne pourrait être plus brève.

- Ailier gauche

- Lance de la gauche

- 5 pieds 10 pouces

- 164 livres

- Né le 17 juin 1996

- 14 points (4 buts, 10 passes) en 25 matchs avec les Tigres de Victoriaville

C’est tout. Ne cherchez pas sa ville d’origine, Montmagny, elle n’y est pas.

Non répertorié par la Centrale de recrutement de la LNH, le Québécois a pourtant trouvé preneurs au 176e rang du repêchage, samedi à Philadelphie, alors que les Blues de St Louis ont fait de l’attaquant de 18 ans leur deuxième choix de la sixième ronde.

Affirmer que Blais sort de nulle part serait exagéré, mais le principal intéressé l’admet d’emblée, il ne l’avait pas vu venir.

 « Je n’avais même pas pensé aller à Philadelphie », confie Blais dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca.

Ce qu’il n’a pas fait, et on peut le comprendre. Après avoir amorcé la dernière campagne dans les rangs midget AAA avec les Commandeurs de Lévis pour finalement disputer que 25 rencontres dans la LHJMQ, les chances de Blais d’entendre son nom étaient pour le moins très minces.

C’est donc de son salon, avec un œil sur le téléviseur et un autre sur son fil Twitter, qu’il a appris aux côtés de ses proches qu’il avait déjoué les pronostics.

« Quand mon nom est sorti, on capotait, raconte-t-il. Je ne m’attendais vraiment pas à être repêché. C’est vraiment une surprise pour nous. »

Le directeur général des Tigres, Jérôme Mésonéro, lui, n’est pas tombé en bas de sa chaise lorsqu’il a vu son protégé faire un premier pas vers la LNH.

« Je suis probablement le gars le moins surpris. Je comprends que les gens le soient, car il n’était pas répertorié et son nom semble sortir de nulle part, mais connaissant son potentiel, je ne suis pas étonné de sa sélection. »

Un joueur spécial

Choix de huitième ronde des Tigres au repêchage de 2013, Blais avait suffisamment impressionné l’organisation durant le camp d’entraînement pour mériter un poste. Une sérieuse blessure à une épaule subie en août dernier lors d’un match hors-concours face à l’Océanic de Rimouski a cependant retardé les débuts de Blais dans le circuit Courteau.

« Il avait besoin de 8 à 12 semaines pour se remettre de sa blessure. On a donc décidé de le rétrograder dans les rangs midget AAA afin qu’il y fasse sa réadaptation et qu’il effectue un retour dans un calibre de jeu où il allait pouvoir reprendre confiance rapidement », explique Mésonéro.

C’est ainsi que Blais a pris le chemin de Lévis pour se joindre aux Commandeurs, la même équipe qui l’avait retranché un an plus tôt et contraint de s’exiler à Trois-Rivières pour évoluer avec les Estacades.

Une fois en santé, Blais a disputé 21 rencontres dans l’uniforme des Commandeurs, amassant au passage 12 buts et 23 mentions d’aide. Après un bref rappel de quatre matchs au début du mois de novembre, Blais était enfin prêt pour la LHJMQ à la fin décembre.

« Jérôme m’a appelé pour me dire que je finirais l’année à Victo », se souvient-il.

Dès son retour, face aux Cataractes de Shawinigan le 29 décembre, Blais inscrivait un but et deux passes à sa fiche.

« Il est revenu chez nous en pleine confiance, se remémore Mésonéro. Ce n’est pas compliqué, il fait des jeux sur la glace que d’autres ne sont pas capables de faire. Sa vision et ses habilités sont bien au-delà de la moyenne. »

Des aptitudes qui ont vite sauté aux yeux de Michel Picard, recruteur des Blues.

« Samuel est un joueur qui a été dur à voir jouer en raison de son temps de glace limité. Il évoluait sur un quatrième trio et ne jouait pas souvent, mais chaque fois que je l’ai vu, il est venu me chercher avec son sens du jeu, ses mains et ses beaux buts. »

N’empêche, convaincre ses patrons de repêcher un joueur qui n’a que 25 matchs du junior majeur à son actif n’a pas été aisé pour Picard. « Ç’a été très, très difficile, mais c’est un choix d’équipe. », convient-il.

« Michel a vu quelque chose de spécial en lui, tout comme nous d’ailleurs », renchérit Mésonéro.

Une casquette en attendant le chandail

Si les portes de la LNH s’entrouvrent pour Blais, ce dernier a cependant encore beaucoup de chemin à parcourir avant de cogner sur celles-ci.

« On va le guider au cours des trois prochaines années, mais ce sera à lui de nous montrer qu’il veut faire partie du show dans la LNH », relativise Picard.

« Comme tout le monde, je reconnais qu’il doit améliorer sa force physique et son coup de patin, mais s’il réussit, il n’y a aucun doute dans mon esprit qu’il aspire à la LNH », projette Mésonéro.

À sa première saison complète avec les Tigres l’an prochain, Blais sera donc appelé à démontrer toute l’étendue de son potentiel alors qu’il occupera un rôle de premier plan dans l’offensive des Tigres.

« Samuel n’a peut-être pas beaucoup de millage junior majeur, mais quand on jette un coup d’œil à son passé, on remarque qu’il a toujours été en mesure de performer (sic) sous la pression et les projecteurs », rappelle Mésonéro.

« Une grosse année m’attend », résume quant à lui Blais, qui quittera dimanche pour St Louis, où il prendra part à quelques séances d’entraînement organisées jusqu’au mercredi suivant par les Blues.

Près d’une semaine après avoir causé la surprise, Blais aura alors enfin l’occasion d’enfiler l’uniforme des Blues pour une toute première fois. D’ici là, il peut toujours se rabattre sur la casquette que s’est empressé de lui acheter son grand-père.