Mario Pouliot a réécrit le livre des records de la Ligue de hockey midget AAA du Québec. Voici un reportage écrit par Martin Bourassa, journaliste au Courrier de Saint-Hyacinthe, diffusé sur le site Internet : www.lecourrier.qc.ca

« Le passé n'est pas garant du futur, quelle trace allez-vous laisser ? » Telle est la devise placée bien en vue à l'entrée du vestiaire des Gaulois du Collège Antoine-Girouard, l'équipe de hockey de Saint-Hyacinthe dans la Ligue midget AAA du Québec.
Au fil des ans, cette devise est devenue une véritable obsession pour Mario Pouliot, l'entraîneur en chef de l'équipe depuis la saison 2000-2001.

Celui qui s'est forgé une réputation de gagnant n'est vraiment pas du genre à s'asseoir sur ses lauriers. Il est plutôt passé maître dans l'art de transmettre sa passion aux jeunes hockeyeurs de 15 et 16 ans et de former des équipes gagnantes.

Il suffit de jeter un coup d'oeil dans les hauteurs du stade Louis-Philippe-Gaucher, le domicile des Gaulois, pour s'en convaincre. Pas moins de neuf bannières soulignant différents titres remportés, dont trois championnats de séries éliminatoires, ont été hissées depuis qu'il dirige cette équipe de hockey.

À la barre des irréductibles Gaulois, son palmarès est assez éloquent merci.

En octobre, il est devenu l'entraîneur ayant remporté le plus de victoires en carrière dans l'histoire de la Ligue, avec 230. Et il en a même ajouté une douzaine depuis.

Mario Pouliot vient aussi au premier rang des entraîneurs en ce qui concerne le pourcentage de réussite (total de victoires vs défaites). Et il est à seulement une vingtaine de matches du second rang (353), en ce qui concerne le plus de parties dirigées derrière le banc des joueurs. Son secret? Le travail.

« Mon objectif n'est pas simplement de faire de mes gars de bons joueurs de hockey, je veux avant tout en faire de bonnes personnes, avec de belles valeurs, explique l'entraîneur. Je leur enseigne que les résultats viennent avec les efforts et le travail. Je ne suis pas reposant comme entraîneur. »

Pour son implication au niveau du hockey mineur, pour ses succès passés et récents et pour tout ce qu'il accomplit chaque saison sur et hors de la patinoire avec les jeunes hockeyeurs placés sous sa gouverne, Le Courrier de Saint-Hyacinthe et la Chambre de commerce et de l'industrie Les Maskoutains sont heureux de décerner le titre de personnalité du mois de décembre à Mario Pouliot.

Une vie de hockey

Né à Saint-Jean-Baptiste de Rouville, p'tit dernier d'une famille de cinq enfants, Mario Pouliot a grandi à Saint-Hyacinthe, près des locaux du Centre d'insémination artificielle du Québec (CIAQ) où travaillait son père à titre de responsable du troupeau. Enfant, il pratiquait tous les sports. Le hockey bien entendu, mais aussi le baseball et le golf. Pour gagner un peu d'argent de poche, il a longtemps été caddie au Club de golf privé de Saint-Hyacinthe, où il portait le sac de certains membres influents, dont Benoit Benoit et Roméo Chartier. Adolescent, Mario Pouliot a aussi travaillé à la boutique du pro de ce club réputé. Mais c'est sur la glace qu'il excellait.

Pas au point de rêver à une brillante carrière, mais assez pour faire son petit bonhomme de chemin dans le calibre AA au hockey mineur, comme défenseur, jusqu'au niveau junior B avec les puissants Maska Junior. Puis, sa vie a basculé à 17 ans.

C'est à cet âge qu'il a laissé ses études collégiales en comptabilité pour accepter un emploi à temps plein dans les laboratoires du CIAQ. Il y est encore 28 ans plus tard, à titre de préposé à l'expédition des semences. Et c'est aussi à 17 ans qu'il a commencé à faire ses premiers pas comme entraîneur au hockey mineur à titre d'adjoint de Pierre Lafleur au niveau pee-wee. Et il y est encore à l'âge de 45 ans.

« Je dois ma carrière aux gens du CIAQ qui m'ont toujours accommodé et accompagné là-dedans et à ma famille qui a accepté bien des sacrifices pour me permettre de vivre ma passion. J'ai une épouse et trois enfants compréhensifs, ils sont merveilleux. »

Travailleur acharné, il oeuvre de 30 à 35 heures par semaine au CIAQ et il en consacre tout autant aux Gaulois, se rendant à l'aréna tous les jours de 15 h à 19 h 30.

Le week-end, son équipe jouant habituellement deux matches dont un sur la route, il passe la majeure partie de son temps à l'aréna, sa deuxième résidence, à préparer son plan de match, ses prochains entraînements ou à planifier les déplacements à venir.

Du hockey, Mario Pouliot en mange à l'année. Quand il n'est pas sur la glace ou derrière un banc, il est dans les gradins à épier la relève de demain afin de préparer les prochains repêchages. C'est un vrai maniaque.

Du Laser aux Gaulois

En tant qu'entraîneur, Mario Pouliot a dirigé des équipes à tous les niveaux, mais c'est avec le défunt Laser de Saint-Hyacinthe, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, qu'il s'est fait un nom. Après avoir agi comme dépisteur de l'équipe aux côtés de Gaétan Pion, il a été l'adjoint de Normand Flynn pendant trois saisons.

Il s'est joint aux Gaulois en 1996 avec l'entrée en scène de cette équipe dans la Ligue midget AAA, à titre d'adjoint à l'entraîneur Simon Désautels.

Il lui succédera quatre années plus tard. Et les succès ne se feront pas attendre.

Mario Pouliot connaîtra une saison de rêve en 2002-2003 en menant son équipe jusqu'à la grande finale de la Coupe Air Canada, regroupant les meilleures équipes au pays.

« Je n'ai pas beaucoup de regrets dans la vie, mais si je pouvais rejouer un match ce serait cette finale que nous avons perdue 5-1. C'était 1 à 1 après la deuxième quand tout s'est écroulé. « Ça continue de me hanter. »

Par ailleurs, il est en paix avec sa carrière, lui qui n'a jamais eu la chance de faire ses preuves à titre d'entraîneur en chef dans la LHJMQ. Il a passé trois ou quatre entrevues, mais n'a jamais reçu l'appel qu'il a longtemps espéré.

« Il commence à se faire tard, dit-il, mais je n'étais pas prêt à faire le saut à n'importe quel prix et surtout pas pour tirer le diable par la queue. Je pense aussi que ma personnalité a pu faire peur à quelques équipes. J'ai la réputation d'être dur et de prendre trop de place, mais je n'aime pas les demi-mesures. Je suis perfectionniste. »

En plus de diriger d'excellents joueurs dont certains - Christopher Letang, Maxime Talbot et le Maskoutain Bruno Gervais - jouent dans la Ligue nationale de hockey ou frappent à la porte des ligues professionnelles, il a eu le grand bonheur de pouvoir diriger son propre fils chez Les Gaulois. Raphaël évolue cette saison dans un high school américain et est courtisé par quelques universités américaines.

Sans dire qu'il s'agit d'un pied de nez à la LHJMQ, Mario Pouliot considère comme plusieurs que le hockey au Québec est mur pour une profonde réflexion.

« On dilue le talent, il y a trop d'équipes dans la LHJMQ et au niveau midget et pas assez de ressources consacrées au développement des joueurs. Le hockey mineur souffre aussi d'un gros déficit au niveau de l'encadrement. « Ça me surprend à chaque fois de constater à quel point mes nouveaux joueurs ont des choses à apprendre. »

Son souhait pour la prochaine année? Que sa saison se prolonge jusqu'au printemps et que les Maskoutains se déplacent nombreux pour encourager son équipe.

Source : www.lecourrier.qc.ca/nouvelle/10808/
Texte de Martin Bourassa et photo de Rober Gosselin