Retour sur la Coupe Canada 2001
M18 AAA mardi, 25 avr. 2017. 00:38 jeudi, 12 déc. 2024. 16:58Le voyage en autobus n’avait rien de particulier, mais il a été mémorable, probablement comme la plupart des voyages dans le « poumon d’acier » pour tout jeune de 16 ans qui se rend dans une autre ville canadienne.
En 2001, après que ses Royals de Calgary eurent remporté le championnat de la Ligue de hockey midget de l’Alberta (AMHL) et le championnat de la région du Pacifique, Brett Pilkington se préparait pour la prochaine étape à Prince George, C.-B., où se tenait le championnat national midget du Canada, la Coupe Air Canada.
« Nous sommes montés dans l’autobus à Calgary et nous avons pris la route », se souvient Pilkington, maintenant âgé de 33 ans. « Nous sommes arrêtés pour manger, puis nous nous sommes enfoncés dans la forêt. Cela a semblé prendre une éternité. Je me souviens de m’être dit “Où diable sommes-nous ?” Puis soudainement, vous quittez la forêt et vous êtes à Prince George. »
Pour Steve Bernier, le voyage vers le nord de la Colombie-Britannique a été semblable en ce qui a trait à l’incertitude, mais complètement différent du point de vue culturel.
Après avoir remporté la Ligue de hockey midget AAA du Québec (LHMAAAQ) et s’être automatiquement classés comme représentants du Québec en tant que champions de la LHMAAAQ, les Gouverneurs de Sainte-Foy ont entrepris le tournoi avec un peu d’appréhension.
Ils étaient jeunes, la plupart avaient 15 ans, et ils allaient participer à un événement habituellement dominé par des joueurs un ou deux ans plus vieux qu’eux, et en plus, le groupe de jeunes de Québec ne parlait pas beaucoup anglais.
En fait, selon Bernier, un seul d’entre eux, Dominic Deblois, était bilingue. Son père, Lucien Deblois, a joué pendant 15 saisons dans la Ligue nationale de hockey avec New York, Winnipeg, Montréal, Colorado et Toronto.
« À l’époque, nous ne parlions pas beaucoup anglais et nous nous sentions assez loin de chez nous », dit Bernier, 32 ans, maintenant un avant auprès des Sound Tigers de Bridgeport de l’AHL, l’équipe-école des Islanders de New York.
« Mais pour moi, c’est comme si c’était hier. Je me souviens d’être allé à Prince George en avion. À 15 ans, c’est toujours spécial de prendre l’avion. Lorsque nous sommes arrivés, c’était bien organisé et l’aréna était très beau. »
Les cinq équipes championnes régionales et les hôtes, les Cougars de Prince George, ont amorcé le tournoi de 2011 et les Royals ont dominé la ronde préliminaire avec une fiche de 4-1, incluant une victoire de 5-2 sur Sainte-Foy.
Les deux formations se sont qualifiées pour la ronde éliminatoire et elles ont facilement accédé au match pour la médaille d’or grâce à des victoires convaincantes en demi-finales. Calgary a blanchi les Young Nationals de Toronto 6-0 et Sainte-Foy a écrasé les Subways de Dartmouth 10-1.
La table était mise pour un affrontement entre deux équipes provenant de régions opposées du pays. Au début de la saison, 150 équipes midgets d’un bout à l’autre du Canada avaient le même objectif en tête, mais seules deux d’entre elles avaient maintenant l’occasion de remporter un titre national.
Le match n’a pas déçu. Il fut excitant, divertissant et électrisant.
« Nous savions que nous avions une bonne équipe, mais ça allait être difficile de gagner », dit Bernier, repêché 16e au total par les Sharks de San Jose lors du repêchage 2003 de la LNH. « À ce point-là, nous savions que nous étions bons au Québec, mais puisque nous ne jouions jamais contre d’autres provinces pendant la saison, nous étions impatients de savoir où nous nous classions une fois rendus là. »
Pour Pilkington, il fallait que les Royals soient au sommet de leur forme au bon moment pour remporter les championnats de l’Alberta et du Pacifique. Dans les faits, Calgary a balayé les séries éliminatoires de l’AMHL, ne perdant aucun match.
« Nous n’avons pas eu la meilleure saison régulière », affirme Pilkington, qui est maintenant directeur des ventes de The Surveillance Shop à Calgary, après avoir joué pendant huit saisons au hockey collégial et professionnel mineur. « Mais, nous avons trouvé notre air d’aller environ cinq matchs avant les éliminatoires et tout est tombé en place à partir de ce moment-là. »
Lors de la finale, Calgary a pris les devants 2-0 grâce à deux buts de Matthew Williams-Kovacs, forçant ainsi Sainte-Foy à jouer pour remonter la pente. Les Gouverneurs se sont ressaisis en marquant trois fois en deuxième période - Jeff Cotton, Jean-Vincent Lachance et Dany Roussin - pour se donner une avance d’un but avant le troisième tiers.
Pilkington a nivelé le pointage à 3-3 alors qu’il restait 6 min 10 s au chronomètre pour forcer la tenue d’une prolongation.
Tôt au début de la deuxième période de prolongation, la rondelle s’est retrouvée sur le bâton de Bernier et ce dernier a marqué le but gagnant pour permettre à Sainte-Foy de remporter le quatrième, et dernier, titre national de l’histoire de la franchise.
« Nous avons connu une bonne présence en zone offensive », se souvient Bernier, qui a été nommé Joueur par excellence.
« Marc-Antoine Pouliot (choix de première ronde des Oilers d’Edmonton en 2003) s’est emparé de la rondelle le long de la bande. J’étais devant le but. Au lieu de tirer, il m’a fait une passe. J’ai contourné le gardien de but et j’ai décoché un tir du revers à ras de la glace.
« Je vois encore le jeu dans ma tête. Le match aurait pu aller dans un sens comme dans l’autre. C’était un match serré. C’était un très bon match.
« J’ai connu un excellent tournoi. Lorsque tu es jeune, tu ne connais pas mieux. Tu veux marquer le but. Tu veux en faire partie. Tu as tous ces rêves. Et lorsque ça se produit, c’est le plus beau sentiment au monde. »
Évidemment, les souvenirs de Pilkington ne sont pas aussi heureux que ceux de Bernier, mais il admet que ce fut un match disputé à vive allure. La défaite cependant, lui a laissé un goût amer.
« Honnêtement, nous avons manqué d’énergie », dit-il. « Lorsque tu perds, tu essaies parfois de tout oublier. Mais je me souviens du sentiment d’épuisement qui m’a envahi lorsque tout était fini. Sept matchs en sept jours, une double prolongation et des émotions très vives. Nous avons raté de justesse. »
Comme Bernier, Pilkington a remporté un honneur personnel, soit celui de Meilleur avant du tournoi. Les deux hommes sont d’accord que, dans l’ensemble, ce fut une expérience spéciale qui les a indubitablement aidés à poursuivre leur carrière dans le sport comme joueurs, tout en leur permettant de tisser des liens serrés, liens qui sont encore solides aujourd’hui.
Par la suite, Pilkington a joué pendant quatre ans à l’Université Bowling Green avant de se joindre aux rangs professionnels; il a joué 193 matchs en carrière dans l’AHL, l’ECHL, la CHL et l’UHL.
« Pour moi, ça m’a ouvert beaucoup de portes », dit Pilkington, qui est également entraîneur adjoint des Buffaloes de Calgary de l’AMHL. « J’ai eu beaucoup de choix et d’occasions après ce tournoi. Des équipes de partout dans l’Ouest et de différents niveaux me sollicitaient.
« Mais c’est aussi un événement qui a fait en sorte qu’encore aujourd’hui, je peux nommer tous les gars de cette équipe. J’essaie de rester en contact avec chacun d’entre eux. Les liens seront toujours là. Quelques-uns de mes meilleurs amis étaient membres de cette équipe et ce sont des amitiés que j’ai créées à un jeune âge. »
Pour Bernier, qui a pris part à plus de 600 matchs dans la Ligue nationale de hockey auprès de six équipes différentes, cette expérience et la défaite subie lors de la finale pour la coupe Stanley 2012 lorsque ses Devils du New Jersey ont perdu contre les Kings de Los Angeles, sont les plus beaux souvenirs de son parcours dans le sport.
« C’est un championnat difficile à gagner. J’ai pu le faire et je le l’oublierai jamais. »