CANONSBURG, Pennyslvanie (AP) - Les Penguins de Pittsburgh avaient des attentes face au jeune gardien Marc-André Fleury au camp d'entraînement; le tout premier choix du repêchage de 2003 les a dépassées. À l'âge de 18 ans, Fleury a été supérieur à deux vétérans, affichant la confiance, le sang-froid et la détermination que les Penguins espéraient retrouver en lui.

Ces qualités lui ont permis de survivre à une autre série de coupures, mardi, l'avant-dernière avant que les Penguins n'amorcent leur saison, le 10 octobre face aux Kings de Los Angeles.

"Il a été remarquable, a analysé Mario Lemieux. Il travaille avec ardeur et son attitude est irréprochable. Il a prouvé qu'il pouvait jouer dans cette ligue", a ajouté le propriétaire des Penguins.

Il n'y a qu'un seul problème: le premier contrat de Fleury dans la Ligue nationale lui rapportera des millions de dollars, et ce n'est pas certain que les Penguins peuvent assumer une telle charge financière cette saison.

Ainsi, le gardien qui a amorcé la majeure partie des matchs préparatoires de l'équipe pourrait être rétrogradé au niveau junior la semaine prochaine.

D'un côté comme de l'autre, les Penguins courent un grand risque.

S'ils lui offrent un contrat, ils risquent de gaspiller beaucoup d'argent et, possiblement, une importante année de développement si l'adolescent se rend compte qu'il n'est pas encore prêt pour la LNH.

De plus, Fleury ne pourrait pas jouer dans la Ligue américaine la saison prochaine si un conflit de travail devait retarder le début de la saison 2004-05 de la LNH.

Mais s'ils ne lui donnent pas de contrat, les Penguins risquent de désappointer leur choix au repêchage le plus précieux depuis Jaromir Jagr en 1990 et, possiblement, d'affaiblir l'équipe.

Les Penguins courraient un plus gros risque encore. Si Fleury refusait de parapher une première entente l'été prochain, il pourrait devenir joueur autonome sans compensation au printemps de 2005.

Mais lorsque des journalistes lui ont demandé si les Penguins voulaient consentir un contrat à Fleury avant la date limite de lundi, Lemieux a ouvert son jeu.

"Oh, oui, absolument. Nous espérons trouver un terrain d'entente." Lemieux a quand même ajouté un bémol.

"Ce n'est pas moi qui participe aux négociations, c'est Craig (Patrick, le directeur général) et tout le monde sait qu'il s'agit d'une business. Nous avons un budget à respecter et nous allons tenter de conclure une entente à l'intérieur de nos ressources. Si non, nous devrons attendre." Fleury, la grande vedette de l'équipe canadienne au championnat mondial junior de janvier 2003, a choisi d'adopter la même attitude. Il souhaite signer un contrat avec les Penguins mais il se conditionne à un retour éventuel avec les Screaming Eagles du Cap-Breton, dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec.

Depuis le début du camp d'entraînement, Fleury présente une fiche de 2-2 avec une moyenne de buts alloués de 2,26. Il a bloqué 117 des 126 tirs qu'il a reçus et des neuf buts qu'il a accordés, cinq l'ont été face aux Blue Jackets de Columbus, dimanche. Il disputait alors un deuxième match en 24 heures après avoir donné un but en 35 tirs, samedi, face aux Capitals de Washington.

"Je veux savoir ce qu'il va se produire, mais je ne sais pas à quoi m'attendre, a mentionné Fleury.

"Ils ne m'ont rien dit et je ne sais donc rien. C'est certain que j'aimerais rester, mais je pense que la décision reviendra au personnel d'instructeurs." Pas tout à fait. Eddie Olczyk, le nouvel entraîneur en chef des Penguins, veut garder Fleury mais ce n'est pas lui qui décidera, a-t-il confirmé.

"Est-ce que je pense qu'il est prêt à jouer dans la LNH? Absolument!, a tranché Olczyk. Mais ce n'est que l'opinion de l'entraîneur et ça n'a rien à voir avec ce que pensent les gens en haut." Les paramètres d'une éventuelle entente semblent déjà établis. Si l'on se fie aux contrats consentis au gardien Rick DiPietro, le premier choix en 2000, et à l'attaquant Rick Nash l'an dernier, les Penguins devront verser un salaire de base d'environ 1,2 millions$ US à Fleury, ainsi que des clauses bonis de l'ordre de 4 millions$ US lors de chacune de trois prochaines saisons.

Bon nombre d'équipes ne rechigneraient pas à présenter une telle offre. Mais pour les Penguins, l'investissement est énorme, surtout si l'on considère qu'ils ont accordé un contrat de 3,2 millions$ US pour quatre ans à Sébastien Caron.

Le jeune gardien admet cependant qu'il digérerait difficilement un retour au niveau junior après avoir goûté à la LNH. Pour le moment, Fleury doit se contenter d'attendre, et d'espérer.

"En effet, je serais désappointé (de ne pas signer) parce que j'ai toujours rêvé de jouer dans la LNH. D'un autre côté, j'aurais peut être avantage à retourner avec mon club junior. Nous avons une bonne équipe, et j'aurais donc l'occasion de jouer souvent. Je pourrais acquérir encore plus d'expérience et revenir encore plus fort l'an prochain."