Le Canadien doit et veut ouvertement se renforcer à l'attaque. Or, au camp des recrues, le joueur qui a obtenu la meilleure production offensive la saison dernière s'appelle Marc-André Thinel, qui a totalisé 59 buts et 73 mentions d'assistance, soit 132 points, avec les Tigres de Victoriaville. Tout ça à seulement 18 ans (Éric Chouinard, 19 ans, a eu une fiche de 50-54-104 en 50 matchs avec les Remparts de Québec).

La saison précédente, à 17 ans, Thinel avait déjà cumulé 45 buts et 103 points, ce qui lui avait valu d'être repêché par le Canadien en cinquième ronde (145e choix).

C'est une machine à amasser des points qui a bien appris la leçon du parfait petit Canadien: il veut améliorer sa défense.

"Je ne veux pas tellement 'scorer', dit-il du présent camp des recrues, mais montrer que je peux bien jouer défensivement. Dans la Ligue nationale, tu n'as pas ta place si tu ne peut pas jouer défensivement. L'an dernier, lorsque j'ai été renvoyé du camp, Pierre Dorion (directeur du recrutement) m'a demandé d'améliorer mon jeu défensif.

"Mardi, par exemple (lundi dans la défaite de 5-2 contre les recrues de Tampa Bay), je n'ai pas marqué, mais je pense avoir bien joué."

Peur de décevoir
Thinel a toujours empli le filet ce qui, curieusement, lui cause une sorte de peur.

"J'ai tout le temps une crainte de décevoir. J'ai peur de devoir recommencer à zéro si je ne marque pas 50 buts... J'imagine que c'est pour ça que ça marche."

Qu'est-ce qui fait sa force?

"Je suis né avec ça, répond l'athlète de St-Jérôme, presque gêné. J'ai une vision du jeu, je sais où lancer et je le fais avec précision même si je n'ai pas le plus fort tir. Et je n'ai jamais eu à apprendre comment faire une passe.

"Je pense que c'est plus facile d'améliorer son jeu défensif. L'offensive, tu nais avec ça."

Thinel mesure six pieds et pèse présentement 175 livres. Il s'attend à atteindre environ 185 livres, ce qui serait suffisant pour lui, croit-il.

"Je ne veux pas prendre 20 livres et perdre mes habiletés. Je rajoute un peu de poids chaque année."

Il sait qu'il sera jugé un peu petit, selon les standards de la LNH, mais il ne s'en fait pas avec ça.

"J'ai de la force dans les jambes et je peux améliorer ma vitesse. En fait je devrai le faire."

La robustesse ne lui fait pas peur, assure-t-il.

"J'aime ça même. Ca me met dans le match. Je n'ai jamais eu de blessure (sérieuse)."

Et s'il a marqué 104 buts en deux ans dans la LHJMQ, c'est qu'il va au filet.

"J'en mange des coups", convient-il en riant.