La tenue du Canadien contre les Sénateurs d'Ottawa et les Rangers de New York en début de semaine est extrêmement décevante, c'est le moins qu'on puisse dire. Deux matchs aussi cruciaux, à cette période de l'année, et la moitié de l'équipe ne se présente pas. Incroyable!

Ça me dépasse complètement de voir que tout le monde ne joue pas avec l'énergie du désespoir, avec une fougue extraordinaire. Parce que c'est exactement de cette façon que les Rangers ont joué mardi. Dans la tête des joueurs des Blue Shirts, c'était une victoire ou les vacances et ils ont joué en conséquence.

Mais dans le fond, faut-il vraiment être surpris du manque d'intensité des joueurs du Canadien? Depuis le début de l'année, chaque fois que cette équipe doit démontrer un killer instinct, ça ne se produit pas. On a parlé en long et en large de l'absence de leadership et du manque de chimie. Selon moi, les deux derniers matchs en sont un autre exemple.

Malgré tout, il reste que le Canadien n'a qu'un seul point à aller chercher pour se qualifier pour les séries et même s'il est incapable de mettre la main dessus, il y a toujours la possibilité que les Panthers s'enfargent et demeurent en arrière.

Quand on y pense, les hommes de Bob Gainey peuvent se compter chanceux d'avoir gagné contre Long Island et Toronto. Je regardais les Leafs jouer contre les Devils du New Jersey... s'il avait fallu que Martin Gerber soit aussi bon samedi dernier qu'il ne l'a été mardi soir, le Canadien pourrait être pas mal plus proche de l'élimination que d'une qualification pour les séries.

Pour moi, c'est évident que le thinking est mauvais au sein de cette équipe.

Jeudi, ce sera loin d'être un pique-nique à Boston. Claude Julien se souvient très bien que Gainey l'a congédié. Mardi contre les Sénateurs, il a fait garder les buts à Manny Fernandez pour s'assurer que Tim Thomas soit en forme pour affronter le Canadien. C'est sûr que les Bruins ne feront aucun cadeau à leurs rivaux, d'autant plus qu'ils voudront assurément mettre la table pour un possible affrontement en première ronde des séries.

Deux gros morceaux

À la défense du Canadien, il faut dire qu'il a essuyé deux très lourdes pertes en fin de semaine avec les blessures subies par Andrei Markov et Mathieu Schneider.

N'importe quelle équipe qui perd son meilleur défenseur va finir par en ressentir les effets. Sur une courte période, tu peux toujours t'ajuster, mais à long terme, tu finis par en demander trop à des joueurs qui ne sont pas capables d'en prendre autant.

J'observais Mike Komisarek affronter les attaques des Rangers sans l'aide de Markov... ayoye! C'est à ce moment qu'on se rend compte que Markov compense habilement pour certaines lacunes de son partenaire de travail et qu'en son absence, ce n'est pas toujours rose.

La fiche offensive de Markov laisse peu de doute sur sa contribution aux succès de l'équipe, mais ça va encore plus loin que ça. D'abord, sa capacité à être efficace pendant près de 30 minutes par match enlève de la pression au reste de la brigade défensive. Son apport au jeu de puissance n'est un secret pour personne. Il est le meilleur passeur de l'équipe et aussi le plus rapide. Dans le trafic, il n'a aucune difficulté à lire le jeu. Quand il n'est pas dans son assiette, on voit que son équipe est dans le trouble.

Quant à Schneider, sa perte se fait surtout sentir sur l'avantage numérique. Son absence fait en sorte qu'on en demande beaucoup plus à Patrice Brisebois et Roman Hamrlik, des joueurs qui ne rajeunissent pas, et c'est toute l'équipe qui en subit les contrecoups.

Je suis plus ou moins d'accord avec la façon dont Gainey a géré ses effectifs à l'annonce de la perte de ces deux piliers. J'aurais aimé qu'on rappelle Yannick Weber dès le départ, pour le match de lundi, au lieu d'attendre deux défaites pour réagir. Après tout, Hamilton, ce n'est pas l'autre bout du monde! Ça peut sembler anodin, mais pour moi, la différence est peut-être là. Un ou deux buts en supériorité numérique contre les Sénateurs auraient pu faire toute la différence.

J'aurais également utilisé Mathieu Dandenault à la ligne bleue. J'aime mieux le voir jouer 18 minutes dans le rôle de défenseur à la place de Ryan O'Byrne que dix minutes en attaque sur un quatrième trio.

O'Byrne, c'est maintenant confirmé dans mon cas, ne peut pas jouer régulièrement dans la LNH. On l'essaie, on l'essaie, on l'essaie et ça donne toujours la même chose. Je ne sais pas si ce gars-là a plafonné, mais présentement, il est vraiment tout croche.

Plusieurs informations ont circulé au cours des derniers jours sur la durée des blessures de Markov et Schneider. Pour moi, une chose est sûre : si ces deux gaillards ne sont pas en mesure de revenir pour la première ronde des séries, avec un match tous les deux jours, la pression et le jeu robuste, le Canadien n'a aucune chance d'avancer plus loin. Aucune, peu importe son adversaire.

L'équipe du peuple

En plus des performances du Canadien sur la glace, il y a la vente possible de l'équipe qui fait beaucoup jaser depuis le début de la semaine. Il s'est dit beaucoup de choses et ce sujet n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre, mais peu importe. Le point positif qu'on peut déjà tirer de tout ça, c'est que cette nouvelle suscite beaucoup d'intérêt auprès d'éventuels investisseurs québécois.

Ça, pour moi, c'est une excellente nouvelle. On remettrait enfin l'équipe aux partisans, ce qui veut dire qu'on verrait plus de Québécois dans l'équipe, autant dans la haute direction que sur la patinoire.

Mais n'oublions toutefois pas une chose : on est toujours plus dur envers les nôtres. Je me souviens de l'époque où le Canadien appartenait à Molson. Quand l'équipe prenait des décisions qui ne plaisaient pas aux partisans, plusieurs commençaient à dire qu'il faudrait arrêter d'acheter de la bière pour passer un message!

Mais bon, reste que ça serait vraiment extraordinaire qu'une telle transaction se concrétise.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.