OTTAWA - Jacques Martin sait très bien qu'il aura un mal fou à rivaliser avec les Devils du New Jersey quand arrivera le printemps. Hier soir, les deux équipes ont disputé le premier d'une série de trois matchs en février. Un vrai test pour les Sénateurs. «En bout de ligne, on aura une petite idée de ce qui nous attend au tournoi printanier, disait-il hier matin. Les Devils ont une équipe redoutable, une formation qui n'offre pas de faiblesse. La différence entre les Devils et nous, ça se situe au niveau de l'expérience et aussi du gabarit des athlètes.»

Et aussi, les Devils ont des ressources financières qui permettront encore une fois à Lou Lamoriello, le meilleur de sa profession, de concocter une ou deux transactions d'ici la date limite du 13 mars.

L'an dernier, Lamoriello avait ajouté deux éléments importants à son équipe, le défenseur Vladimir Malakhov et l'ailier Alexander Mogilny. Cette saison, il se propose de participer au derby Rob Blake.

Pendant tout ce temps à Ottawa, Martin est menotté parce que l'entreprise ne roule pas sur l'or bien au contraire. En début de saison, la rumeur veut que les Sénateurs ont éprouvé des difficultés avec leur «cash flow», qu'il a fallu l'intervention de la Ligue nationale.
Avec l'équipe olympique

«Mais, c'est la réalité du sport, dit Martin, résigné à une situation incontournable, une situation que vivent les équipes évoluant dans les petits marchés. Il faut savoir composer avec notre personnel, il faut en soutirer le maximum et faire comprendre à notre public qu'on cherche à lui donner le meilleur produit. Un produit répondant à notre capacité de payer.»

Et sur ce plan, on peut dire que les amateurs de hockey sont bien servis par une organisation bien rodée, une organisation qui multiplie les efforts pour demeurer parmi les meilleures équipes de la Ligue nationale.

C'est aussi pour cette raison que Jacques Martin a déjà gagné ses galons, qu'il a gagné le respect de ses homologues et des propriétaires des équipes de la Ligue nationale. Sa compétence a été reconnue une fois pour toutes, il y a trois mois, lorsqu'il fut invité à se joindre à l'équipe olympique du Canada. On ne pouvait choisir une meilleure tribune pour renvoyer chez eux ceux qui soutiennent que Martin devra gagner pendant les séries éliminatoires pour obtenir une certaine notoriété.

Que peut-on lui demander de plus?

N'a-t-il pas, avec l'aide de Pierre Gauthier, bâti une équipe de premier plan malgré un budget restreint? N'a-t-il pas permis à son club de demeurer dans le peloton de tête, l'an dernier, malgré l'absence de Alexei Yashin? Les Sénateurs n'étaient-ils pas à un seul point des Devils avant l'affrontement d'hier soir?

Depuis son arrivée à Ottawa, les Sénateurs ont emprunté la même gestion que les Devils, argent en moins.

Certaines similitudes

Si on se lance dans le jeu des comparaisons, les Devils et les Sénateurs offrent beaucoup de similitudes.

Ottawa et New Jersey représentent les deux meilleures formations de l'Association de l'est, même si les Penguins ont fait passablement de progrès depuis le 27 décembre avec «l'acquisition de Mario.»
Les deux formations cherchent à éléver les standards d'excellence avec des joueurs recrutés un peu partout à travers le monde… des joueurs qui ont échappé à l'attention de plusieurs équipes.

Les Devils misent sur un super recruteur en David Conte et les Sénateurs, pendant quelques saisons, ont profité de l'expertise d'André Savard La différence, c'est que les Devils ont des sous et les Sénateurs n'en ont pas. Ils n'ont jamais pu aller sur le marché des joueurs autonomes sans restriction pour se payer un Curtis Joseph, par exemple.

«Et il ne faut pas s'attendre à des miracles d'ici le 13 mars, déclare Martin. D'ailleurs, je ne pense pas qu'il y aura autant de transactions qu'on puisse le croire.»

Pourquoi?

«Le fric. Les propriétaires questionnent constamment les opérations quotidiennes des équipes. Les joueurs qui seront sur le marché, ce sont des joueurs exceptionnels mais hors de notre portée. Je n'y pense même pas parce que nous n'avons pas les ressources financières pour faire des offres.»

Aussi, Martin va diriger son équipe avec la même énergie, le même doigté. Il espère seulement qu'il pourra disputer la première série éliminatoire avec tout son personnel. L'an dernier, Ottawa avait été éliminé par Toronto en grande partie parce que Wade Redden était absent et parce que Tom Barrasso avait été médiocre sans oublier l'absence de Yashin.

Et l'an prochain, Alexei Yashin sera-t-il dans le décor?
Pour les équipes des petits marchés, c'est l'éternel recommencement… Heureusement, il se trouve des entraineurs hautement qualifiés pour soutirer le maximum des athlètes à leur disposition.
C'est le cas de Jacques Martin… Les séries éliminatoires ne justifient pas toujours la compétence de l'entraineur