TORONTO - Qu’ils accèdent ou non à la ronde éliminatoire, les surdoués de l’équipe des moins de 24 ans sortiront grandis de la Coupe du monde de hockey. À défaut d’être couronnés du titre de champions, ils en sortiront auréolés du titre de vedettes incontestées d’un tournoi qu’ils auront marqué davantage que les éventuels champions.

« On a fait tourner des têtes. Personne ne savait quoi anticiper de notre part et nous avons battu deux très bonnes équipes. On aurait même pu battre la Russie », a d’ailleurs reconnu Connor McDavid, le sensationnel capitaine de l’équipe des jeunes.

« Je savais que nous pourrions être dangereux. Que nous serions plaisants à suivre sur la patinoire. Mais je ne croyais jamais que nous aurions le genre d’impact que nous avons depuis le début du tournoi. Je ne sais pas ce que l’avenir de la Coupe du monde réserve à cette équipe de moins de 24 ans. Mais j’espère qu’elle reviendra. Les gars qui jouent pour le Canada et les USA auraient joué pour nous il y a quelques années. Nos vedettes d’aujourd’hui défendront les couleurs du Canada et des États-Unis la prochaine fois. Mais il y a de jeunes surdoués qui jouent dans les rangs pee-wee et bantam quelque part aujourd’hui qui les remplaceront demain. C’est tout à l’honneur des programmes de développement du hockey dans nos deux pays », a lancé McLellan.

Avec raison!

En plus de faire tourner les têtes, les McDavid, Matthews, Eichel, MacKinnon sans oublier Johnny Gaudreau ont donné un aperçu du hockey de demain dans la Ligue nationale de hockey. Si le futur de la LNH est vraiment à l’image de ce que les surdoués ont offert lors de la Coupe du monde, des saisons sensationnelles nous attendent.

Et c’est tant mieux.

Début endiablé

Connor McDavid et a bande ont disputé un match épique dans le cadre de la victoire de 4-3 arrachée en prolongations aux dépens de la Suède. L’un des meilleurs des cinq, dix, quinze dernières années. Un match qui marquera l’histoire.

Un match amorcé de façon endiablée par des jeunes qui savaient qu’ils devaient le gagner pour espérer prolonger leur tournoi.

Dès la première poussée de son équipe, McDavid est parti de son territoire pour atteindre la zone ennemie en moins de quatre secondes. Il a orchestré un jeu au cours duquel Auston Matthews, sur les genoux, a contourné Daniel Sedin, avant de remettre à Morgan Reilly avant que son futur coéquipier avec les Leafs ne lui retourne la rondelle pour lui offrir un but.

Dès la reprise du jeu, Johnny Gaudreau a obtenu une échappée au terme de laquelle Erik Karlsson l’a accroché obligeant l’arbitre à décerner un tir de pénalité.

Johnny Hockey a raté la cible. Les Suédois et leurs partisans ont alors poussé un soupir de soulagement. Une trentaine de secondes plus tard, Vincent Trocheck doublait l’avance de son équipe.

Après 95 secondes de jeu, les Jeunes menaient 2-0, ils avaient obtenu trois échappées dont un tir de pénalité.

« On ne pouvait pas demander mieux », a lancé avec un sourire de satisfaction l’entraîneur-chef Todd McLellan en admettant avoir et un brin étourdi. Son homologue suédois Rikard Gronborg l’était aussi. Peut-être même davantage. Mais pour des raisons différentes… Devant leur coach, les joueurs de la Suède l’étaient tout autant.

Deux minutes embarrassantes

« Les deux premières minutes de cette partie ont été les plus embarrassantes de ma carrière. C’est une méchante claque au visage qu’ils nous ont servi », a convenu le défenseur Erik Karlsson.

« Nous étions sous le choc sur le banc. On aurait pu s’écraser et leur donner le match. Mais quand tu joues dans un tournoi aussi important, tu n’as pas le droit de laisser tomber tes coéquipiers, ton équipe, ton pays. On s’est tous dit réveillons-nous », a ajouté Karlsson en ajoutant quelques jurons qu’il serait déplacé de publier ici…

« Ce "wake up call" on ne l’a pas crié à un et à l’autre. On se l’est tous crié à nous même. Et ça nous a bien servi, car après ces deux minutes, nous avons repris le contrôle du match. On a perdu. C’est vrai. Mais nous avons obtenu un point qui nous permet de terminer premiers de notre groupe », a analysé Karlsson avant de louanger ses jeunes adversaires.

« Ils sont rapides. Ils sont très talentueux. Ils jouent sans retenue et sans crainte. Ils jouent avec cette désinvolture associée à leur âge. Je le sais, je suis déjà passé par là. Quand tu es dans cet état, tu es prêt à courir tous les risques parce que tu te crois infaillible. C’est leur force et c’est ce qui les rend si intéressants sur la glace. À part les deux premières minutes, ce match était très plaisant à jouer », a conclu Karlsson.

Bien qu’ils se soient remis de leur affreux début de match, les Suédois et leur défensive étanche n’ont pas été en mesure de contenir les jeunes.

Ils ont eu besoin des miracles de leur vétéran gardien Henrik Lundqvist qui semblait avoir rajeuni de 10 ans devant son filet. Victime de trois buts sur les 15 premiers tirs qu’il a affrontés, Lundqvist a blanchi les jeunes à 33 reprises avant de concéder le but gagnant à Nathan MacKinnon à la fin d’une prolongation magistrale.

C’était le 6e tir du match pour MacKinnon qui a obtenu la première étoile de la rencontre devant Lundvquist (45 arrêts) et Johnny Gaudreau qui a marqué un but sur sept tirs, dont un tir de pénalité.

Un point qui fait mal

À trois contre trois, les jeunes surdoués et leurs aînés qui le dont tout autant ont échangé des poussées et des occasions de marquer à un rythme d’enfer.

Même l’entraîneur-chef McLellan s’est fait prendre à aimer le spectacle qui défilait devant lui. « J’étais debout sur le banc. Comme coach je criais des non! non! non! quand les Suédois fonçaient vers nous, pour ensuite crier go! go! go! quand on repartait avec la rondelle. C’était du hockey très enlevant », a convenu McLellan qui a fait un boulot colossal avec ses adjoints pour faire de ce groupe de jeunes une belle équipe de hockey.

Au-delà le spectacle fantastique qu’elle a offert, cette prolongation a toutefois fait mal aux jeunes. De fait, Todd McLellan et ses adjoints auraient peut-être dû forcer le jeu en fin de match pour mousser les chances de leur équipe de gagner en temps réglementaire. Ce faisant, ils auraient assuré leur place au deuxième rang du groupe B et donc une présence en demi-finale.

Mais parce que la Suède a acquis un point en perdant en prolongation, elle s’assure du premier rang dans le groupe B.

Pis encore pour les jeunes, ils doivent maintenant s’en remettre aux Finlandais pour éviter l’élimination. Car si les Russes l’emportent, ils coifferont les jeunes au classement en raison de leur victoire de 4-3 à leurs dépens.

Auteur du but gagnant, Nathan MacKinnon était convaincu que la victoire les propulsait en ronde éliminatoire. Il n’était pas le seul puisque ses coéquipiers se sont rués sur lui pour célébrer.

« Avoir su, on aurait modéré nos ardeurs. Nous n’avons plus le contrôle de notre destinée. Ce sera donc vraiment stressant demain (jeudi). Mais nous avons confiance en la Finlande », a lancé MacKinnon.

« Je vais contacter Patrick (Laine) afin de m’assurer qu’il utilise ses mains de la bonne façon et qu’il enfile un ou deux buts pour aider notre cause », a ajouté Mark Scheifele en parlant du premier choix des Jets qui sera son coéquipier dans quelques semaines à Winnipeg.

La Finlande se battra contre les Russes. C’est certain. Les Finlandais voudront non seulement éviter d’être balayés, mais ils sont aussi motivés par la haine historique qu’ils entretiennent à l’endroit de la Russie.

Mais la Finlande est aussi bien jeune avec 11 joueurs âgés de 22 ans et moins. Rien pour aider la cause des jeunes surdoués de l’Amérique du Nord. On peut toutefois s’attendre à ce que la très grande majorité des amateurs de hockey qui occuperont l’Air Canada Center pousseront très fort dans le dos de Finlandais pour faire contrepoids à leur jeunesse et mousser leurs chances de victoire contre les Russes.

Si la Russie l’emporte quand même?

Cette belle équipe regroupant les meilleurs jeunes talents de l’Amérique du Nord sera évincée de la ronde éliminatoire en dépit du fait qu’elle n’aura encaissé qu’un revers. Et encore! Un revers par la marge d’un tout petit but.

Si la Russie perd?

Les jeunes affronteront le Canada dans le cadre d’une demi-finale qui attisera davantage les sentiments déjà très favorables à leur endroit.

Et s’ils devaient surprendre le Canada dans le cadre d’un match sans lendemain?

J’ose à peine à imaginer la frénésie qu’une telle victoire entraînerait. Mais ce scénario fait rêver, j’en conviens.

C’est pour cette raison qu’en dépit du devoir de réserve que je devrais m’imposer, je vais pousser très fort pour que la Finlande termine son séjour à la Coupe du monde sur une note victorieuse.

Mais ne le dites pas aux Russes…