Guy Carbonneau m'a semblé peiné, mais aussi soulagé par moments durant sa conférence de presse au Centre Bell.

J'emploie le terme soulagé dans le sens : vous allez constater quel genre d'équipe je dirigeais. Il n'a pas voulu le dire ouvertement, mais c'est l'impression qu'il m'a donnée.

Je me réjouis surtout d'un aspect dans son cas, sa carrière d'entraîneur n'est pas terminée.

Carbo a fait plusieurs déclarations intéressantes dont quand il a mentionné que la vérité finira par sortir un jour. La vérité, c'est quoi? Il parle probablement de certains joueurs qui n'ont pas produit le rendement attendu pour plusieurs raisons.

Les journalistes ont également soulevé la possibilité que le vestiaire soit affecté par des pommes pourries. Carbo a légèrement évité cette question, mais il a été très franc quand il a expliqué que le tiers des joueurs aime leur entraîneur, un autre tiers le déteste et un autre tiers peut être influencé. J'ai souvent répété ce fait dans ma carrière et c'est la réalité.

Je suis persuadé que les grands responsables sont les joueurs clés de l'organisation comme Alex Kovalev et Saku Koivu. Ils n'ont pas offert une production régulière et leur façon d'agir n'est pas celle que l'on recherche dans une équipe de hockey.

À un certain moment, ça prend de la hargne et les joueurs doivent se soucier davantage du sort de leur équipe. Bref, il faut démontrer plus de caractère.

Ce n'est pas normal de voir que Maxim lapierre mène la charge chez les attaquants du Canadien avec seulement 12 matchs à disputer d'ici la fin du calendrier. De plus, je ne perçois pas de changement d'attitude depuis que Gainey a pris la relève. Normalement, certains joueurs auraient dû redoubler d'ardeur. Pourtant, les joueurs qui se défoncent demeurent les mêmes que durant le règne de Carbo.

Malgré tout, c'est sans surprise que Carbonneau n'a pas déblatéré contre personne. Il n'avait pas l'intention de lever le nez contre personne. Il a parlé en bien de Bob Gainey et ce n'est pas surprenant. Il a refusé de lancer des flèches à son ancien directeur général. Il aurait pu mentionner qu'il n'a pas reçu d'aide à la date limite des transactions alors que Nik Antropov et Bill Guerin ont changé d'adresse. Dans l'ensemble, cette conférence de presse a été à son image.

Carbo a encore grandi dans cette épreuve, c'est rafraîchissant d'entendre qu'il reviendra au Centre Bell et qu'il ne se cachera pas.

En écoutant Carbonneau, je me souvenais à quel point ce n'est pas facile de passer par là. C'est déjà difficile de devenir entraîneur dans la LNH et tu as l'impression que la terre arrête de tourner quand tu es congédié. Tu es dévasté pendant deux ou trois jours et tu demandes quand tu vas te réveiller.

La fameuse communication

L'épineux dossier de la communication a été soulevé durant la conférence de presse. Carbonneau a soutenu que la communication avec un joueur s'opère à deux. Je peux vous assurer qu'un joueur qui obtient seulement huit minutes d'utilisation lors d'une partie n'a pas l'intention de discuter avec l'entraîneur. En fait, il passe plus de temps à parler contre l'entraîneur.

Certains joueurs devraient se concentrer sur leur jeu, point à la ligne.

Gainey a mal géré les joueurs autonomes

L'ancien entraîneur du Canadien n'a pas eu le choix d'admettre que le contexte particulier avec 11 joueurs autonomes a compliqué sa tâche.

C'est évident qu'il allait faire allusion à ce sujet puisque personne n'est d'accord avec la façon dont Gainey gère ce dossier. Tu ne peux pas avoir une seule façon d'encadrer 23 joueurs, ça ne fonctionne pas. Certains athlètes manquent de confiance alors que d'autres sont très confiants. Quelques joueurs doivent travailler avec le couteau entre les dents alors que certains doivent toujours craindre de perdre leur poste.

Mais Gainey essaie de mettre tous les joueurs sur un pied d'égalité. En tant qu'entraîneur, Carbo savait quels joueurs étaient moins confiants et il aurait aimé que son patron amorce des négociations avec eux.

Tout ce contexte me porte à croire que Carbo et Gainey se respectent beaucoup, mais je ne suis pas convaincu qu'ils sont deux grands chums qui auraient tendance à prendre un café ensemble puisque leur personnalité est complètement différente.

Carbonneau a expliqué à Luc Gélinas que c'est difficile pour une organisation de progresser quand elle congédie son entraîneur à chaque tempête qui s'abat sur l'équipe. Mais il ne faut pas oublier que Carbo a lui-même profité de cette réalité quand Claude Julien a été congédié. C'est malheureux, mais Kovalev l'a dit : un entraîneur quitte et un autre arrive, voilà comment ça fonctionne.

À Montréal, tout est scruté à la loupe. Les gens étudient la façon de faire, la façon de penser et la façon de réagir, mais en fin de compte le hockey se passe sur la patinoire. Carbonneau demeure le même entraîneur que l'an dernier sauf que l'équipe ne gagnait pas autant. Finalement, ses patrons ont analysé son travail différemment et il a été la victime de ce rendement décevant.

*Propos recueillis par Éric Leblanc