Le 20 février dernier, Mikael Tam a conclu sa 3e année au sein de l'organisation du Red Star de Kunlun, à Pékin, en Chine. L'ancien capitaine des Remparts de Québec a plongé dans l'aventure chinoise après quelques séjours au sein de formations de la ligue américaine et de la ECHL, entre 2012 et 2017. Il est rentré dans la capitale nationale depuis quelques semaines maintenant et patiente en confinement, comme tout le monde, après une fin de saison inusitée.

À la mi-janvier, Tam et ses coéquipiers se préparaient à faire un voyage de deux semaines en Russie, pour disputer des matchs sur les patinoires adverses. Deux jours après leur départ, les joueurs ont appris que tous les événements sportifs en Chine étaient annulés. Le voyage a finalement duré un mois et demi en raison de la pandémie qui a d'abord frappé la ville de Wuhan, avant d'éclater en Chine et partout sur la planète. Le Red Star a donc disputé le reste de ses matchs à domicile en terre russe, puisque la KHL poursuivait ses activités.

ContentId(3.1365597):KHL : Mikaël Tam a vécu la pandémie de près en Chine (COVID-19)
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« Quand on est partis, on entendait parler du virus, mais la vie restait la même, raconte Tam. On entendait parler d'une nouvelle grippe. On était en Russie et les choses ont commencé à dégénérer en Chine. L'équipe a pris des démarches. Tous les jours, on surveillait notre température et on vérifiait notre gorge. »

Comme ils avaient prévu un voyage de deux semaines à la base, les joueurs ont dû visiter des magasins en Russie pour se procurer des vêtements, en sachant que le séjour serait beaucoup plus long que prévu.

Non seulement les joueurs ont terminé leur saison sur la route, ils n'ont jamais été en mesure de retourner chercher leurs effets personnels à Pékin avant de rentrer à leurs domiciles respectifs qu'ils habitent pendant la saison morte. Deux jours avant que les joueurs nord-américains terminent leur saison et rentrent chez eux, un membre de l'organisation a fait un aller-retour à Pékin pour récupérer les items des joueurs.

« Il est allé chercher 36 valises et a dû s'assurer que la compagnie aérienne accepte qu'une seule personne puisse en transporter autant, raconte Tam. Il a fait l'aller-retour en l'espace de 48 heures. Le lendemain, je partais vers le Canada. »

L'équipe a disputé son dernier match le 20 février et n'a pas obtenu son laissez-passer pour les séries éliminatoires. C'est donc à ce moment que Tam a mis le cap sur la ville de Québec, pour rentrer à la maison. Maintenant qu'il est de retour, il est en mesure de voir les distinctions entre les mesures québécoises et celles qui ont été établies en Chine.

« En Chine, c'est différent avec le régime communiste. Les règles étaient très strictes dès le départ. Les gens étaient forcés de rester à la maison et une seule personne par famille pouvait quitter la maison pour aller à l'épicerie, se rappelle Tam. C'est plus facile d'établir les règles dans un pays comme celui-là. Maintenant au Québec, on écoute les directives du premier ministre. Ce n'est pas évident côté entraînement, mais mon entraîneur privé m'a fourni des trucs à faire à la maison. La vie est plus difficile pour les gens qui ont perdu leur emploi, donc pour moi je me dis qu'il y a des choses pires que cela dans la vie. »

L'expérience du hockey en Chine

Jusqu'à présent, Mikael a été séduit par son aventure en Chine. Il avoue que cela représente un défi sur le plan personnel avec l'éloignement par rapport à sa famille et ses amis, mais il se dit heureux de disputer de faire carrière dans une ligue de haut niveau.

« J'aime ça, c'était ma 3e année dans l'organisation et j'espère continuer, dit celui qui espère décrocher un nouveau contrat avec le Red Star en vue de la prochaine saison. J'aime l'expérience, même si je suis à l'autre bout du monde, que je ne vois pas mes proches et ma blonde autant, mais la KHL est une excellente ligue, c'est un peu comme "ma LNH" ».

Le fait de se retrouver aussi loin de la maison pourrait être déstabilisant, mais l'organisation mise sur plusieurs joueurs de l'Amérique du Nord, ce qui fait en sorte que la mentalité est très différente au sein du vestiaire et que tout se déroule en anglais. Par exemple, le Red Star a compté dans ses rangs des joueurs comme Devante Smith-Pelly, Gilbert Brulé et Griffin Reinhart au cours de la dernière saison. Les anciens du Rocket, Adam Cracknell et Hunter Shinkaruk ont également porté les couleurs de cette équipe cette année, même chose pour Brandon Yip ou pour l'ancien du Canadien Victor Bartley (oui, ce Victor Bartley qui a été échangé au Canadien avec John Scott, en retour de Jarred Tinordi et Stefan Fournier).

Pour ajouter au cachet nord-américain, le Red Star de Kunlun est mené par Curt Fraser, qui a disputé plus de 700 matchs dans la LNH avec les Canucks, les Blackhawks et les North Stars, avant de se tourner vers le boulot d'entraîneur. Il a été le premier entraîneur-chef des Thrashers d'Atlanta pendant quatre saisons, avant d'occuper des fonctions d'adjoint avec les Islanders, les Blues et les Stars notamment.

« Le fait d'avoir beaucoup de Nord-Américains dans l'équipe facilite grandement les choses. En Russie, les équipes sont majoritairement composées de joueurs russes et au plus de quatre ou cinq joueurs étrangers. Du côté de notre organisation, c'est vraiment une ambiance qui se compare à l'Amérique du Nord. Tout le monde parle anglais. »

La barrière de la langue est plus visible lorsque les joueurs sortent du vestiaire...

« Pour la Russie et sur la route, à part Moscou ou St-Petersbourg, c'est difficile. L'application Google translate devient notre meilleure amie ! Raconte Tam sourire aux lèvres. Il faut parfois pointer les images sur le menu d'un restaurant, mais on s'y habitue ! Il y a tellement de belles choses, c'est une ville très agréable à habiter. »

Il a tenté d'apprendre le Mandarin l'été dernier en sachant qu'il retournait en Chine, mais il avoue avoir eu beaucoup de difficulté à apprendre la langue, faute d'avoir des partenaires pour pratiquer avec lui pendant la saison morte.

En ce qui concerne le calibre de jeu, Tam rappelle que la KHL est considérée comme la 2e plus forte après la LNH. Bien qu'il soit difficile de comparer le niveau, avec le fait que les joueurs de la KHL évoluent sur des glaces de dimension olympique. Et Tam ne croit pas qu'une plus grande surface de jeu entraîne automatiquement une plus grande production offensive.

« Quand on regarde les statistiques, peu de joueurs récoltent plus d'un point par match, puisque c'est une ligue axée sur le jeu défensif. En Amérique du Nord, un tir qui provient de la bande peut entraîner une chance de marquer, mais c'est beaucoup plus difficile sur une grande patinoire. Les habiletés des joueurs sont très bonnes, mais le jeu est assez défensif. »

Objectif : Les Jeux de 2022

Tam souhaite poursuivre son aventure au cours des prochaines années et s'est fixé comme objectif d'obtenir sa citoyenneté chinoise, dans le but de se tailler un poste au sein de l'équipe de Chine aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022. Son avenir sera plus clair quand la crise sera terminée et qu'il pourra avoir des discussions avec l'organisation du Red Star, pour un retour.

Entre temps, le chinois d'adoption a l'occasion de passer du temps à Québec et de demeurer en contact avec ses amis de l'époque des Remparts, comme Patrick Roy, Frédéric Roy et Jonathan Marchessault. Malgré la distance, les liens existent encore, en Chine ou au Québec.