Mon Championnat mondial junior
Hockey lundi, 30 déc. 2013. 15:59 dimanche, 15 déc. 2024. 07:26En 1998, j’ai eu le privilège d’arbitrer au championnat mondial junior à Helsinki en Finlande. En général, deux ou trois officiels, dépendamment des pays, sont sélectionnés pour représenter leur pays lors de ce tournoi. Mon collègue juge de ligne Jeff Bradley de la Colombie-Britannique et moi-même représentions le Canada.
Habitué au hockey nord-américain, ce fut ma véritable première expérience internationale. J’avais bien sûr travaillé dans certains matchs hors concours impliquant des équipes européennes à des équipes d’ici, mais rien de comparable à ce que j’allais vivre comme expérience.
La culture du hockey sur la scène internationale diffère beaucoup de ce qui se passe de ce côté-ci de l’Atlantique. Bien qu’aujourd’hui je comprenne mieux ces différences, à l'époque, c’était autre chose.
À l’époque, c’était le système à un arbitre, alors la communication avec les juges de lignes était primordiale. Je me souviens un soir d’avoir travaillé avec un Japonais et un Russe, et ni l’un ni l’autre ne parlait l’anglais. Nous avons trouvé une façon de communiquer, mais ça ajoutait au défi.
Cette année-là, le Canada avait connu un mauvais tournoi, il avait terminé huitième. Mon tournoi avait été guère mieux. Bien que j’étais d’avis d’avoir mérité ma place en finale, les superviseurs internationaux en avaient décidé autrement. Avec du recul, j’aurais dû savourer le moment présent et profiter de l’expérience.
Cette année, trois Canadiens participent à l’évènement à Malmo en Suède, dont le juge de lignes Benoit Martineau de Marieville.
Mauvais message
Les responsables du comité de discipline ont manqué une belle occasion de passer un message clair. Lors du match entre le Canada et la République tchèque, Michal Pluntar a poussé le juge de ligne par terre afin de pouvoir se rendre au joueur canadien. Il a reçu seulement un match de suspension. C’est inacceptable et irresponsable. Dans la LNH, si un joueur abuse physiquement d’un officiel, il sera suspendu automatiquement.
Sous trois catégories, les minimums sont de 3, 10 et 20 matchs. Selon moi, le joueur tchèque aurait dû être suspendu pour le reste du tournoi.
Les deux jeux d’hier en Floride
Je n’ai pas eu la chance de regarder le match d’hier soir entre le CH et la Floride, mais j’ai visionné les deux séquences en question. Sur le jeu où la rondelle a
touché le bâton au dessus de la hauteur permise, il est impossible d’affirmer à 100 % à la reprise si la rondelle touche ou pas au bâton de Gionta. Deuxièmement, le juge de lignes se trouve sur la ligne bleue à quelques pieds du joueur du Canadien et il signale le bâton élevé sans hésitation. Que vous aimiez ou non, personne n’est mieux placé que lui pour voir si la rondelle effleure ou non le bâton. On se doit de respecter son jugement.
Sur le but de Brière, c’est un peu plus complexe. La règle d’obstruction sur le gardien n’est pas simple. Dans le livre de règlements, il existe pas moins de 33 différents scénarios d’obstruction avec le gardien.
Dans le cas où un joueur est poussé, qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’enceinte du gardien, l’arbitre se demande si le joueur poussé a fait un effort raisonnable pour éviter le gardien. Dans le cas présent, l’officiel a jugé que Galchenyuk avait profité de la poussée du joueur des Panthers pour entrer en contact avec le gardien et n’a pas fait assez d’effort pour éviter le contact. Le bénéfice du doute va au gardien et les joueurs doivent faire plus que le nécessaire pour convaincre l’arbitre du contraire.
Ceci étant dit, ma réponse est en deux temps. Premièrement, si j’avais été dans les patins de l’arbitre hier soir (oui, j’aurais aimé être en Floride, surtout avec le froid d’aujourd’hui!), j’aurais probablement pris la même décision sur la patinoire. Mais après plusieurs visionnements, je suis d’avis que Galchenyuk, en freinant à quelques pieds devant l’enceinte, a fait un effort raisonnable pour éviter Clemmensen. Si j’avais eu accès à la reprise au banc des punitions, j’aurais alors renversé ma décision et accordé le but. J’espère que la LNH permettra avant longtemps l’utilisation de la reprise vidéo au niveau de la patinoire pour les arbitres. La technologie est à point. C'est un outil de plus pour les chandails rayés.
Mais ça, c’est MON jugement. Après visionnement, un autre arbitre aurais pu toujours dire que la poussée du joueur de la Floride n’était pas assez forte et que le joueur du Canadien aurait pu faire un meilleur effort pour éviter le gardien et du même coup maintenir sa décision de refuser le but…et ça se défend. L’arbitrage, c’est ça. C’est jamais noir et c’est jamais blanc!
Je profite de l’occasion pour souhaiter à tous, chers lecteurs du RDS.ca, une bonne année!