Aux quatre coins de la salle John Molson, hier midi, quelques minutes après que Joël Bouchard eut lancé son projet avec son enthousiasme particulier, on cherchait Ron.

Ou est Ron?

Ron, c'est Ron Fournier. Celui qui depuis une semaine varlope les joueurs de la Ligue nationale, invite les gens à ne pas participer à La Caravane, c'est le projet lancé par Bouchard, et à signer des chèques à des œuvres de charité plutôt que d'assister aux matchs quatre contre quatre que présenteront les joueurs québécois de la Ligue nationale.

Ron est en beau fusil. Comme tous ceux qui gravitent autour du monde du hockey sont en beau maudit. Je pense aussi aux étudiants, aux gens à la retraite qui misaient sur les matchs de hockey pour pouvoir arrondir les fins de mois. Eux aussi sont en beau maudit. A ce qu'on m'a dit, Ron s'oppose entièrement à ce projet, il crie qu'il s'agit là d'un coup de marketing de la part des joueurs uniquement dans le but de gagner de la popularité auprès des amateurs qui les accusent d'avoir créé la situation actuelle.

J'aime bien Ron Fournier, c'est un gars tout entier, c'est un gars généreux qui se donne une autre personnalité dès qu'il se retrouve derrière un micro mais c'est correct ainsi. Au fil des années, il a voulu donner une identité à son émission de fin de soirée et Dieu sait qu'il a bien réussi.

J'avoue, comme Ron, moi aussi j'entretenais des doutes sur la sincérité des athlètes vis-à-vis une telle tournée. J'avais des doutes jusqu'au moment où je rencontrai Joël Bouchard au cours de l'été. Il m'avait parlé pendant de longues minutes de son projet, un projet unique, un projet dont l'idée lui avait passé par la tête alors qu'il était sur un lit d'hôpital combattant un empoisonnement au mercure.

" Le hockey, on a ça dans les tripes, m'avait-il dit. Je sais qu'on ne gagnera pas un concours de popularité si jamais il y a un arrêt de travail (notre rencontre s'est déroulée en début d'août). Mais ça ne veut pas dire qu'on doit rester dans notre salon. De toute façon qu'on ne fasse rien, on sera critiqué. Qu'on fasse quelque chose, on sera critiqué. Alors, dans le meilleur des mondes, qu'on sorte de nos salons et qu'on aille aider les jeunes qui luttent contre la maladie. Le hockey nous a choyés, les gens nous ont adulés, alors c'est le temps de retourner l'ascenseur. Allons dans leur ville, allons passer un samedi soir avec eux. Habituellement, nous arrivons dans leur salon par le biais de la Soirée du hockey, or, pendant l'arrêt de travail, on va se déplacer, on va aller dans les villes du Québec, on va aller leur dire merci, on va leur offrir un bon spectacle et en bout de ligne, on va aider les jeunes qui luttent contre la maladie. Ce n'est pas du chiqué. Je suis sincère, les joueurs le sont également. Personne ne va toucher un rond de cette tournée, pas un seul dollar. Il y a même des joueurs qui devront débourser des dollars pour les assurances. "
(s.t.) Il faut le croire

Il faut le croire, Ron. Crois-moi, je ne suis pas pour ou contre les joueurs dans le conflit, ni pour ou contre les propriétaires non plus, je crois plutôt que le malaise est au niveau des deux têtes dirigeantes. Je m'explique mal qu'on ne puisse reprendre le dialogue, qu'on ne puisse échanger des idées, qu'on ne puisse trouver un compromis. Mais, c'est un long débât.

Par contre, Joel Bouchard mérite toute notre admiration. Il en a mis de l'énergie et de l'enthousiasme dans ce projet. Des entreprises lui ont fermé la porte au nez mais il n'a jamais baissé le bouclier. Il a foncé, il a persévéré. Et il a gagné son pari. Il était comme un gamin dans un carré de sable, hier, entouré par ses " amis " les joueurs, venus des quatre coins du Québec pour l'appuyer dans la cause qu'il défend.

Quand Caroline Bruno, 16 ans, de Témiscamingue, celle qui a créé le logo de la tournée à la demande de Joël Bouchard, on a compris le sens de cette tournée. Caroline livre un combat contre le cancer des os. Ce sont des enfants comme Caroline que Bouchard et ses amis veulent aider, veulent soutenir dans leur épreuve.

Oh, je pense que Joël Bouchard apprécierait grandement ta présence - si jamais tu as toujours la forme pour suivre le tempo et le rythme des joueurs de la Ligue nationale - dans le rôle d'arbitre pour quelques-uns des matchs de La Caravane.

Je te le dis comme ça.