Non pas par opportunisme du moment (…), mais bien par désir d'extérioriser et de partager avec le lectorat de RDS.ca une inoubliable tranche de ma vie, je vous fais part des souvenirs indélébiles qui me resteront à jamais du Gros Paul.

Je refuse de faire dans la mélancolie. Non pas parce que je ne suis pas triste (je le suis grandement en ce mercredi grisâtre et pluvieux), mais parce que je n'ai de Paul Buisson que des souvenirs à faire pouffer de rire, à faire prendre conscience que la vie, si on le veut vraiment, peut être vraiment le fun…

Alors que j'étais un petit (pas mal gros!) nouveau de la salle des nouvelles de RDS, en janvier1994, c'est avec Paul, comme caméraman, que j'ai eu la chance de vivre ma première affectation hors-Québec. Et non la moindre : le Camp de rêves (fantasy camp) des Expos de Montréal, à West Palm Beach, en Floride. Imaginez : une semaine à côtoyer les plus grands Expos de l'histoire, déguisé en joueur de baseball… Nous devions d'ailleurs n'alimenter qu'un reportage par jour pour Sports 30. Mais Paul, que je ne connaissais même pas avant ce mémorable voyage, avait à ce point capté une énorme quantité de bonnes images avec sa redoutable arme (sa caméra) que j'avais pu, au retour à Montréal, produire une émission spéciale de 30 minutes sur ce camp de rêve, dont plusieurs personnes me parlent encore aujourd'hui, plus de dix ans plus tard!

Ce dont je regrette le plus de ne pas avoir sur ruban, c'est une soirée où Paul, ne reculant JAMAIS devant quoi que ce soit, décide de me faire découvrir Orlando, où je n'étais alors jamais allé. On débarque à un quelconque steakhouse. Paul commande le plus gros steak de la place. Un genre de porterhouse, 32 onces s'il vous plaît! Le genre d'assiette qui te vaut de soit voir la maison récupérer la facture si, mon Dieu, tu parviens à la terminer, soit un t-shirt inscrit " I survived the 32 oz. porterhouse! ", voyez le genre? Quelle ne fut pas ma surprise et mon éberluement de 1) le voir descendre son plat en un rien de temps et 2) compléter le tout avec une entrée (format sombrero!) de nachos! De mes propres 240-quelques livres, je me sentais - pour une rare fois - bien petit, voire niaiseux, avec mon petit combo burger et frites. Notre serveur, lui, ne revenait tout simplement pas de l'appétit gargantuesque de l'ami Paul, que je saluais toujours avec un chestbomb (se saluer en se donnant un coup de… bedaine!). Ami de tous, Paul, un sans malice notoire, ne détestait qu'une personne… sans même la connaître : l'inventeur de la salade et de la luzerne!. Il disait souvent que la salade, c'est juste pour les gros! La luzerne, il appelait ça du niaising… Non, le serveur n'a pas osé lui offrir du niaising à la place de ses nachos extra-fromage…

Dieu merci qu'il y avait deux lits (!), mais j'ai chambré avec Paul durant cette semaine inoubliable, entouré de mes héros d'enfance des Expos. Les histoires de toutes sortes qu'il m'a racontées, le soir venu, sur nos lits respectifs, dans nos grosses bobettes format feu John Candy, me font encore tordre de rire, quand je me les remémore. J'exagère à peine quand je dis que, en bout de ligne, mon podium des personnes les plus cool que j'aurai rencontrées et appris à découvrir durant cette semaine-là, va comme suit : 1-Bill Lee (mon entraîneur pour la semaine!), 2-Paul Buisson (qui, de par sa prestance et fougue, avait demandé ET obtenu permission des Expos de filmer TOUT ce qu'il voulait de l'événement) et 3-Warren Cromartie, le maître clown des Expos, toutes époques confondues. Ça vous donne une p'tite idée…

La dernière fois que j'aurai vu Paul de son vivant aura été en février dernier, alors que, sans le savoir à l'avance, nous avions participé à la même émission radio. Au sortir du studio, je le raccompagne à son véhicule, histoire de jaser un peu. On a un bon cinq ans, minimum, à rattraper! Il m'invite alors à regarder son nouveau système de son. Neuf heures dix du matin, rue Ste-Catherine, à Montréal, puis Paul allume ça, dans le tapis, avec sa musique techno. Ses vitres (montées!) vibrent littéralement au son du ?toum-ti-toum-ti-toum? Mes oreilles, elles, en saignent encore!

On s'était dit qu'on se reverrait, au plus tard, lors de l'épluchette de blé d'Inde annuelle qu'il tient chez-lui, à Mirabel. On s'était promis de faire une petite chanson rap ensemble, avec Paul à la batterie, lui-même un émérite batteur. Je riais aussi - et salivais - déjà à l'idée de, pourquoi pas, le défier à un concours de dévoreurs d'épis. Ç'aurait bien été la seule fois où j'aurais défié quelqu'un à une épreuve que j'aurais su d'avance perdre. Mais vous savez quoi? Perdre aux mains de mon chum Paul ne m'aurait pas dérangé du tout…

Salut, Vieux. Peut être pas cet été (je me souhaite!), mais on se revoit en haut un de ces jours. Fournis les épis. Je fournis le beurre et le sel. Ce sera NOTRE (comme on disait toujours quand on se gavait ensemble) bedaine (bed-and) breakfast…

Sylvain " Butch " Bouchard
Chroniqueur basket-ball
Sports 30 Mag