TORONTO – Le carrousel devant le filet d’Équipe Canada est terminé.

Samedi, pour la première fois depuis le début du Championnat mondial de hockey junior, Benoît Groulx a brisé le système d’alternance qui caractérisait la gestion de ses gardiens de but. Au début de la séance d’entraînement à laquelle il avait convié ses troupes, le pilote canadien a fait un bref détour vers ses deux cerbères et a annoncé à Zachary Fucale, d’un simple coup de bâton sur les jambières, qu’il obtiendrait un deuxième départ de suite le lendemain contre la Slovaquie.

« Depuis le début du tournoi, Zach est vraiment très solide. Il est aussi fort de son expérience de l’an passé. On a discuté et on pense que c’est le moment de revenir avec lui, tout simplement », a justifié Groulx.

Fucale a disputé trois matchs au cours de la dernière semaine, les premier, troisième et cinquième du parcours du Canada. Il n’a donné qu’un but sur 54 lancers et domine tous les portiers inscrits à la compétition au chapitre de la moyenne de buts alloués (0,33) et du pourcentage d’arrêts (,981).

Au lendemain de Noël, en lever de rideau du tournoi, la Slovaquie n’avait dirigé qu’une douzaine de lancers sur Fucale, qui avait empoché son premier jeu blanc chez les moins de 20 ans dans une dégelée de 8-0.

Les Slovaques s’en sont bien remis. Ils ont remporté deux de leurs trois matchs suivants, causant notamment une surprise considérable contre la Finlande, puis ont éliminé la République tchèque en quart-de-finale.

« C’est sûr qu’ils vont avoir une poussée, prédit Fucale. On est rendus en demi-finale et ils ont mérité d’être là, ils ont travaillé fort pour y arriver. C’est une équipe qui donne tout ce qu’elle a et c’est ce qu’on attend de sa part demain. »

« Ça va être un match très différent demain, il n’y a aucun doute », a approuvé Groulx.

Tout semble indiquer que Fucale sera confronté à Denis Godla, un gardien transformé depuis son passage dans le tordeur canadien. Battu cinq fois sur 23 lancers avant d’être envoyé aux douches contre le Canada, Godla a répondu en réalisant 37 arrêts contre la Finlande et 42 arrêts dans une défaite par blanchissage contre les États-Unis.

Son pourcentage d’arrêts de ,933 le place au quatrième rang parmi ses confrères depuis le début de la compétition.

« Une grande perte »

Quelques heures avant que ses coéquipiers ne foulent la glace du Centre Air Canada pour se dégourdir les jambes, Robby Fabbri est apparu dans les coulisses de l’amphithéâtre. Il se déplaçait à l’aide de béquilles et sa jambe droite était entourée d’une botte protectrice.

Fabbri s’est infligé une entorse à la cheville en faisant une mauvaise chute après avoir raté une mise en échec aux dépens du défenseur danois Anders Krogsgaard en quarts-de-finale. Groulx avait confirmé après la rencontre que le tournoi de son attaquant était terminé.

« C’est une grande perte pour nous, a déploré l’entraîneur. Il apportait beaucoup de profondeur à notre attaque. C’est aussi extrêmement décevant pour lui. C’est une déception comme il en a vécu plusieurs cette année; il s’était blessé au camp des Blues de St. Louis et à notre camp d’été. C’est malheureux, mais il n’a que 18 ans. Il aura peut-être la chance de se reprendre l’an prochain. »

Dans la gestion de son effectif, Groulx a réagi à la perte de Fabbri en descendant Jake Virtanen sur le trio de Nic Petan et Nick Paul et en ramenant dans la mêlée le petit Brayden Point. Relégué au rôle de 13e attaquant depuis le début du tournoi, Point est réapparu sur le deuxième trio aux côtés de Connor McDavid et Curtis Lazar.

« C’est vrai qu’il n’avait pas beaucoup joué, mais j’avais eu une conversation avec lui et il m’avait dit ‘Coach, quand tu vas me dire que tu as besoin de moi, je vais être là’. Il ne mentait pas », apprécie Groulx.

Malgré sa faible utilisation, Point a trouvé le moyen d’amasser trois points en cinq matchs jusqu’ici. Il a marqué le septième but des siens dans le massacre contre le Danemark, appliquant la touche finale à une magistrale pièce de jeu préparée par ses compagnons de trio.

« Ce sont deux excellents joueurs, beaucoup plus expérimentés que moi à ce niveau. J’essaie juste de faire ma part », s’est contenté de commenter le numéro 9 après le match.

« J’ai confiance en Brayden, clame son patron. L’une de ses grandes qualités, c’est sa capacité d’adaptation. Il peut jouer au centre, à gauche, à droite, avec différents coéquipiers. D’un autre côté, Virtanen amène de la vitesse et de la force physique pour compléter Nic et Nick. »

Groulx a confirmé que l’expérience tentée après la perte de Fabbri contre le Danemark serait renouvelée lors des retrouvailles contre la Slovaquie.