MONTRÉAL – Équipe Canada ne donne que des miettes depuis le début du Championnat mondial de hockey junior. Pour la troisième fois de son histoire, la sélection nationale a amorcé la compétition avec deux jeux blancs, tout ça en ne concédant qu’un total de 29 tirs au but.

En comptant les matchs préparatoires, ÉCJ n’a absolument rien concédé depuis neuf périodes et des poussières. Le dernier but qu’elle a accordé est survenu sur un lancer de pénalité. À ses cinq dernières sorties, elle a limité ses adversaires à une moyenne d’à peine 16 lancers par rencontre.

Mais malgré ces chiffres éloquents, Benoît Groulx n’est pas encore pleinement satisfait du rendement de son groupe.

« Ce ne sont que des statistiques. On est content, mais je pense qu’il y a encore place à amélioration dans notre jeu défensif », a estimé le pilote d’ÉCJ lors de sa rencontre avec les médias dimanche matin.

« Je crois que nos gardiens de but, même s’ils n’ont pas fait face à beaucoup de lancers, ont eu des arrêts difficiles à faire dans chacun de nos matchs, a poursuivi Groulx. Défensivement, on peut faire preuve d’encore plus de constance. Il faut s’assurer de bien jouer dans les trois zones à toutes nos présences. »

Pour valider son point, Groulx est revenu sur le relâchement observé la veille lors de la deuxième période du match contre l’Allemagne, alors que le Canada n’a pu se permettre de respirer un peu qu’après avoir inscrit deux buts en fin de troisième période.

« Après avoir marqué deux fois en avantage numérique, on a peut-être pensé qu’on s’en allait dans la même direction que la veille face à la Slovaquie. On a vraiment dû retrousser nos manches pour éventuellement connaître notre meilleure période du match », critiquait encore le patron canadien au lendemain d’un gain de 4-0.

Le capitaine du Canada, Curtis Lazar, abondait dans le même sens que son entraîneur.

« On a commencé à courir un peu partout dans leur territoire à un certain moment, on s’est éloigné des éléments de base du hockey », a confessé l’attaquant des Sénateurs d’Ottawa, qui a marqué son premier but du tournoi dans la victoire. « Se servir de la rampe, bien communiquer, supporter le porteur de la rondelle… ce sont des petits détails qui, s’ils sont bien appliqués, peuvent rapporter des dividendes plus tard dans le tournoi. On sait que nos gardiens peuvent faire le travail, mais on veut leur rendre la vie la plus facile possible. »

« On compte sur quatre trios qui peuvent exceller autant en attaque qu’en défense, c’est ça notre identité », a ajouté Max Domi, qui s’était attiré les compliments de son entraîneurs pour son acharnement en défense, même quand le match était dans la poche, contre la Slovaquie. « On peut marquer, mais on veut aussi bloquer des lancers, se replier en défense, faire suer l’équipe adverse. On a tous adhéré à cette mentalité et on est satisfait des résultats obtenus jusqu’ici, mais c’est aussi évident qu’il y a des choses sur lesquelles on doit travailler. »

Mikko RantanenDes champions en titre vulnérables

Jusqu’à maintenant, le prochain adversaire du Canada n’a rien démontré qui puisse laisser croire que la perfection défensive de l’équipe hôtesse - sinon dans l’opinion du coach, au moins au tableau indicateur - soit menacée.

Médaillée d’or l’an dernier en Suède, la Finlande n’a pas les allures d’une équipe championne depuis son arrivée à Montréal. Elle a perdu ses deux premiers matchs, contre les États-Unis et la Slovaquie, et ses deux seuls buts ont été l’œuvre du même joueur, Mikko Rantanen. Son jeu en avantage numérique, qui n’a rien produit en dix opportunités, est particulièrement aride. 

 

Mais pour Groulx, ces informations sont impertinentes. « Pour être honnête, on a regardé leurs matchs et je suis sûr qu’ils ont regardé les nôtres, mais on n’accorde pas vraiment d’importance à la place qu’ils occupent dans le classement. Tout ce qu’on a en tête, c’est le match de demain. »

La Finlande a tout de même démontré de belles choses malgré ses résultats décevants. Son échec-avant soutenu, notamment, est susceptible de semer la confusion contre une défensive qui n’y est pas préparée et la rapidité de ses petits joueurs lui permet de provoquer de nombreux revirements en replis défensif.

« On sait qu’on devra être prêts à affronter une équipe solide, affirme Groulx. Les Finlandais sont de bons patineurs qui travaillent très bien en unité de cinq et ils sont très efficaces pour fermer la zone centrale. Il nous faudra prendre les bonnes décisions en possession de rondelle et s’assurer d’utiliser notre vitesse à notre avantage. »

« Je pense qu’ils sont un peu frustrés d’avoir perdu contre la Slovaquie, alors c’est sûr qu’ils vont sortir avec beaucoup d’énergie, croit Anthony Duclair, approuvant la suggestion que la Finlande représentera le premier vrai test du Canada. Ça sera à nous de contrôler ça. Je pense que ça va être un bon match. »

« Ça sera probablement une question de vie ou de mort pour eux, calcule Lazar. Ils ont encore une bonne équipe et je m’attends à ce qu’ils nous attendent avec beaucoup d’aplomb. »

L’an passé, la Finlande avait contraint le Canada à faire son deuil de la médaille d’or en remportant par la marque de 5-1 le duel entre les deux pays en demi-finale. Groulx, qui était alors l’adjoint à Brent Sutter derrière le banc d’ÉCJ, dit avoir effacé cette déception de sa mémoire.

« Pour moi, c’est du passé. Notre équipe est différente, la leur aussi. On ne veut pas penser à ça, on veut rester dans le moment présent. Ce n’est pas une question de revanche », a insisté l’entraîneur des Olympiques de Gatineau.

Le match aura une signification particulière pour l’attaquant Jake Virtanen, dont le père est Finlandais.

« Je sais que mon grand-père est toujours un peu nerveux quand le Canada affronte la Finlande. Il a un petit faible pour son pays d’origine, mais je crois qu’il sera avec nous de tout cœur demain », prévoyait le Britanno-Colombien.