Joe Veleno sur le chemin de la rédemption
Mondial Junior jeudi, 26 déc. 2019. 08:55 samedi, 14 déc. 2024. 13:59OSTRAVA, République tchèque – S’il est vrai que les voyages forment la jeunesse, Steve Yzerman a décidé de payer une bonne traite à Joe Veleno lorsqu’il lui a passé un coup de fil au début du mois de décembre.
En annonçant à l’un des plus beaux espoirs de son organisation qu’il serait prêté à Équipe Canada junior durant la période des Fêtes, le directeur général des Red Wings de Detroit, Steve Yzerman, a posé une condition. Plutôt que de faire les cinq heures de route vers Oakville, en Ontario, pour aller participer au camp de sélection d’une équipe au sein de laquelle sa présence était assurée, Veleno allait s’envoler pour la Californie avec les Griffins de Grand Rapids, le club-école des Wings.
Le Montréalais a joué quatre matchs en sept jours sur la côte ouest américaine. Le 17 décembre, il a récolté une aide dans une victoire de 3-2 sur les Gulls de San Diego. Le lendemain, il partait pour Vienne, avec escale à Chicago, un périple de 24 heures traversant neuf fuseaux horaires qui marquait le début officiel de sa route vers la rédemption.
« J’étais content, racontait Veleno, l’un des cinq vétérans qu’ÉCJ a convoqués pour une deuxième année consécutive. Surtout avec le classement de l’année passée, j’aimerais ça le gagner à ma dernière année. Ça serait plus le fun que de finir sixième. Ça a vraiment fait mal l’année passée.
Veleno a encore sur le cœur l’élimination hâtive subie par le Canada l’année dernière à Vancouver, alors que la Finlande avait mis fin au parcours des favoris locaux en quarts de finale. Alors âgé de 18 ans, le natif de Kirkland avait connu un tournoi plutôt tranquille avec une récolte de deux points en cinq parties. L’entraîneur-chef Tim Hunter l’avait notamment cloué au banc lors du deuxième match de la ronde préliminaire en plus de le pointer du doigt dans les médias.
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Le contexte est complètement différent cette année à Ostrava, où le Canada disputera les honneurs du Groupe B aux États-Unis, à la Russie, à la République tchèque et à l’Allemagne. Mercredi, Veleno a été désigné comme l’un des trois assistants au capitaine Barrett Hayton, puis il s’est entraîné sur ce qui devrait être le principal trio offensif d’ÉCJ aux côtés d’Alexis Lafrenière et Nolan Foote.
« Je pense que cette année, j’aurai une meilleure chance de prouver ce que j’ai à prouver, dit l’ancien des Sea Dogs de Saint John et des Voltigeurs de Drummondville. Je vais avoir des opportunités dans toutes les situations, je ne pense pas que le temps de glace va être un problème pour moi. Mais en même temps, il faut que je joue bien, que je sois responsable dans ma zone pour que le coach me fasse confiance dans des situations cruciales. »
À la meilleure école
Dans cette quête d’efficacité et de polyvalence, Veleno considère qu’il est inscrit à la meilleure école. Comme son statut de joueur exceptionnel lui avait permis de faire son entrée dans la Ligue junior majeure du Québec à 15 ans, le rapide joueur de centre était admissible à faire le saut dans la Ligue américaine dès cette année.
La transition a, sans surprise, été difficile. Veleno a été complètement tenu en échec dans ses six premiers matchs chez les pros et a plus tard connu une séquence de onze matchs sans but. À son départ pour le Mondial junior, il avait compilé 12 points en 29 matchs et montrait le pire rendement défensif de toute la Ligue américaine avec un différentiel de -22.
« Il y a eu des matchs où ça n’allait vraiment pas bien, mais il y en a eu d’autres où je jouais avec beaucoup de confiance, relativise le 30e choix du repêchage de 2018. C’est différent de tout ce que j’avais connu avant. C’est dur avec le voyagement et les nombreux matchs qui se succèdent. J’avais un peu de difficulté avec ça. »
« Ça m’a pris quand même du temps à scorer et à faire des points, mais je pense que c’est une réalité à laquelle je dois m’habituer. Les Red Wings insistent vraiment pour que je ne me concentre pas sur l’attaque et que je travaille sur mon jeu défensif. Ils m’ont dit que ça prendrait du temps, mais qu’avec le talent que j’ai, ça finirait par rapporter et qu’une fois que je serai plus fiable dans ma zone, ça va me permettre de jouer avec des ailiers qui sont vraiment offensifs. Alors l’attaque va venir à un moment donné. Il faut que je sois patient. »
Au moment de se rapporter au camp de sélection d’ÉCJ, il y a un an, Veleno avait amassé 31 points à ses neuf derniers matchs dans la LHJMQ et était considéré comme l’un des joueurs d’âge junior les plus dangereux au pays. Le contraste avec cette année est frappant, mais Veleno demeure convaincu que la décision de passer chez les pros était la bonne.
« Je ne pense pas qu’il y ait un gros débat à faire là-dessus. Detroit voulait que je joue dans la Ligue américaine et je pense que c’est la meilleure chose pour mon développement. Je pense que j’apprends beaucoup plus que si j’étais resté dans le junior. C’est un plus gros défi pour moi et je suis heureux où je suis présentement. »
Pour les deux prochaines semaines, Veleno reprendra la compétition avec des jeunes de son âge. La différence entre ces deux réalités l’a frappé lors du match préparatoire contre la Finlande, lundi. La patinoire de plus grande dimension a aussi nécessité une certaine adaptation. Mais malgré tout ça, Veleno a formé avec Lafrenière et Foote le trio le plus menaçant de l’équipe canadienne.
« Ça bien été, mais je pense que j’ai encore plus à donner », a-t-il laissé entrevoir à la veille du début du tournoi.