Le Canada rejoint la Russie en finale
Mondial Junior dimanche, 4 janv. 2015. 20:00 lundi, 5 janv. 2015. 00:20TORONTO – Les joueurs canadiens s’attendaient à une meilleure opposition, ils l’ont reçue. Inspirée par un gardien tenace, la Slovaquie fut un adversaire digne, beaucoup plus coriace que lors d’un premier duel peu mémorable entre les deux équipes.
Mais contre cette impressionnante mouture canadienne, le courage ne suffit pas.
Équipe Canada s’est assurée de remonter sur le podium du Championnat mondial junior après une absence de deux ans – aussi bien dire une éternité - dimanche à Toronto. Sa victoire de 5-1 lui a valu une qualification pour la grande finale du tournoi où l’attendait déjà la Russie, victorieuse de la Suède quelques heures plus tôt.
Muté sur le trio de Connor McDavid et Curtis Lazar, Nic Petan a gardé intact le rêve d’une première médaille en six ans grâce à un tour du chapeau. Ses deux nouveaux compagnons ont préparé chacun de ses buts.
Petan est maintenant le meilleur marqueur du tournoi avec onze points. McDavid et Lazar, qui roulent à un train d’enfer après un début de compétition tranquille, le suivent de près avec respectivement dix et neuf points.
« Je voyais que Nic avait une bonne soirée dans le corps. Il patinait, contrôlait la rondelle avec aplomb, a bloqué un lancer, se repliait efficacement. En fin de deuxième, on a décidé de lui donner une chance avec Connor et Curtis. Ils ont été un trio dominant », se félicitait Benoît Groulx après la victoire.
« On pouvait voir dès le début qu’il allait connaître un bon match, a approuvé Sam Reinhart au sujet de Petan. Il était partout sur la glace et on aurait dit que la rondelle était toujours sur son bâton. »
Shea Theodore et Anthony Duclair ont pris en charge le reste de l’attaque.
Zachary Fucale a reçu 15 lancers. Il a cédé devant David Soltes en toute fin de première période, accordant seulement son deuxième but en quatre départs depuis le début du tournoi. Malgré la qualité de sa performance, Groulx n’a pas dérogé de son habitude et n’a pas voulu confirmer l’identité de son gardien en vue de la finale.
« On a eu une très bonne performance ce soir. C’est sûr que par moments, on aurait voulu être meilleurs, mais on va s’ajuster. L’important, c’est qu’on ait fait le travail. On est où on voulait être pour demain », a déclaré Fucale.
Son vis-à-vis, Denis Godla, a été bombardé de 44 lancers. Son brio a été chaleureusement applaudi par la foule du Air Canada Centre lors des cérémonies d’après-match.
Le « Godla Show »
La veille du match, l’entraîneur slovaque Ernest Bokros avait posé une colle aux journalistes canadiens qui avaient patienté pour lui piquer un brin de jasette. Il prétendait qu’il y avait une colonne de statistiques où son équipe se comparait avantageusement au Canada. « Laquelle? », s’était-il fait le plaisir de demander.
La réponse : le taux d’efficacité en désavantage numérique. Avant la rencontre, la Slovaquie n’avait accordé qu’un but en 18 occasions à court d’un homme.
Bokros aurait-il jeté un mauvais sort à ses joueurs? Dès qu’il a eu l’occasion de déployer son jeu de puissance, le Canada en a profité pour prendre les devants. Les favoris n’avaient pas encore de tir au but quand Petan a touché la cible à 4:27, déjouant Godla d’un tir précis du côté de la mitaine après avoir reçu une passe de Lazar.
Mais contrairement au premier rendez-vous entre les deux équipes Godla a dû partager la tribune. Fucale a d’abord répondu à l’appel lorsqu’il a été confronté à une rare menace, un tir de Peter Cehlarik alors que les Slovaques évoluaient à leur tour en avantage numérique. Le gardien des Remparts de Québec a ensuite réussi son plus bel arrêt du tournoi lorsque Pavol Skalicky s’est échappé en fin de période. Après 20 minutes de jeu, on était loin du massacre attendu.
« On a été un peu brouillons et désorientés en début de match, mais on a persévéré et éventuellement, on a trouvé le moyen de dominer », a commenté Lazar.
Godla a repris l’avant-scène en deuxième période. Dans les trois premières minutes de l’engagement, le Canada l’a défié sept fois, mais il n’a jamais bronché. Ses arrêts les plus mémorables ont été réalisés aux dépens de Lawson Crouse et Frédérik Gauthier.
Le spectacle du pilier slovaque s’est poursuivi lors d’un autre avantage numérique accordé au Canada, quand Godla a sorti la mitaine pour gober un tir de la pointe de Joe Hicketts. Darnell Nurse frappait le poteau quelques secondes plus tard.
« Encore une fois, leur gardien a été magique ce soir », a résumé Groulx.
Un nouveau trio du tonnerre
Uniquement utilisé avec McDavid et Lazar dans un rôle de spécialiste en avantage numérique, Petan a éventuellement hérité d’une place permanente aux côtés des deux complices en deuxième période.
La décision a rapidement rapporté des dividendes. En fin de deuxième, Petan est passé en tête du classement des compteurs en ajoutant un autre but à sa fiche. Cette fois alimenté par McDavid, l’espoir des Jets de Winnipeg a battu Godla d’un laser dans la lucarne pour récolter son dixième point en six matchs.
Le Canada s’est placé dans le siège du conducteur en augmentant son avance 86 secondes plus tard. Le défenseur Shea Theodore a profité d’un beau relais de Duclair pour s’échapper et secouer les cordages.
« Ces deux buts en fin de deuxième ont fait la différence dans le match », était d’avis Groulx.
Mais les Slovaques ont donné signe de vie avant l’entracte. Avec 3,7 secondes à écouler, l’insouciance canadienne en zone adverse a mené à un surnombre qui a permis à David Soltes d’inscrire les négligés au tableau indicateur. Il s’agissait du premier but accordé par Fucale en 101 minutes et 31 secondes, soit depuis qu’il avait été battu par Artturi Lehkonen en fin de deuxième période lors d’un match de la phase préliminaire contre la Finlande.
Fucale tentait de devenir le deuxième gardien canadien à réussir trois jeux blancs dans un même Mondial junior. Justin Pogge avait réussi l’exploit en 2006.