ÉCJ : après avoir craint le pire, Mavrik Bourque part en mission
Mondial Junior mercredi, 8 déc. 2021. 15:10 mercredi, 11 déc. 2024. 22:30Une première version de cet article a été publiée dans la dernière édition du Carnet LHJMQ.
MONTRÉAL – La réaction initiale de Mavrik Bourque a été l’angoisse. Ensuite est venu le soulagement, puis se sont entremêlés dans un ordre plutôt vague le découragement, la rancœur et la reconnaissance.
Les proverbiales montagnes russes d’émotions, ce manège emprunté par tant d’athlètes depuis son introduction dans le jargon du sport de haut niveau, ont donné toute une ride au capitaine des Cataractes de Shawinigan au cours des derniers mois.
Bourque connaissait un solide début de saison quand une bête blessure à une épaule est venue freiner son élan par un soir d’octobre à Boisbriand.
« On menait 5-2, il devait rester trois ou quatre minutes, raconte l’orgueil de Plessisville en entrevue à RDS. J’ai comme essayé de pousser un gars, mais mon bras est passé tout droit, il est resté en pleine extension et je suis mal tombé. Au moment de la chute, je l’ai senti direct dans mon cou, j’avais l’impression que ma tête allait lâcher. Sur la glace, j’avais mal. Je paniquais un peu. »
Tout de suite, on a spéculé sur les implications potentielles de cette malchance sur sa participation au camp de sélection d’Équipe Canada junior un mois et demi plus tard.
Un premier médecin lui a prédit une convalescence de quatre semaines. Un deuxième avis a plutôt fait état d’une période d’inactivité de huit semaines. Quand les réseaux sociaux ont apporté leur grain de sel à l’histoire, Bourque s’est mis à broyer du noir.
« C’est sorti sur Twitter que je serais absent pour deux mois avant même que j’aie eu des nouvelles. Ça "popait" de partout. Ça, j’ai trouvé ça quand même très ordinaire. Il y a une journée, je me souviens, je rentrais à la maison et le verdict n’était pas encore clair, mais j’avais comme l’impression que j’allais rater ma chance. Je parlais avec mon agent, il me disait d’y aller une journée à la fois, mais dans ma tête j’étais vraiment démoralisé. Cette journée-là a été plus dure. »
Pour faire la lumière sur sa situation, le choix de première ronde des Stars de Dallas est allé passer une semaine au Texas avec les médecins de l’équipe. Il est revenu au Québec avec un esprit aéré et, surtout, un échéancier clair et optimiste quant à sa son processus de guérison. « J’ai mis les bouchées doubles aussitôt que j’ai débarqué à Shawi », dit-il.
Vendredi dernier, cinq semaines exactement après être tombé au combat, Bourque était en uniforme pour le début d’un sprint de trois matchs en trois jours. Même si sa place au camp final d’ÉCJ lui avait déjà été confirmée quelques jours plus tôt, il a abordé cette séquence comme le début de l’audition, une première façon de dissiper les doutes et de faire comprendre aux décideurs de Hockey Canada qu’il était prêt à en découdre.
« Tout le mois de novembre, j’y pensais, je me demandais si j’allais recevoir une invitation ou non. Au début, on pensait que si je revenais, c’était vraiment juste pour le début du camp. D’avoir la chance de jouer ces matchs et de montrer que j’étais de retour à 100%, que j’étais prêt à me battre pour une place dans l’équipe, c’était important pour moi. Et je pense que j’ai réussi à le faire. »
Un complice à Calgary
Bourque a récolté deux buts et deux aides dans une victoire de 6-2 contre les Voltigeurs de Drummondville. Le lendemain, il a contribué pour quatre passes dans un gain de 5-4 contre les Mooseheads de Halifax. Le troisième jour, il a sagement opté pour une journée de repos pendant que ses coéquipiers affrontaient le Phoenix de Sherbrooke.
« Au départ, c’était déjà prévu que je joue seulement deux matchs sur trois. C’est sûr que j’avais quand même le goût de tous les jouer, donc ça allait dépendre un peu de mon temps de glace. Mais avec Stéphane Dubé, le préparateur physique qui travaille avec moi, mon agent Dominic De Blois et l’organisation, on a convenu que c’était mieux que j’en saute une. Surtout que le samedi, j’avais joué proche de 25 minutes. Pour moi, c’était mieux de me reposer. »
De toute façon, croit-il, son message était passé.
« Que j’aie joué 30 matchs ou que j’en aie joué dix, je pense que rendu là, tout le monde aura quelque chose à prouver, philosophe celui qui avait été retranché par Hockey Canada il y a un an. Avec mes dix matchs, j’ai gagné ma place au camp. Ça va maintenant être à moi de prouver que je mérite plus que ça, que j’ai ma place avec l’équipe. »
Bourque était accompagné d’un précieux complice lorsqu’il s’est envolé en direction de Calgary ce matin. Xavier Bourgault, un autre choix de premier tour dans la LNH, a lui aussi reçu l’invitation d’ÉCJ. À 18 ans, ses chances de se tailler un poste au sein du groupe semblent plus modestes, mais ses performances en ce début de saison justifient amplement sa place sur le radar de la sélection nationale.
Bourgault domine présentement la LHJMQ avec 22 buts et affiche un total de 42 points en 24 matchs. Bourque et lui ont fait des flammèches chaque fois qu’ils ont été réunis sur une même unité depuis la saison dernière. Juste en fin de semaine, les deux complices ont uni leurs efforts sur sept des onze buts de leur équipe dans les deux matchs qu’ils ont joués ensemble.
Rien ne dit que Dave Cameron et ses adjoints décideront de les jumeler lors du court laps de temps qu’ils auront pour les évaluer, mais Bourque croit que la présence de son ami à ses côtés ne peut certainement pas nuire.
« Veux, veux pas, que ça soit deux gars de l’OHL, deux gars de l’Ouest ou deux gars du Québec qui sont habitués de jouer ensemble, si tu les fais jouer ensemble rendu là-bas, c’est quand même un avantage de bien connaitre ton compagnon de trio. Xavier et moi, on aimerait jouer ensemble, mais même si ça arrive, on sait que ça ne garantit rien. Il va falloir prouver que notre chimie est solide et faire nos preuves. »