TORONTO - Les faibles assistances enregistrées lors des matchs du Championnat du monde de hockey junior présentés à Montréal pourraient inciter la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) à suggérer à Hockey Canada de revoir la place de la métropole québécoise en vue du retour de l’événement au pays en 2017.

Déçu de l'assistance à Montréal

En conférence de presse dimanche après-midi à Toronto, le président de l’IIHF René Fasel et le président du tournoi, Frank Gonzales, ont admis que la disparité entre les recettes engendrées aux guichets au cours des dernières semaines pour les parties tenues au Centre Bell et celles jouées au Air Canada Centre obligeait à la réflexion.

« Nous devrons vraiment nous asseoir avec tous les partis concernés et discuter du problème, parce que c’en est un, n’a pas caché M. Gonzales. J’espère que nous n’aurons pas à quitter Montréal, nous voudrions y retourner. Mais les chiffres n’ont pas été à la hauteur des attentes. Il faudra trouver la cause et solution. Si on ne le fait pas, bien sûr qu’il faudra étudier d’autres options. »

Toronto et Montréal avaient le mandat d’organiser conjointement la tenue des Mondiaux junior en 2015 et 2017. Cette année, Montréal a accueilli les matchs de la phase préliminaire du groupe A, dont quatre impliquant l’équipe hôtesse, en plus de deux matchs des quarts de finale. Les parties impliquant le groupe B ainsi que tous les autres matchs de la ronde éliminatoire avaient lieu à Toronto.

Le plan prévu est d’inverser les rôles dans deux ans en présentant les quatre premiers matchs du Canada à Toronto.

Avant la présentation des demi-finales, les parties présentées à Toronto avaient attiré une moyenne légèrement supérieure à 13 000 spectateurs par match. À Montréal, les douze rencontres disputées sur la glace du Centre Bell ont été vues par une moyenne de 9773 amateurs. Si on supprime de l’équation les matchs impliquant le Canada, ce chiffre descend à 6970.

René Fasel fait son possible pour mettre en perspective cet échec évident, notamment en parlant du nombre total de billets vendus. Il ne mentionne toutefois pas qu’en 2010, alors que le tournoi était tenu en Saskatchewan, une dizaine de matchs avaient eu lieu dans un aréna d’à peine 6000 sièges. Cette année-là, près de 12 000 spectateurs, en moyenne, avaient assisté aux matchs présentés à Saskatoon. En 2009, à Ottawa, les 17 matchs présentés au domicile des Sénateurs avaient produit une assistance moyenne de 18 855 spectateurs. Et en 2012, alors que Calgary et Edmonton avaient obtenu la présentation du tournoi, la foule moyenne était de 14 345 spectateurs.

« Les chiffres ne sont pas si mal, mais les attentes étaient très élevées. C’est peut-être là la source de la petite déception que nous vivons », a répété à quelques reprises M. Fasel.

Un tournoi hors de prix?

Le président de l’IIHF croit que le prix des billets proposé aux amateurs montréalais et une lacune au niveau de la visibilité de l’événement peuvent expliquer la réponse décevante du public québécois.

« Mes amis canadiens me disent que les prix n’étaient pas différents de ce que l’on voit habituellement au Mondial junior, alors je ne sais pas trop. Est-ce qu’il y a eu un manque de promotion durant les mois de septembre, octobre et novembre? Je pense que cet aspect a été un peu mieux réussi à Toronto, avance M Fasel. Encore une fois, il faut vraiment réfléchir et se demander s’il faut ou non rester à Montréal. »

Confronté par un collègue du Hockey News, qui disait avoir vu le même billet trois fois plus dispendieux à Montréal qu’il ne l’était trois ans plus tôt à Calgary, M. Fasel n’a pas cherché à se défiler.

« Je suis totalement d’accord, j’ai été tout aussi surpris que vous. Avec des billets aussi dispendieux en Europe, il n’y aurait absolument personne dans l’aréna », a-t-il admis, précisant que le prix des billets avait été fixé par Hockey Canada.

Au cours de la dernière semaine, M. Fasel a soulevé l’idée, sur les ondes d’une station de radio montréalaise, de déplacer quelques matchs de l’édition 2017 du tournoi dans le nouvel amphithéâtre de Québec.

« Nous n’avons aucun poids quant à la décision qui sera prise, a-t-il prudemment précisé dimanche sans mêler la Vieille Capitale au débat. N’oublions pas qu’il existe un contrat entre Montréal, Toronto et Hockey Canada, donc il faut le respecter. Mais je pense que c’est un avertissement pour Montréal. Si on veut réussir en 2017, il faudra trouver un moyen de remplir l’aréna. »