Nazarov et le Kazakhstan bulldozent la Division 1A
Hockey samedi, 25 avr. 2015. 19:33 vendredi, 13 déc. 2024. 19:06Andrei Nazarov n’a laissé personne indifférent lors de son passage dans la Ligue nationale de hockey. L’ours russe a entre autres affronté Georges Laraque, Donald Brashear et Matthew Barnaby. Il a saigné Bob Probert et il a attaqué Stéphane Quintal à coup de tête. Le poids lourd de Tcheliabinsk a aussi reçu une suspension de 13 matchs pour avoir maltraité un juge de ligne en 1997. Une feuille de route ponctuée de knock-out.
Aujourd’hui entraîneur dans la KHL, Nazarov dirige comme il a joué au hockey. À la tête du Vityaz de Tchekhov en 2011, il a été suspendu après une échauffourée avec les partisans du Dinamo de Minsk. Cette année, à titre d’entraîneur du Barys d’Astana, il a scandalisé la direction de la KHL en distribuant les doigts d’honneur aux partisans de l’Admiral de Vladivostok. Il a à nouveau été suspendu pour avoir lancé une bouteille d’eau à Alexander Svitov du Ak Bars de Kazan. Nazarov a, encore aujourd’hui, de la difficulté à gérer ses émotions.
Tout cela ne l’empêche pas d’être efficace. Nazarov a amené le Barys en séries éliminatoires avant de s’incliner en 7 matchs contre une puissance de la KHL, l’Avangard d’Omsk. Le poste d’entraîneur du Barys vient aussi avec la direction de l’équipe nationale du Kazakhstan. L’ancienne République soviétique a été reléguée lors des championnats mondiaux de Minsk de 2014 et la Fédération kazakhe tenait mordicus à voir l’équipe nationale revenir dans l’élite mondiale. Le géant de 6 pieds et 5 pouces a répondu à l’appel.
« Je ne suis pas le premier à faire cela. Tous les entraîneurs du Barys ont été entraîneurs de l’équipe nationale. Nous utilisons le Barys comme base pour l’équipe nationale et nous utilisons l’équipe nationale pour faire progresser les joueurs du Barys. Je suis très à l’aise avec cette manière de faire. En fait, c’est dans ce type de structure que je préfère travailler. »
Nazarov a prouvé qu’il a le profil de l’emploi à Cracovie, où se sont tenus les matchs du Groupe A de la division de relégation. Celui qu’on appelle maintenant le Mike Keenan russe a écrasé l’Ukraine, la Hongrie, le Japon, la Pologne et l’Italie sans jamais regarder en arrière. Son équipe formée majoritairement de joueurs de la KHL n’a pas donné de chance aux petits pays d’Europe centrale. Le Russe sait toutefois que le vrai défi l’attend à Moscou en 2016.
« Nous n’aurons pas le même alignement l’an prochain. Nous avons d’autres joueurs qui ne nous ont pas rejoints cette année. L’an prochain, nous allons nous assurer d’avoir une équipe plus pesante. Je suis fier des gars que j’ai dirigés cette année, mais nous devons absolument avoir une plus grande force de frappe lorsque nous jouerons à Moscou. »
Le Kazakhstan est le plus puissant pays asiatique dans le domaine du hockey. L’équipe nationale est pourtant formée majoritairement de Russes. Il ne s’agit pas de joueurs naturalisés, puisque les Russes forment le deuxième groupe ethnique du Kazakhstan et c’est dans cette tranche de la population que l’on retrouve le plus de joueurs de hockey. Talgat Zhailauov est le seul Kazakh de l’équipe nationale. À ses yeux, l’ethnicité de ses coéquipiers n’a aucune importance.
« Dans notre pays, nous avons plusieurs nationalités, mais nous avons tous le même passeport. Nous sommes tous fiers de jouer pour notre pays, pour nos familles et nos compatriotes. Nous avons aussi quelques joueurs naturalisés, comme Brandon Bochenski et Kevin Dallman. Ils sont les bienvenus. Kevin est avec nous depuis longtemps. Lui et sa famille aiment le Kazakhstan. Nous sommes réellement chanceux d’avoir des gens comme eux parmi nous. »
Tandis que le Kazakhstan récolte une médaille d’or, la Hongrie arrache de justesse une médaille d’argent. Une victoire de 2 à 1 contre la Pologne permet aux Hongrois de se tailler une place dans l’élite mondiale devant des milliers de partisans déchaînés. Frank Banham, natif de Calahoo, a été naturalisé hongrois en 2013. Il avoue que les Polonais ne leur ont pas fait de cadeau.
« On savait qu’ils allaient mettre toute la gomme. Les Polonais sont comme ça. Lors d’un camp d’entraînement des Devils du New Jersey, je me rappelle qu’on avait eu un gars de la Pologne. Il se battait à chaque présence sur la glace comme si c’était la dernière. Leur équipe nationale a joué comme cela ce soir. »
La Pologne a réellement cru à ses chances. Après la déroute des Italiens, les portes d’une place dans l’élite se sont ouvertes aux favoris de la foule. Forts de leurs victoires contre le Japon et l’Ukraine, les Polonais auraient pu se classer deuxièmes en vainquant la Hongrie en temps régulier. Un but dans un filet désert a toutefois mis fin aux espoirs des 12 600 partisans en délire réunis au Krakow Arena. Le gardien de la formation, Przemyslaw Odrobny, est déçu.
« Lorsque la sirène s’est fait entendre, nous étions très déçus. Nous voulions atteindre l’élite. C’était notre seul but. Nous ne voulions pas nous contenter d’une troisième place. Toutefois, avec un peu de recul, nous avons de bonnes raisons d’être fiers de nous. Nous n’avons pas été relégués et nous avons tout de même récolté une médaille pour notre pays. Aller chercher le bronze à Cracovie, c’est très bon pour le hockey en Pologne. Les gens se sont déplacés pour venir nous voir jouer et ils nous ont supportés jusqu’à la fin. Ça nous donne le goût de travailler encore plus fort pour obtenir de meilleurs résultats l’an prochain. »
Tandis que les Polonais sont déçus de rester dans le premier groupe de relégation, les Japonais en sont soulagés. Une victoire surprise contre l’Italie, par la marque de 3 à 2, a donné des ailes au Japon. Avec déjà 3 points en banque, les troupes de Mark Mahon ont trouvé le courage nécessaire pour éliminer les Ukrainiens à la toute fin du tournoi. L’entraîneur ontarien s’attendait tout de même à mieux de sa formation.
« Nous sommes dans ce groupe depuis longtemps. Nous ne sommes pas venus ici avec le but d’y rester, mais bien de faire un pas en avant. Nous avons pris beaucoup de temps avant de réellement trouver un minimum de cohésion. C’est bien d’avoir gagné en fin de tournoi, mais si nous avions commencé à gagner plus tôt, nous aurions eu de bonnes chances d’enfin passer à d’autres choses. »
L’an dernier, le Japon est venu bien près de se retrouver dans l’élite mondiale. Le tournoi de 2015 pourrait donc être vu comme une régression. Mahon voit les choses bien différemment.
« Nous avions une beaucoup plus jeune équipe cette année, particulièrement en défensive. Nous devons être responsables et penser au développement des jeunes. Malgré les défaites lors de cette compétition, je crois que nous avons progressé. Nous avons bien fait lors des matchs hors concours contre la Slovénie et certains clubs de la KHL. Nous allons rebondir l’an prochain. »
Le tournoi de la Division IA s’est déroulé à Cracovie du 19 au 26 avril en 2015. Il a dû déménager à cause de la guerre civile ukrainienne, car il devait initialement se tenir à Donetsk. L’an prochain, la Corée du Sud remplacera l’Ukraine dans la Division IA, puisqu’elle a été sacrée championne de la Division 1B cette année. Les remplaçants du Kazakhstan et de la Hongrie seront connus après les Championnats mondiaux de Prague de mai 2015.