Paul Tagliabue a sans doute raison de vanter les bienfaits d'un plafond salarial d'autant plus qu'il peut se targuer d'avoir 30 formations qui atteindront la plateau des $100 millions au niveau de la masse salariale.

Tagliabue profite de l'occasion pour pontifier parce que, éventuellement, ce sont les grandes chaînes de télévision qui ne pourront plus souscrire aux sommes gigantesques qu'elles versent aux propriétaires de la NFL.

Entre-temps, Tagliabue savoure chaque minute de la guerre que se livre le marché des communications aux Éats-Unis. On se rue vers les bureaux de la NFL pour acheter chaque minute, que dis-je, chaque seconde des activités de ce circuit. Vendredi, le commissaire vantait les mérites d'un plafond salarial, d'un partage des revenus, d'un spectacle relevé et surtout d'un système de partenariat qu'il a créé avec Gene Upshaw et l'Association des joueurs de la NFL.

Plafond salarial, aucun contrat garanti sauf peut-être ceux accordés aux joueurs vedettes de la ligue, la parité entre les équipes, possibilité d'une dynastie, de quoi faire rêver les dirigeants de toutes les ligues professionnelles de la planète. Il est intéressant de revenir dans le passé et, inévitablement, de faire un parallèle avec la Ligue nationale de hockey qui est en train de s'éliminer de la carte des principaux sports majeurs. La NFL n'a pas toujours entretenu des relations amicales avec ses employés. En 1987, les joueurs ont voté en faveur d'un arrêt de travail parce que les propriétaires avaient pris une position ferme sur le système économique qu'ils voulaient implanter.

Une grève qui s'est finalement traduit par une reprise des activités avec des scabs. Une décision qui devait semer un désaccord total au sein de l'Association des joueurs. Plusieurs membres du syndicat se posaient la question à savoir s'ils avaient pris une décision réfléchie ou encore une décision basée uniquement sur l'émotion. D'autres questionnaient le leadership des représentants de l'Association, surtout leur stratégie qui les conduisait directement vers un cul-de-sac. C'est à ce moment-là que les vrais leaders du football américain exercèrent leur influence, des joueurs comme Joe Montana, comme John Elway. Plutôt que de subir, à chaque semaine, un lavage de cerveau, ils défièrent la filière syndicale, franchissant les lignes de piquetage et créant ainsi un raz-de-marée chez les autres joueurs.

Les joueurs de la NFL prirent une chance, un grand risque. Les propriétaires gagnèrent leur point mais, ils eurent aussi l'intelligence de créer un climat de confiance, un climat où les deux groupes partageraient leurs idées au sujet d'un système économique répondant aux exigences de leur discipline. Presque 20 ans plus tard, la NFL fait bande à part. On dira que le concept qu'elle prône convient admirablement aux chaînes de télévision et aux consommateurs. Un match par semaine, de préférence le dimanche, des stades ultra-modernes et surtout un spectacle qu'on cherche à améliorer à chaque année avec des changements appropriés.

Ce que la NFL a fait au cours des 20 dernières années est à l'opposé de ce qu'ont accompli les propriétaires et les joueurs de la Ligue nationale. Le hockey est en train de perdre tous ses attributs parce que sa santé financière s'aggrave au fur et à mesure que les jours passent, il s'éloigne du public en lui bourrant le crane de promesses d'ivrogne. Les joueurs et les propriétaires ont cultivé un esprit des grandeurs tout à fait injustifié en cherchant à se comparer aux grands sports professionnels sans compter sur la moitié des revenus de la concurrence. Pire, on a laissé le spectacle se détériorer parce qu'on a cherché à niveler par le bas.

Joueurs et propriétaires sont en train de payer une facture salée.

Les propriétaires ont perdu, en revenus, plus de $1.2 milliards jusqu'ici alors que les joueurs ont vu s'envoler $900 millions en salaires. Quand les activités reprendront, dans un mois, dans un an, dans deux ans, ce sera une entreprise qui encaissera une diminution importante de ses revenus, on estime que le hockey aura du mal à générer des revenus de $1.5 milliards comparativement à $ 2.1 milliards l'an dernier.
N'avez-vous donc pas l'impression que les propriétaires de la LNH qui rêvent du modèle économique de la NFL - moins les revenus faut-il leur rappeler - se préparent à utiliser les mêmes moyens pour forcer la main aux joueurs, c'est-à-dire avec l'utilisation des joueurs remplaçants? Pour l'instant, je crois toujours que les propriétaires salivent avant tout à la perspective que 488 joueurs n'auront pas de contrat l'an prochain. Ensuite, ils regarderont sûrement du côté des joueurs remplaçants, déjà qu'ils ont passé le message. On raconte qu'une centaine de joueurs de la Ligue américaine se joindront aux équipes de la Ligue nationale si jamais les activités reprennent dans les prochains jours.

Peut-être que les joueurs devraient songer à prendre un risque, comme l'ont fait ceux de la NFL, il y a 20 ans? Ou doit-on appeler ça un risque ou plutôt regarder la réalité bien en face?