MONTRÉAL – On ne sait pas si le père de Nicolas Roy est plus fort que le vôtre. Ce qu’on sait, c’est que Nicolas Roy aime plus le hockey de séries que vous.

L’attaquant des Golden Knights de Vegas n’avait pas représenté son pays sur la scène internationale depuis sa participation au Mondial junior, en 2017, quand Hockey Canada l’a appelé pour participer au Championnat du monde ce printemps. Il a accepté sans hésiter et il ne le regrette pas une seconde. Mais depuis qu’il est en Finlande, il se rend compte qu’il lui manque un petit quelque chose pour filer le parfait bonheur.

« Je suis déçu pas mal parce que je suis quand même un gros fanatique de hockey. J’aime ça regarder des matchs, surtout en séries. Mais là, les matchs sont à 2 h et 5 h du matin, dépendamment si c’est dans l’Est ou dans l’Ouest, alors c’est pratiquement impossible, expliquait Roy lors d’un appel avec RDS mercredi. Mais aussitôt que je me lève, je regarde les résultats, les buts qui ont été marqués et tout ça. Je suis ça pas mal. »

Évidemment, l’obsession de l’Abitibien pour le hockey de printemps va bien au-delà d’un intérêt pour les plaisanteries que peuvent se lancer Paul Bissonnette et Rick Tocchet sur les ondes de TNT ou des quelques dollars qu’il aurait pu investir dans un pool avec les gars du bureau. En fait, si Roy n’avait pas représenté son pays depuis si longtemps, c’est parce qu’il est habitué d’y jouer, en séries.

Pas mal habitué même.

En 2017, à sa dernière année au hockey junior, Roy a atteint la demi-finale des séries de la LHJMQ avec les Saguenéens de Chicoutimi. En 2018, à sa première année chez les pros, il a atteint la deuxième ronde des séries de la Ligue américaine avec les Checkers de Charlotte. En 2019, il a remporté la coupe Calder avec le club-école des Hurricanes de la Caroline. Finalement, en 2020 et en 2021, il a participé à la finale de l’Association Ouest avec les Golden Knights de Vegas.

C’est assez pour trouver étrange de se retrouver ailleurs qu’entre Edmonton et Miami à cette période de l’année.

« Regarder les séries et ne pas en faire partie, c’est pas quelque chose que je souhaite vivre souvent, conclut-il sans hésiter. C’est sûr que c’est un peu différent en continuant à jouer ici, mais je regarde ça et l’année prochaine je veux en faire partie, c’est sûr. »

DeBoer, le bouc-émissaire

Roy a appris en arrivant en Europe que certains avaient payé plus cher que lui pour l’exclusion des Golden Knights des séries 2022. Après une victoire contre la Slovaquie, des coéquipiers qui avaient été plus rapides que lui pour sortir leur téléphone lui ont annoncé le congédiement de Peter DeBoer et de ses adjoints.

« Quand même surpris, je te dirais. On l’aimait beaucoup, c’est un excellent coach. C’est sûr que cette année, ça n’a pas été comme on voulait, mais on a quand même été à deux finales d’association. D’un autre côté, les attentes sont tellement élevées à Vegas qu’en ne faisant pas les séries avec l’alignement qu’on avait, on pouvait s’attendre à ce qu’il y ait des changements. »

En parlant de « l’alignement qu’on avait », Roy est conscient qu’un bémol s’impose. Sur papier, les Knights étaient forts. Le problème, c’est qu’une page complète était nécessaire pour répertorier toutes les blessures qui les ont ralentis.

Max Pacioretty et Mark Stone ont été immobilisés pour plus de la moitié de l’année. Jack Eichel n’a été en mesure de contribuer qu’à partir de la mi-février. Reilly Smith a manqué une trentaine de parties, Alec Martinez n’en a joué que 26 et les différents maux de Robin Lehner ont causé un gros casse-tête devant le filet.

C’est ce qui fait dire à Roy que les problèmes de performance ne seront que passagers.

« Je pense que c’est un reset, si on peut dire. Pour une organisation qui, à ses quatre premières saisons, a fait les séries et s’est rendue loin, ça te remet à ta place si on peut dire. Il faut travailler fort et c’est pas facile dans cette ligue-là non plus. Mais on va revenir l’année prochaine et on va recommencer ça le plus fort qu’on peut. On sait qu’on a une très bonne équipe. On n’est pas inquiet. »

Du ménage à prévoir

Ici aussi, une précision s’impose. Parce que cette « très bonne équipe » montrera assurément un visage différent la saison prochaine. Les Knights ont terminé l’année sans aucune marge de manœuvre sous le plafond salarial avec près de 11 M$ cachés sur la liste des blessés à long terme. Des joueurs devront être sacrifiés pour que l’équipe propose une formation dans les règles de l’art à l’automne.

« On est au courant que ça peut arriver, échanger un gros nom pour libérer de la place, réalise Roy.  On est aussi quatre ou cinq qui doivent signer de nouveaux contrats. D’une manière ou d’une autre, il va falloir faire de la place. Mais ça fait trois ans que je suis avec l’organisation et on a toujours eu de la misère, on a toujours été accotés ou sinon un peu au-dessus. On va trouver un moyen. »

Roy pourrait devenir joueur autonome avec compensation cet été et parce qu’il a complété un minimum de quatre saisons dans le hockey professionnel, il sera aussi admissible à l’arbitrage salarial. La campagne qu’il vient de connaître lui a donné de nombreux arguments pour se négocier une généreuse augmentation.

L’un des rares attaquants des Knights à avoir évité les malchances, Roy a atteint des sommets personnels au chapitre des parties jouées (78), des buts (15), des aides (24) et des points (39). DeBoer l’a tantôt utilisé dans un rôle offensif au centre de Smith et Jonathan Marchessault ou encore à l’aile de Jack Eichel, tantôt dans des missions plus défensives en compagnie des Janmark, Kolesar et Carrier. Dans une chaise comme dans l’autre, il a l’impression de s’être acquitté de ses tâches avec aplomb.

Qu’est-ce que l’avenir lui réserve? Un peu de stabilité au centre d’un troisième trio lui plairait bien. Il ne dirait bien sûr pas non à d’autres mandats qui le sortent de sa zone de confort. Une chose est sûre, c’est qu’à un salaire de 750 000$, il a représenté une belle aubaine. Ses patrons devront maintenant sortir le chéquier.