En fin de semaine dernière, Oufa a été le théâtre du Match des étoiles de la KHL. La capitale du Bachkortostan est un excellent marché de hockey. La ville est connue pour avoir accueilli les Championnats de hockey junior de 2012. À l’époque, Alexander Galchenyuk y a remporté une médaille d’or. Oufa est aussi le siège du Salavat Yulaev, le club de la KHL avec lequel Alexander Radulov a remporté la Coupe Gagarine en 2011 sous la direction de Viatcheslav Bykov.

Radulov n’est pas le seul ancien de la LNH à avoir endossé l’uniforme du Salavat Yulaev. Nikita Filatov y a passé deux saisons de l’automne 2012 au printemps 2014. Samedi et dimanche derniers, l’ancien premier choix des Blue Jackets de Columbus a fait un retour remarqué dans la capitale du Bachkortostan, cette fois à titre de représentant du Lada de Togliatti. L’ailier gauche de 26 ans est particulièrement fier d’être du Match des étoiles cette année.

« C’est un grand honneur pour moi de participer à ce Match des étoiles. Je suis vraiment heureux de pouvoir partager la glace avec des gars contre lesquels je joue en temps normal. Nous avons beaucoup de plaisir et j’espère que ce n’est pas ma dernière participation à ce type d’évènement! »

En Amérique du Nord, Nikita Filatov n’a pas connu les succès qu’on attendait de lui. Après un séjour dans le club-école des Blue Jackets de Colombus, le Russe a joué pour l’Armée rouge (CSKA) avant d’être échangé aux Sénateurs d’Ottawa durant l’été. Après un court retour en Amérique du Nord, à l’automne 2011, Filatov a quitté les Sénateurs pour retourner au CSKA de Moscou.

Jusqu’à l’été dernier, le parcours de Filatov dans la KHL a été à l’image de ses années dans la LNH. Après deux saisons à Oufa, sa production offensive a piqué du nez. Il a joué pour quatre clubs différents lors des deux dernières campagnes avant de se retrouver dans la VHL. Le sixième choix du repêchage de 2008 avoue, aujourd’hui, qu’il a dû apporter d’importants changements à sa routine d’entraînement durant la dernière saison morte.

« Mes problèmes étaient liés à la manière dont je prenais soin de ma condition physique. J’avais aussi une vision erronée du jeu. J’ai compris que je devais mieux travailler et j’ai changé mon attitude. Je me suis repris en main et cela commence a porté fruit. »

Cette année, Filatov connaît une de ses meilleures saisons en carrière. Avec le Lada de Togliatti, le Russe a compté 17 buts et il a récolté 19 aides pour produire 36 points en 51 matchs. À la date limite des transactions, le 25 décembre dernier, plusieurs clubs se sont montré intéressés à ses services. Le Lada a refusé toutes les offres et l’ancien des Sénateurs ne s’en plaint pas.

« Je suis très heureux à Togliatti. Nous avons d’excellents partisans et l’aréna est neuf. J’ai été chanceux de trouver un club comme le Lada pour m’aider à reprendre le droit chemin. Actuellement, nous sommes un peu loin d’une place en séries éliminatoires, mais nous allons nous battre jusqu’à la fin pour y participer. Si nous en sommes exclus, nous allons jouer avec la même détermination jusqu’à la fin du calendrier régulier. C’est notre devoir de donner le meilleur spectacle possible à nos partisans. »

C’est grâce à cette nouvelle attitude que Filatov a mérité une place au Match des étoiles de la KHL. Cette année, le circuit eurasien a innové en créant un tout nouveau type de compétition. Le samedi, le traditionnel concours d’habiletés a bien eu lieu. Le match de dimanche a toutefois été transformé en ronde éliminatoire entre les quatre divisions du circuit. Nikita s’est retrouvé au sein de la division Kharlamov qui regroupe la majorité des clubs de l’Oural. Son équipe s’est inclinée en première ronde contre la division Tchernichev dans laquelle on trouve les clubs sibériens et ceux de l’Extrême-Orient. Cela n’a pas gâché la fête de la nouvelle vedette du Lada.

« Nous voulions tous gagner ce tournoi, mais ce match est d’abord un spectacle pour fêter le hockey avec les partisans. L’important c’est d’avoir du plaisir et, surtout, de donner de bons souvenirs aux gens dans les estrades! »

Francis Paré aux anges parmi les vedettes

Outre Nikita Filatov, on trouve un autre miraculé au sein des participants au Match des étoiles de la KHL. Le premier vainqueur québécois de la Coupe Gagarine, Francis Paré, a été sélectionné pour représenter le Medvescak de Zareb à Oufa. Lors de cette fin de semaine, l’ancien des Cataractes de Shawinigan et des Saguenéens de Chicoutimi a flotté sur un nuage.

« J’ai encore de la misère à y croire. Me retrouver dans la même chambre que Pavel Datsyuk et Ilya Kovalchuk, c’est incroyable. J’ai aussi eu du temps de la glace avec eux à quelques occasions. J’en ai réellement profité. Je leur ai même fait signer mon chandail après le concours d’habiletés! »

Lors de ce fameux concours, Francis a participé à la course contre la montre. Le Québécois a terminé troisième avec un temps de 12,94 secondes. Cette compétition a été remportée par Enver Lisin du Salavat Yulaev. Le héros local a inscrit un temps record de 12,45 secondes. Même s’il n’a pas fini premier au classement, Paré n’a pas honte de sa performance.

« J’aimerais bien revoir la reprise vidéo, car je pense avoir été plus rapide que cela! Sérieusement, je suis bien heureux de mon temps. Je me suis maintenu en deçà de 13 secondes. C’est très bien, surtout lorsqu’on sait que le tout a été fait sans avoir eu d’échauffement! »

Lors du tournoi à la ronde, Francis a défendu les couleurs de la division Bobrov dans laquelle on trouve les clubs européens. Malgré la présence de Kovalchuk et Datsyk au sein de la formation, l’équipe de Francis s’est inclinée par la marque de 6 à 2 devant la division Tarasov. Le Québécois aurait aimé remporter ce match, mais cette défaite ne semble pas l’empêcher de dormir la nuit.

« Lorsqu’on va sur la glace, on veut toujours gagner. Cela étant dit, cette défaite n’a pas terni mon passage à Oufa. Je me suis énormément amusé. J’ai passé toute la fin de semaine avec Jonathan Cheechoo. Je n’ai aucune raison de me plaindre! »

La fin de semaine des étoiles a aussi une valeur symbolique pour Francis. L’an dernier, à pareille date, le Québécois a vécu des moments difficiles dans la KHL. Après un transfert de Tcheliabinsk vers Bratislava, le natif de Lemoyne a été congédié par le club slovaque. Francis a donc quitté la KHL pour la Finlande sans même avoir reçu son plein salaire. Les choses ont toutefois radicalement changé dans les dernières semaines. Grâce à son nouveau commanditaire, le Slovan lui a remboursé sa dette. Grâce au Medvescak, le Québécois a refait son nom dans la KHL et il vient tout juste d’être recruté par Genève-Servette du championnat suisse.

« Tous mes problèmes se sont réglés presque en même temps. J’en parlais à ma blonde avant de venir à Oufa, je peux enfin dire que cette mauvaise phase de ma carrière est terminée. Je m’étais donné des objectifs cette saison et je les ai tous atteints. Ce Match des étoiles, c’est la cerise sur le sundae. Je peux maintenant regarder vers l’avant. »

À son arrivée à Oufa, Francis est déjà au fait de son transfert à Genève. Le Québécois s’est entendu avec le club suisse pour rejoindre l’équipe après le Match des étoiles. Le champion de la Coupe Gagarine de 2014 est content de se retrouver sous de nouveaux cieux. La galère croate n’est pas toujours facile. Le Medvescak connaît des difficultés financières chroniques. L’équipe se déplace aussi en vols commerciaux. Malgré tout, Paré ne regrette pas d’avoir joué en Croatie.

« À Zagreb, j’ai eu l’opportunité de jouer un rôle de premier plan au sein d’une formation de la KHL. Je me suis donné à 100 % au sein de l’équipe et la direction en très satisfaite. Le directeur général, Aron Fox, n’a eu que des bons mots pour moi. Ce n’est pas toujours facile avec le Medvescak, mais j’ai tout de même eu du plaisir. Mon épouse et moi, nous avons été très bien traités par le personnel de l’équipe. Ma fille est née en Croatie et j’ai quitté le club en bon terme. Je ne garde donc que de bons souvenirs de mon aventure avec les fameux Bears. »

Grâce au Match des étoiles, la saison dans la KHL de Francis Paré s’est donc bien terminée. Le Québécois pourra profiter du confort suisse jusqu’à la fin de la saison. Déjà en amour avec la capitale francophone du pays, Francis ne dit toutefois pas non à un retour dans la KHL.

« Je ne rejouerai pas pour le Medvescak, mais mon agent et moi cherchons un club de la KHL pour l’an prochain. J’adore la Russie et j’adore cette ligue. Cela étant dit, jusqu’à la fin de cette saison, ma seule préoccupation est de remporter le championnat avec Genève-Servette! »