Cette année, la finale des Championnats mondiaux de hockey se tiendra à Cologne en Allemagne. Cette ville d’un million d’âmes est le domicile des Kölner Haie, qui se traduit par les Requins de Cologne, de la DEL. Le club a été sacré champion d’Allemagne à sept occasions depuis sa fondation en 1972. Les Requins jouent au Lanxess Arena où l’on peut accueillir jusqu’à 18 500 spectateurs pour les matchs de hockey sur glace.

Équipe Canada ne jouera toutefois pas beaucoup de matchs en Allemagne. Jusqu’aux rondes éliminatoires, l’équipe canadienne défend son titre dans le AccorHotels Arena à Paris. Désireux de faire la promotion du hockey sur glace en France, la IIHF a accepté le projet de la Fédération de hockey allemande de partager le tournoi avec leurs collègues de l’Hexagone. Le Président de la Fédération d’Allemagne de hockey sur glace, Franz Reindl, explique que cette candidature commune ne fait que des gagnants.

« Nous avons discuté très tôt de cette option avec nos amis français. Nous avons en commun d’être des gros pays toujours mineurs dans le hockey sur glace. Il nous paraissait évident que nous devions travailler ensemble. L’organisation commune des championnats mondiaux est certainement la meilleure manière de le faire. »

Les Allemands ont l’expérience des Mondiaux de hockey. Cologne a organisé ceux de 2010 en compagnie de la ville de Mannheim et aussi ceux de 2001 avec Hanovre ainsi que Nuremberg. L’organisation des Mondiaux n’a donc plus rien de secret pour la Fédération d’Allemagne de hockey sur glace. Comme l’explique le Président de la Fédération française de hockey sur glace, Luc Tardif, les Allemands sont des mentors pour les Français dans ce domaine.

« Notre fédération est jeune. Nous avons fait notre indépendance de la fédération des sports de glisse en 2006. Depuis ce temps, nous sommes restés dans la division élite. Nous en sommes fiers et voilà pourquoi nous sentions que le temps était venu d’avoir les Mondiaux chez nous. Cela dit, accueillir 16 équipes, c’était beaucoup pour nous. Nous ne sommes pas encore prêts pour cela. Puisque Cologne a déjà l’expérience des Mondiaux, il nous a paru enrichissant de travailler avec les Allemands. Nous pourrons apprendre beaucoup d’eux. »

L'AccorHotels Arena de Paris-BercyParis a aussi déjà été l’hôte des Mondiaux, mais cela ne date pas d’hier. Il faut retourner en 1951. La compétition s’est tenue dans le Vélodrome d’hiver tristement célèbre pour avoir servi de camps aux juifs parisiens avant leur déportation à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. L’édifice a été détruit en 1959 et l’absence d’amphithéâtre majeur dans la Ville lumière a handicapé le développement du hockey en Île-de-France jusqu’à la construction du Palais Omnisports de Paris-Bercy, en 1984, nommé, aujourd’hui, AccorHotels Arena.

Rénové en 2014, l’ancien Palais omnisport peut accueillir 15 000 spectateurs pour les matchs de hockey. Sa patinoire d’entraînement est le domicile des Français volants fondés en 1934. Le club joue actuellement au troisième échelon du hockey français. Outre la finale annuelle de la Coupe de France, la grande salle sert rarement pour le hockey sur glace. Par le passé, la qualité de la glace y a été critiquée. Le directeur de la Fédération française, Éric Ropert, a toutefois garanti qu’il n’y aurait pas de problèmes en ce mois de mai 2017.

« Nous avons vérifié le système de réfrigération. Les rénovations ont permis d’améliorer l’isolement dans l’amphithéâtre. Il fait donc moins chaud à l’intérieur que par le passé. Nous avons tenu quelques matchs préparatoires entre temps et tout s’est bien passé. »

La glace a toutefois eu quelques ratés, mais ce ne fut heureusement pas durant un match. En début de tournoi, l’équipe canadienne a dû attendre quelques minutes avant de commencer son entraînement à cause d’eau sur la glace. La saleté des baies vitrées a aussi joué de mauvais tours aux photographes lors des premiers jours de la compétition. Heureusement, tout est entré dans l’ordre après cette fin de semaine.

En quête de partisans

À Paris, du point de vue organisationnel et technique, tout semble dans l’ordre. À titre de deuxième glace de la compétition, l’AccorHotels Arena n’a pas à rougir. Il manque toutefois d’amateurs de hockey dans la capitale française. Le sport vit dans l’ombre du soccer et la majorité des partisans traînant autour de l’aréna sont des étrangers. Les Tchèques, les Finlandais, les Norvégiens, les Suisses et les Danois déambulent avec leurs étranges accoutrements devenus typiques de cette compétition. Ça manque toutefois de Français.

Luc Tardif et Éric RopertDepuis vendredi dernier, l’équipe de France a joué trois matchs. Les Bleus ont fait salle comble contre la Finlande dimanche. Les porte-couleurs de l’hexagone ont surfé sur une vague d’encouragements jusqu’à une victoire surprise de 5 à 1. Les bancs vides ont toutefois été plus nombreux contre la Suisse lors du match suivant. René Fasel a signifié sa déception aux médias.

« Ce n’est pas très plaisant voir que le match contre la Suisse a attiré moins de 7 000 spectateurs. Contre la Finlande, il y en avait plus de 11 000! C’est dûr à expliquer. Nous attendions plus d’intérêt de la part du public parisien. Nous espérons toujours atteindre notre objectif de 250 000 dans la Ville Lumière. »

Les Parisiens ne sont pas faciles à convaincre. Paris ne manque pas de divertissements. Plusieurs facteurs hors du contrôle des organisateurs ont une influence négative. La compétition a commencé en pleine fin d’élection présidentielle et elle se poursuit durant la préparation aux législatives. La température a aussi été particulièrement exécrable en fin de semaine.

Il faut toutefois noter le manque de publicité. On en voit très peu dans les rues de Paris. Ce n’est pas faute d’essayer. L’espace publicitaire est hors de prix dans la capitale française. L’organisation a tout de même bien réussi dans le cadre de la visibilité médiatique. Canal+ couvre tous les matchs. De grands journaux tels Le Monde et Le Figaro ont aussi envoyé leurs journalistes sur place. Dans ce cadre, Luc Tardif est satisfait de la visibilité obtenue.

« Nous sommes satisfaits de la première fin de semaine de ce tournoi. Nous avons attiré 80 000 personnes durant ces trois jours. Ce n’est peut-être pas des chiffres impressionnants dans d’autres pays, mais, pour nous, c’est un succès. Je suis convaincu que nous attirerons plus de spectateurs la semaine prochaine. »

Les joueurs de l’équipe de France se sont massivement mobilisés pour remplir les gradins de l’AccorHotels Arena. Les vedettes des ligues majeures ont rejoint l’équipe. Antoine Roussel, des Stars de Dallas, et Pierre-Édouard Bellemare, des Flyers de Philadelphie, représentent la LNH. Stéphane Da Costa, du Club de l’Armée rouge, et Damien Fleury, du Kunlun Red Star, sont les porte-étendards de la KHL au sein de l’équipe de France. Fleury croit que les résultats de l’équipe nationale feront force de loi à Paris.

« Nous devons jouer notre meilleur Mondial. Chez nous, ce serait incroyable de participer aux quarts de finale. Si nous gardons notre sang-froid, je crois que c’est possible. C’est une expérience extraordinaire. Nous sommes sur la glace devant nos familles et nos amis. Le début de tournoi que nous avons, c’est génial pour le hockey français. »

D’autres ont prolongé leur carrière internationale uniquement pour l’évènement. Laurent Meunier, le capitaine de l’équipe nationale, en est à ses dix-huitièmes Mondiaux pour les Bleus. Christobal Huet, quant à lui, défend les buts français à l’âge de 41 ans! L’ancien cerbère du Canadien attend cette compétition depuis longtemps. À titre d’ambassadeur du hockey français, il ne veut pas manquer son coup.

« Notre but, c’est de montrer notre sport aux Français. Nous voulons des gens aux matchs. Cela doit être une grande fête. »

C’est certainement le point le plus fort de ces Mondiaux de Paris. Le petit monde du hockey français n’y fait qu’un. Les experts et les nouveaux partisans font connaissance en chantant la Marseillaise après les victoires des leurs. Le public danse dans les gradins en compagnie d’Astérix et Obélix, recrutés à titre de mascottes officielles des Mondiaux de 2017.

Il est encore tôt pour prédire si les Français obtiendront enfin leurs 250 000 spectateurs à ce tournoi. Chose certaine, l’objectif général de Luc Tardif sera atteint. Après cette compétition, le hockey français aura fait un net pas en avant.