« Ils essaient d'être le pire groupe défensif de la LNH! » Tels sont les mots qui ont résonné à la suite d'une sortie de Michel Therrien, appelé à commenter le travail de son équipe plutôt désorganisée des Penguins de Pittsburgh.

Le match suivant, les Pens nous affrontaient à Columbus. Après une dizaine de secondes, nous avions pris les devants 1 à 0. À la fin du match, le tableau indiquait 6 à 0 ou 6 à 1 en notre faveur, si je me souviens bien. Je ne me rappelle pas de ce match à cause de notre victoire, bien que nous ne remportions pas beaucoup de matchs par un pointage aussi décisif, mais bien à cause de la déclaration-choc du nouvel entraîneur-chef à Pittsburgh.

À peine arrivé dans un vestiaire reconnu à travers le circuit comme un club social, il n'a pas hésité à jeter un pavé dans la marre. Non seulement y a-t-il été de déclarations médiatiques chocs, mais les mots échangés entre quatre murs étaient encore pires. Michel savait que la réponse immédiate, mais temporaire, surtout celle de ses vétérans, serait loin d'être favorable. Il savait aussi que l'impression permanente laissée, elle, durerait. Il était prêt à accepter une défaite face aux Blue Jackets, il avait même envoyé un gardien en étant à son premier départ en carrière dans la LNH, en échange de l'amorce d'un changement profond d'identité.

Ce changement s'est opéré à moyen terme, laissant sur le chemin quelques goûts amers passagers et quelques cicatrices plus profondes. Il est clair que Michel Therrien n'a pas toujours fait l'unanimité, il ne la fera pas plus avec le Canadien. Être coach, ce n'est pas un concours de popularité. Michel a cependant vécu depuis quelques saisons dans un monde connexe au hockey, mais qui se situe à mille lieux en ce qui a trait aux relations interpersonnelles. J'ai aussi mis les pieds dans les deux mondes. On ne parle pas à ses collègues comme on peut le faire avec ses coéquipiers. Si Michel a appris, c'est dans ce domaine qu'il se sera le plus amélioré.

À court terme, le nouvel entraîneur-chef a du pain sur la planche. Il doit rétablir le principe d'imputabilité disparu du vestiaire afin que le noyau très jeune du Canadien apprenne à se comporter adéquatement, et ce, même avant de penser à gagner sur une base régulière. Pour se faire, il devra s'entourer d'adjoints forts et, surtout, respectés afin de s'assurer que le message passe clairement, sans distorsions. C'est ainsi que la nouvelle identité s'installera, au fil des décisions difficiles et des choix conséquents, chose qui a grandement fait défaut lors des dernières saisons.

En mars, Geoff Molson voulait une nouvelle organisation passionnée, qui ne reculera pas devant les gestes à poser pour parvenir à la victoire. Jusqu'à aujourd'hui, ces paroles tiennent toujours la route.