MONTRÉAL - Reconnu par tous comme un bagarreur, Pat Burns aura mené son dernier combat, contre le cancer, comme il a toujours mené sa vie: avec courage et dignité.

Même si le monde du hockey était bien conscient que ses jours étaient comptés, la nouvelle de son décès, vendredi, n'a laissé personne indifférent.

Serge Savard, l'ancien directeur-général du Canadien qui lui a offert son premier emploi d'entraîneur dans la Ligue nationale, a décrit Burns comme un "gros travaillant".

"Pat avait le respect de ses joueurs. Il n'était peut-être pas le meilleur technicien, mais sa feuille de route parle d'elle-même. Il a connu beaucoup de succès avec quatre équipes différentes dans la LNH."

Benoit Brunet, qui a joué pour lui au hockey junior avec les Olympiques de Hull et ensuite brièvement avec le Canadien à Montréal, estime que Burns a eu une influence déterminante sur sa carrière.

"Pat est celui qui a cru en moi et qui m'a donné la chance de me rendre jusque dans la LNH, a précisé Brunet. C'est un homme droit et honnête. Il était juste avec ses joueurs."

Burns a également marqué la vie de Stéphane Richer, l'ex-attaquant du Canadien.

"Il n'y a pas assez de pages dans mon livre pour décrire Pat Burns. Moi, ça commence à l'âge de 14-15 ans. Je mesurais cinq pieds trois et pesais 135 livres. Il m'a vu jouer à Gatineau-Hull et il a appelé mon père pour voir si je voulais jouer midget AA.

"Pat Burns, c'est probablement le gars qui m'a sauvé la vie. Je viens d'un petit village de 400 personnes qui s'appelle Ripon. S'il ne me sort pas de mon village, je ne sais pas ce que je serais devenu."

L'agent de joueurs Pat Brisson l'a côtoyé lors de son séjour avec les Olympiques et il se rappelle que Burns l'avait impressionné.

"Dans le junior, on avait peur de lui. Il fallait produire et être responsable. Mais il aimait ses joueurs, nous protégeait."

Guy Carbonneau, qui a assumé le rôle de capitaine chez le Canadien sous les ordres de Burns, parle pour sa part d'un homme d'honneur.

"Je l'ai extrêmement apprécié lorsqu'il était mon instructeur à Montréal. C'était un gars qui avait une ligne de conduite quand même assez dure, mais il croyait en ses convictions et il n'en dérogeait jamais. Je pense qu'on a tous appris de lui."

Marcel Aubut, jadis le propriétaire des Nordiques de Québec, a bien connu le compétiteur qu'était Burns mais il garde surtout le souvenir d'un homme attachant.

"Je garde le souvenir d'un courage exemplaire, le souvenir d'un très bon entraîneur, le souvenir d'un très bon leader. Mais ce que je vais retenir le plus, c'est la bataille qu'il a livrée dans les dernières années.

"C'est comme s'il avait sept vies, il revenait tout le temps, jusqu'au moment où c'est devenu incurable. Le batailleur qu'on voyait derrière le banc, il l'était tout autant pour demeurer en vie. C'est ce qui m'a marqué le plus. Je l'ai beaucoup aimé. J'aimais son caractère bouillant, son allure bougonneuse. C'était un coeur d'or, un gars généreux."

Plusieurs observateurs déplorent que le comité de sélection du Temple de la renommée lui ait refusé son admission de son vivant plus tôt cette année.

"Je ne comprends pas pourquoi le comité de sélection a refusé de l'admettre", s'est interrogé l'ancien joueur et entraîneur Mario Tremblay.

"C'est une grande tristesse pour moi qu'il n'ait pas été admis de son vivant", a pour sa part précisé l'ex-entraîneur des Nordiques Michel Bergeron.