Au printemps dernier, le nom de Pavel Datsyuk a fait les manchettes. Après 14 saisons avec les Red Wings, le magicien russe a le mal du pays. À la suite d’une période de réflexion, Datsyuk annonce qu’il prend sa retraite de la LNH. Son contrat a depuis été échangé aux Coyotes de l'Arizona et il a paraphé une entente de deux ans avec le SKA de Saint-Pétersbourg.

Ce retour en Russie n’a pas été fait sur un coup de tête. Selon Ken Holland, la vedette russe aurait commencé à parler de retraite à l’automne 2014. Les Red Wings ont réussi à s’entendre avec Datsyuk pour un départ à l’été 2016. On ne connaît toujours pas tous les éléments de cette histoire et il ne faut pas compter sur le Russe pour nous donner plus de détails. Datsyuk tient à savourer le moment présent.

« Je n’ai pas le goût de ressasser ces vieilles histoires. La décision n’a pas été facile à prendre, mais j’ai pris le temps nécessaire pour faire mon choix et je ne regrette rien. Ma famille m’a suivi à Saint-Pétersbourg et ils y sont heureux. »

Le SKA de Saint-Pétersbourg fait souvent les manchettes en Amérique du Nord. Sa direction lutte avec les clubs de la LNH pour recruter les grandes vedettes russes. Dans les dernières années, l’équipe a recruté Ilya Kovalchuk et elle a sauté sur Slava Voynov lorsqu’il a été exilé des États-Unis. Le SKA ne se contente pas de rapatrier les joueurs des clubs de la LNH. Il a retenu les services de plusieurs joueurs de la KHL dont les éclaireurs disent beaucoup de bien. Vadim Shipachyov, Evgeny Dadonov, Nikita Gusev et Nikolai Prokhorkin font partie de la liste.

Tout ce beau monde est dirigé par Oleg Znarok, l’entraîneur-chef de l’équipe nationale russe. Aux yeux de certains, le SKA est au 21e siècle ce que l’Armée rouge fut à l’ère soviétique. Dans la presse russe, on parle souvent du club comme de l’équipe de base de la Fédération de hockey russe comme s’il était devenu un prérequis d’y jouer pour accéder aux compétitions internationales. Datsyuk, de son côté, affirme ne pas avoir choisi le SKA dans cette optique.

« Je n’ai pas choisi ce club en fonction de l’entraîneur. Je suis à Saint-Pétersbourg pour avoir du plaisir. Le SKA est un très bon club. Certainement le meilleur de la KHL. Ce n’est pas encore au même niveau qu’une organisation de la LNH, mais ça s’en rapproche assez rapidement. Ici, je joue devant une salle comble. Il y a toujours presque 12 000 spectateurs et l’ambiance est similaire à celle des matchs dans la LNH. C’est dans ce type contexte que j’aime jouer au hockey. »

Cette année, Datsyuk en sera à sa première saison complète dans la KHL. Il n’est pourtant pas étranger au circuit. Comme pour toutes les autres vedettes russes, il a joué au sein du circuit eurasien durant le dernier lockout. Il se dit agréablement surpris du calibre auquel la ligue est rendue.

« C’est plus difficile d’y jouer. On ne peut plus se donner en spectacle sans faire d’effort. C’est peut-être parce que je suis moins jeune, mais il faut maintenant travailler fort pour récolter des points. Les matchs se terminent avec des résultats plus serrés. Il n’y a pas autant de parités que dans la LNH, mais on se dirige progressivement vers une situation similaire. »

Le Russe doit peut-être travailler plus fort pour récolter des points, mais sa fiche demeure celle d’un joueur vedette. En 19 matchs, il a déjà compté 5 buts et il a récolté 11 aides pour un total de 16 points. Il reçoit un temps de glace à la hauteur de ses performances avec presque 18 minutes par match. Znarok l’utilise sur la première unité en avantage numérique avec Ilya Kovalchuk à la pointe. Le type de combinaisons qui ferait toujours des ravages dans la LNH.

Encore des rêves à réaliser

Pavel Datsyuk a joué pour une des plus prestigieuses formations de la LNH. À Detroit, il a remporté deux coupes Stanley et une ribambelle de trophées. Avec sa médaille d’or aux Championnats mondiaux d’Helsinki, en 2012, il est à un championnat olympique de la triple couronne. Ce n’est toutefois pas le seul rêve que caresse la vedette du SKA. La KHL lui offre de belles aventures.

Pavel DatsyukEn 2012, Datsyuk a avoué à l’auteur de ces lignes qu’enfiler l’uniforme du Club de l’Armée rouge (CSKA – Moscou) a été quelque chose de magnifique pour lui. Né à Sverdlovsk, en 1978, le Russe a vu toutes ses idoles de jeunesse défendre les couleurs du CSKA durant son enfance. Sverdlovsk s’appelle aujourd’hui Ekaterinbourg et la ville est aussi représentée dans la KHL. Pavel Datsyuk a des lumières dans les yeux lorsqu’on lui parle d’un retour aux sources.

« C’est mon rêve de terminer ma carrière à Ekaterinbourg. C’est un peu tôt pour en parler concrètement, mais ça fait partie des choses que j’aimerais faire dans ma carrière. Pour l’instant, je suis bien avec le SKA et j’essaie de rester en forme pour jouer le plus longtemps possible. Je vais voir comment les choses vont évoluer, mais j’espère qu’un jour cela va se réaliser. »

Le club d’Ekaterinbourg se nomme l’Avtomobilist. À ses premières années dans la KHL, l’équipe s’est maintenue dans les bas-fonds du classement. Incapable de se trouver un partenaire de premier plan, le club a frôlé la faillite à plusieurs occasions. La situation s’est toutefois améliorée dans les dernières années et l’Avtomobilist a participé aux séries éliminatoires lors de ses deux dernières campagnes.

La KHL a de grands projets à Ekaterinbourg. En occident, seuls Moscou et Saint-Pétersbourg sont réellement connus du grand public. L’ancienne Sverdlovsk est toutefois une ville d’envergure. Elle compte 1,4 million d’âmes et elle est le cœur d’une agglomération de 2,2 millions d’habitants. À titre de capitale de l’Oural, la ville est un endroit stratégique pour le développement de la ligue.

Il ne faut donc pas se surprendre d’y voir un projet d’amphithéâtre sur les planches. Un aréna de 15 000 sièges pousse pour devenir le nouveau domicile de l’Avtomobilist. Cet été, le club a été pris en charge par l’UGMK, une des plus puissantes compagnies minières de Russie. Même s’il est encore tôt pour parler de l’acquisition de Datsyuk par l’Avtomobilist, le rêve caressé par l’ancienne vedette des Red Wings semble concorder parfaitement avec les aspirations de sa ville natale.