L'annonce faite jeudi pour la construction d'un nouvel amphithéâtre fait évidemment beaucoup réagir à Québec.

On pouvait s'y attendre, la nouvelle ne fait pas l'unanimité alors que certains se réjouissent et que d'autres s'inquiètent.

«S'il n'y a pas d'équipe confirmée de la LNH qui revient à Québec, c'est un gros pari que l'on prend sur l'argent des contribuables», évalue André Richelieu, un professeur en marketing, spécialisé en marketing sportif, à l'Université Laval.

«Si nous n'obtenons pas une équipe de la LNH, on est capable de rentabiliser l'amphithéâtre quand même à partir du moment que ce sont les fonds publics qui gèrent le tout. C'est comme le Grand théâtre de Québec; est-ce qu'on se pose la question à savoir si le Grand théâtre est rentable?», insiste de son côté Luc Paradis, le Président de la Chambre de commerce de Québec.

Plusieurs études le précisent, il faudra que l'amphithéâtre soit occupé pour un minimum de 100 soirs par année pour être rentable.

«Ça ne serait pas évident d'arriver à 100 soirs avec une équipe alors imaginez sans équipe de la LNH», ajoute M. Richelieu.

« C'est très facile de combler 130 ou 150 soirs dans une année. C'est certain que le hockey donne un minimum de 40 à 45 soirs et même 50 si on atteint la finale», contredit M. Paradis.

L'empressement à annoncer la réalisation du projet dérange.

«Si on est dans une société et qu'on embarque dans ce genre de projet pharaonique, il faut accepter le débat. Tout ce que l'on a pour l'instant, c'est une maquette faite avec des bâtons de popsicle, je m'excuse, et qui ne ressemble en rien à un amphithéâtre multifonctionnel. Si le maire veut discuter, je suis prêt à lui montrer c'est quoi un amphithéâtre multifonctionnel», lance sans hésiter M. Richelieu.

Et 400 millions, c'est selon André Richelieu, cher payé.

«L'amphithéâtre tel que proposé coûterait 22 000 dollars par siège. Ça serait l'un des amphithéâtres les plus chers au monde, tout juste après le nouveau Yankee Stadium. C'est un peu difficile à justifier avec une population de 700 000 habitants», explique-t-il.

Très cher payé surtout si la LNH ne revient finalement pas à Québec.

«Mais attention ! La NBA a fait la même chose avec Kansas City. On leur a plus ou moins promis un retour de la NBA alors qu'a fait Kansas City ? Un bel amphithéâtre multifonctionnel. C'est sexy et tout le monde est rempli d'émotions! Qu'a fait la NBA ? Ils sont allés dans l'état voisin !», rappelle M. Richelieu.

«M. Charest et M. Labeaume ne sont pas fous. Il ne faut pas oublier que nous avons deux ans pour faire des plans avant de commencer la construction. Avant le début de cette étape, cette partie de l'équation sera réglée», avance avec confiance M. Paradis.

Bien que le maire Labeaume soit rassurant quant à la rentabilité du nouvel amphitheatre, même sans le retour d'une équipe professionnelle de hockey, il ne faut pas se le cacher que grâce à cette annonce la ville de Québec attend impatiemment de bonnes nouvelles du commissaire Gary Bettman.

D'après un reportage de Frédérique Guay