Le Canadien traverse à l'heure actuelle sa première période creuse de la saison avec une seule victoire à ses six derniers matchs. Dans une telle situation, il est toujours intéressant de s'interroger sur les raisons d'une telle baisse de régime.

L'entraîneur des gardiens en moi regardera immédiatement en direction de Carey Price. Comprenez-moi bien : je ne considère pas que le travail de Carey Price fasse défaut. Toutefois, Price a tellement excellé en début de saison - comme l'a fait Jaroslav Halak lors des récentes séries éliminatoires - qu'il a peut-être faussé les données. En d'autres termes, il a tellement été bon, voire dominant et excellent, que le Canadien est devenu dominant et excellent à son tour.

Cette équipe possède quelques lacunes et c'est en ce moment qu'on s'en rend compte. L'une d'elles est que le Canadien ne compte pas de défenseur numéro un depuis la blessure d'Andrei Markov. Le Canadien a su se débrouiller pendant un certain nombre de matchs sans le talentueux défenseur russe, mais cette perte commence à peser lourd dans la balance. Les vieux défenseurs ressentent de plus en plus ce vide et peinent à suivre le rythme. La perte de Markov s'est amplifiée quand Carey Price est redevenu humain. Bien qu'il n'ait pas été mauvais, loin de là, Price serait le premier à avouer qu'il aimerait revoir quelques tirs lors des derniers matchs. Un gardien de but représente bien souvent le miroir d'une équipe.

Depuis le début de ce voyage, nous nous sommes également rendu compte qu'il y existe un problème de vitesse à la ligne bleue. En effet, j'ai noté que les défenseurs du Canadien ont été plus souvent qu'à leur tour débordés ou pris de cours en territoire central par la vitesse de jeunes équipes comme l'Avalanche ou Dallas.

Au début de l'année, ces mêmes défenseurs pouvaient compter sur Price pour effectuer des miracles et ainsi corriger leurs erreurs. Depuis deux semaines, on est à court de miracles. En plus, il devient de plus en plus évident que Josh Gorges cache une blessure et qu'il joue malgré elle. Tout ça ensemble rattrape le Canadien.

Quand une équipe traverse une telle période, il faut absolument que les joueurs se concentrent à garder les choses simples. Cependant, ce n'est pas toujours facile quand on perd cinq matchs en six. Le Canadien cherche à s'en sortir et ses intentions sont bonnes, mais lorsque les intentions sont bonnes, on essaye de trop en faire.

Le Canadien a certes un besoin de défenseurs qui se portent à l'attaque, mais après avoir pressé le jeu, il ne faut pas oublier de soutenir son partenaire. Ça paraît que les joueurs ont moins confiance avec la rondelle et ça cause des revirements.

Que doit faire Jacques Martin?

Il y a 30 entraîneurs différents dans la Ligue nationale et les 30 auraient des discours différents. Mais à la base, l'entraîneur va demander à ses joueurs de retrouver leurs balises. Un entraîneur va aussi espérer que son gardien de but vole un gros match et que ses meilleurs joueurs soient meilleurs que les joueurs adverses.

En somme, le Canadien doit retourner à ce qu'il fait de bien, c'est-à-dire de jouer d'une façon systématique. Contrairement à d'autres équipes, le CH ne peut pas se fier à son avantage numérique, son talent ou à sa robustesse pour gagner un match. Quand le Canadien respectait le plan de match de Jacques Martin, il ramassait des points sur une base plus que régulière. C'est la clé du succès.

Les hommes de Jacques Martin tenteront donc de se sortir de cette torpeur lors de ce voyage de sept matchs à l'étranger. Bien entendu, certains auraient aimé pouvoir profiter de l'énergie de la foule du Centre Bell, mais ils devront trouver le moyen de gagner en se regroupant. Heureusement, le Canadien reste un groupe uni et c'est ce qui fait sa force.

Toutes les équipes passent à travers de périodes un peu plus creuses pendant la saison et ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose que ça survienne à un tel moment. Il pouvait se le permettre, puisqu'il avait connu un bon début de saison.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont