Par Félix Séguin - Bien malgré lui, Émile "Butch" Bouchard se retrouve au coeur d'un débat depuis quelques mois. Plusieurs, dont l'animateur de radio Ron Fournier, reprochent au Canadien de ne toujours pas avoir retiré le chandail numéro 3 que Bouchard a porté fièrement de 1941 à 1956.

"Que Ron ait soulevé le fait que des grands joueurs avaient marqué l'histoire, c'est déjà un point, commente Pierre Bouchard, le fils d'Émile qui a lui aussi joué pour le Canadien. Pour nous, les membres de la famille, ça nous a fait revivre ces moments, sortir tous ces livres de souvenirs."

Ils sont très peu nombreux à avoir pu voir jouer Émile Bouchard, maintenant âgé de 87 ans. En 15 saisons, Butch a remporté quatre fois la coupe Stanley et a été le capitaine du Tricolore pendant huit saisons. Plusieurs le considéraient comme le meilleur défenseur de son époque.

"Je ne peux pas concevoir qu'on ne retirera pas le numéro 3 l'an prochain, même si Ryan O'Byrne le porte actuellement", claironne Fournier.

"C'est évident qu'il le mérite, dit Jean Bouchard à propos de son père. Il y a une valeur symbolique, une influence vis-à-vis tous les jeunes et cela a été touché."

Dans le cadre de son centenaire, le Canadien prévoit rendre hommage à d'autres joueurs qui ont marqué la glorieuse histoire de l'équipe. Il est pour le moment impossible de savoir si Bouchard sera honoré.

"Aujourd'hui, le Canadien est pris entre deux chaises, analyse le journaliste Bertrand Raymond. Si on retirait le chandail d'Émile Bouchard, il faudrait le faire pour Georges Vézina, Bill Durnan, Howie Morenz ou Aurèle Joliat et c'est une époque où on ne retirait pas les chandails. Si c'était à faire, c'était aux administrations précédentes de le faire et non à l'administration présente de faire du rattrapage 75 ans plus tard."