" Faut-il être un baveux, un arrogant, un dictateur pour gagner dans le hockey d'aujourd'hui. Si c'est ça que ça prend, je n'ai pas la personnalité pour faire ce job… Cependant, je sais que je suis un bon pilote, je sais que je peux réaliser de telles choses derrière un banc. N'avons-nous pas atteint la finale de la Coupe Stanley en deux occasions au cours des deux dernières années. Je ne crois pas à cette théorie qu'il faut être un baveux pour gagner dans cette ligue. Je ne souscris pas à ce jugement. "

Et le grand Larry Robinson a raison.

Il n'y a plus de critère maintenant parce que les directeurs généraux, de plus en plus stressés par des propriétaires dont le jugement est en option, ne pensent qu'à sauver leur derrière et il n'y a qu'une façon immédiate de le faire : blâmer le pilote.

Lou Lamoriello est l'unique responsable des insuccès des Devils du New Jersey. Le vrai coupable, c'est lui. Sauf que, pour camoufler les erreurs qu'il a multipliées au cours des deux ou trois dernières années, il a détourné toute l'attention sur Larry Robinson et ses deux adjoints. " J'ai ma part de responsabilités dans cette affaire, " disait-il, lundi, lors d'un point de presse pour expliquer sa décision. S'il a sa part de responsabilités, alors pourquoi congédier Robinson qui a conservé une dossier de 73-49-18 avec les Devils?

Une vraie farce

Le hockey et le football de la NFL sont devenus deux sports où l'on n'entretient plus aucun respect pour les entraineurs. C'est devenue une vraie farce. A la moindre défaillance, l'entraineur est envoyé sur le gril, pendant tout ce temps, celui qui prend les décisions, le directeur général raconte toute sorte d'histoires à son propriétaire qui, par toujours conscient des problèmes qui minent son entreprise, donne son feu vert.

Lamoriello a la couenne dure. En 15 ans au New Jersey, il a licensié sept entraineurs et un huitième, Jacques Lemaire, a quitté les lieux, sentant qu'il n'avait plus les appuis requis pour accomplir son boulot. Si Kevin Constantine, un entraineur ordinaire, un pilote qui n'a jamais rien fait de bien intelligent comme meneur d'homme, échoue, Lamoriello sera alors à court d'option.

George Steinbrenner devra bien se rendre à l'évidence que les problèmes des Devils ont surgi au cours de l'entre-saison. Robert Holik a été bafoué devant un arbitre par son patron, Patrik Elias s'est vu refuser un renouvellement de son entente pendant que Martin Brodeur et Scott Stevens signaient des contrats faramineux, Alexander Mogilny s'est fait présenter la porte malgré des revendications salariales réalistes dans les circonstances, Claude Lemieux n'a jamais été remplacé, ni Vladimir Malakhov, un défenseur fiable et efficace dans la conquête de la coupe Stanley, Doug Gilmour est disparu sans que Lamoriello ne colmate les brèches.

Son entêtement à vouloir défier le marché monétaire sportif a fait en sorte qu'il a donné à Robinson, en septembre dernier, un club de mécontents, un club en état de crise. Et qu'a-t-il fait pour aider son pilote ? Il lui a fourni deux nouveaux joueurs : Andrei Zyuzin et Valeri Kamensky, deux joueurs que personne ne désirait.

A la merci des…

Plus que jamais les entraineurs sont à la merci de leur directeur général. Jadis, le pilote pouvait convaincre son patron d'échanger certains joueurs mais aujourd'hui, l'aspect monétaire dicte tout. Le directeur général va écouter les recommandations de son entraineur en tendant une oreille, de l'autre, il entendra Pink Floyd et " Money ".

Si Robinson avait pu obtenir l'appui et aussi, s'il avait pu compter sur un directeur général clairvoyant, capable de voir venir les coups, il serait encore en poste aujourd'hui et les Devils du New Jersey ne batailleraient pas pour une place dans les séries éliminatoires. Si Lamoriello avait fait preuve du même flair que André Savard, par exemple, qui, petit à petit, est en train de relever une organisation qui gisait au plancher depuis quelques années, il n'aurait pas eu à sacrifier un homme fier pour camoufler ses erreurs.

Michel Therrien accomplit un travail fort apprécié mais il est le premier à reconnaître que les changements apportés par son patron depuis son arrivée au poste de directeur général sont à l'origine de cette remontée du Tricolore.,.

Robinson a été en sorte trahi par son patron, c'est ça qui est bien dommage.

Dans l'adversité, le grand Larry est demeuré le même : fier et surtout honnête.

Pas besoin d'être un baveux