Willie O'Ree aimerait que le hockey soit plus accueillant pour les personnes de couleur.

Le premier homme noir à avoir joué dans la LNH, en 1958, s'est dit ébranlé parle la mort d'un homme noir sous le genou d'un policier blanc et des manifestations violentes qui ont éclaté à travers les États-Unis.

« J'ai 84 ans et je ne pensais pas voir des choses comme ce qui se passe présentement, mais tout ça remonte à l'époque de l'esclavage », a dit O'Ree lors d'un entretien avec La Presse canadienne.

« C'est très décourageant de voir ce qui se passe. »

George Floyd est mort le 25 mai quand un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou contre le cou de l'homme noir âgé de 46 ans pendant huit minutes.

La vidéo de l'incident a enflammé les réseaux sociaux et a provoqué de manifestations, et parfois des confrontations avec la police, aux États-Unis.

L'agent dont le genou était contre le cou de Floyd a été accusé de meurtre au deuxième degré et d'homicide involontaire au deuxième degré, tandis que trois autres policiers qui ont assisté à la scène ont été accusés mercredi d'avoir aidé et encouragé un meurtre au deuxième degré.

« C'est un véritable drame que chaque fois qu'un homme noir sans défense est tué, il ne se passe rien à ce moment-là », a dit O'Ree.

« C'est comme si vous étiez là aujourd'hui, puis parti demain. Votre vie vous est enlevée. »

O'Ree, qui est originaire de Fredericton, est devenu le premier joueur de couleur dans la LNH, disputant un premier match avec les Bruins de Boston le 18 janvier 1958. Il a joué 45 matchs avec les Bruins dans la LNH.

Habitant maintenant à San Diego, O'Ree est un ambassadeur pour la diversité dans la LNH depuis plus de deux décennies.

O'Ree est aussi le directeur du développement des jeunes de la LNH sous la bannière "Le hockey est pour tout le monde".

« Le racisme... ça ne va pas disparaître du jour au lendemain », a rappelé O'Ree.

« Je l'ai vécu quand je jouais. Beaucoup de garçons ou de filles avec qui j'ai des contacts grâce au programme "Hockey Is For Everyone" ont aussi été la cible de propos racistes sur la glace, sur le banc ou dans le vestiaire.

« Je trouve ça épouvantable qu'il y a des gens qui ne peuvent pas juger une personne pour qui elle est et oublier la couleur de sa peau. »

Les révélations d'Akim Aliu en novembre dernier concernant des remarques racistes de la part du futur entraîneur-chef dans la LNH Bill Peters à son endroit quand il jouait dans la Ligue américaine de hockey a forcé le monde du hockey à réévaluer sa manière d'inclure la diversité.

Les joueurs de la LNH hésitent habituellement à commenter les enjeux socio-politiques sur les réseaux sociaux, mais plusieurs ont réagi aux récents événements.

Des joueurs comme Connor McDavid et Gabriel Landeskog ont écrit sur les réseaux sociaux au sujet des manières de venir à bout du privilège blanc.

Le capitaine des Jets de Winnipeg Blake Wheeler a affirmé lors d'une conférence téléphonique mardi que "nous devons être autant impliqués que les athlètes noirs. Ça ne peut pas être seulement leur combat."

« J'aurais aimé que ça ne me prenne pas autant de temps à m'impliquer de manière plus significative », a-t-il ajouté.

L'attaquant des Bruins de Boston Patrice Bergeron a écrit que « le silence n'est plus une option ».

« En tant que joueurs de hockey, nous avons tendance à faire tranquillement notre travail sans vouloir faire de vagues», a dit Bergeron.

« Mais le meurtre de George Floyd et les manifestations qui ont suivi m'ont fait comprendre que le fait de ne pas aborder le sujet, de ne pas utiliser la plateforme que j'ai en tant qu'athlète professionnel, je permets au racisme de rester présent. »

O'Ree a dit qu'il espérait que ces paroles seraient suivies de gestes significatifs de la part des joueurs de la LNH quand la ligue reprendra ses activités après la pandémie de la COVID-19.

« Peut-être qu'ils commencent à comprendre ce qui se passe, pas seulement pour les joueurs noirs, mais pour les joueurs de couleur », a conclu O'Ree.