LAVAL – Adam Cracknell se consolait en se disant qu’il avait au moins réussi à savourer une petite vengeance personnelle sur Garret Sparks mercredi soir.

En milieu de deuxième période, alors que le Rocket tirait de l’arrière 2-1, Sparks avait sorti la mitaine pour voler au grand joueur de centre du Rocket un but égalisateur presque certain. Quelques instants plus tard, Adam Brooks marquait un but chanceux qui allait s’avérer être celui de la victoire pour les Marlies de Toronto.

Cracknell s’est repris avec un tir des poignets d’une impressionnante précision qui a battu Sparks par-dessus son épaule gauche en troisième période, mais c’était déjà trop tard. Pourquoi? Principalement parce qu’au préalable, le Rocket avait bousillé trois occasions consécutives de déployer son jeu de puissance sans arriver à générer l’ombre d’une chance de marquer. 

Juste avant que Cracknell ne parvienne à enfiler l’aiguille, l’unité de spécialistes dont il fait partie avait été incapable de générer un seul tir au but pendant 25 secondes avec l’avantage de deux hommes. Quand on accuse un retard de deux buts face à l’une des meilleures équipes de la ligue, une telle impotence ne pardonne pas.

« C'est là qu’il faut avoir l’instinct du tueur et aller chercher un gros but, a reconnu l’entraîneur Sylvain Lefebvre dans son bilan d’après-match. Ça nous aurait aussi donné un peu d’énergie pour aller en chercher un troisième. »

Lors d’un récent voyage au cours duquel il avait aligné trois victoires, le Rocket avait connu du succès malgré l’absence de production de son avantage numérique, qui avait été limité à deux buts en treize opportunités. Mercredi, le club-école du Canadien a simplement été rattrapé par la loi de la moyenne. Le salut d’une formation au talent limité comme celle que Lefebvre a sous la main passe effectivement plus souvent qu’autrement par l’efficacité de ses unités spéciales.

« On a peut-être cherché un peu trop les jeux de finesse ou le jeu parfait au lieu de prendre des bons lancers avec du trafic en avant du filet, estimait l’entraîneur. Je pense que c’est le problème de notre jeu de puissance depuis un petit bout de temps. On essaie d’avoir des chances avec le lancer de [Chris] Terry en plaçant [Michael] McCarron et Cracknell devant le but. Mais on n’était pas à point dans notre exécution ce soir. On dirait qu’on a manqué des passes que normalement on ne manque pas. »

« Je crois qu’on a laissé nos insuccès répétés jouer dans notre tête et nous affecter un peu », a concédé le défenseur Matt Taormina, le quart-arrière du jeu de puissance lavallois.

« On a eu de la difficulté à s’installer, a renchéri Cracknell. On semblait hâter nos prises de décision, on aurait eu avantage à être plus patients. On courait après notre queue ce soir. »

Demi-tour pour Audette?

L’écran géant surplombant la patinoire de la Place Bell a montré Daniel Audette pousser un long soupir de soulagement après qu’il eut trouvé le fond du filet en deuxième période. En inscrivant le Rocket au tableau, le petit ailier a mis fin à une série de douze matchs sans point. Sa dernière présence sur la feuille de pointage remontait au 2 décembre.  

« Des chances de marquer, il en a eues, a dit Lefebvre. Il a manqué le filet à plusieurs reprises aussi. Des fois, quand tu es dans une léthargie comme ça, tu essaies de viser les coins du but au lieu de simplement frapper le filet. Je pense que Dan était un peu frustré. C’est un gars qui travaille beaucoup, mais pour lui, il s’agit de travailler de la bonne façon. Il a un petit caractère et quand ça ne va pas bien, le petit caractère sort plus négativement que positivement. »

Lefebvre espérait que le but d’Audette, son septième de la saison, marque un virage à 180 degrés dans la saison de celui qui est est à sa deuxième campagne complète dans la Ligue américaine.

« Il faut continuer à construire, et non détruire, avec Dan. Les joueurs offensifs qui ont du talent comme lui peuvent tomber dans une séquence positive n’importe quand. Ça va lui donner beaucoup de confiance. »

Lernout rouillé

Brett Lernout était de retour avec le Rocket après un séjour de deux semaines dans la Ligue nationale. Rappelé le 20 décembre pour pallier la perte de Shea Weber dans la formation du Canadien, le défenseur de 22 ans a participé à trois matchs avec le grand club avant d’être renvoyé dans les mineures.

Mercredi, il a été utilisé aux côtés de Stefan Leblanc. Le duo était sur la patinoire pour le deuxième but des Marlies. Lefebvre a eu des mots durs pour résumer la performance de son grand numéro 14.

« Il était un peu rouillé. Peut-être un léger manque de confiance en allant chercher les rondelles dans le fond de son territoire. Je pense qu’il y a peut-être quelques jeux [qu’il a faits] à Montréal qu’il aimerait revoir et qui lui ont peut-être fait perdre un peu de confiance. Mais on va continuer à travailler avec lui. Avec lui, c’est surtout au niveau de son coup de patin. Quand il utilise son coup de patin, c’est un joueur différent. »